Wonshik pénétra à pas de loup dans la chambre du malade. Le réveiller ne faisait pas parti de ses objectifs et il ne voulait pas que cela arrive. L'air pur surpris un peu Wonshik, même s'il se doutait qu'Hakyeon n'ait pas permis à l'air vicié de rester. Le bouquet de fleur lui tira un sourire mais son attention se portait uniquement sur le corps allongé, qui reposait. De temps à autre, une quinte de toux faisait se courber le fin corps.
Wonshik se précipita vers le lit et frotta doucement le dos offert, courbé sous la toux. Il lui murmura des mots doux, l'apaisant et toujours endormi, Taekwoon retomba sur ses oreillers. Le noble attira à lui un fauteuil, avant d'aviser un linge trempé dans une bassine. L'hésitation le prit un instant. Allait-il oser ? Pouvait-il vraiment le faire ? La peur se frailla un chemin dans son coeur, que se passerait-il s'il le faisait mal ? S'il le blessait ? Jamais il ne s'en remettrait et oserait de nouveau se présenter devant son majordome. Les nombreuses fois où ce dernier l'avait soigné en de pareilles circonstances, parfois dans des circonstances bien plus mauvaises lui traversèrent l'esprit.
— Je t'amène une nouvelle bassine Hakyeon, tu vas en avoir be..
Les paroles d'Hongbin se perdirent alors que médusés, les deux hommes s'observaient. Les deux bouts de la chaine des ordres, le maître de maison et le domestique, liés par le chef du personnel et le confident du duc. Les deux hommes se regardèrent en chien de faïence, puis Hongbin avisa les mains maladroites à la recherche du linge.
Un soupir échappa au jeune homme. Si le personnel de la maison après concertation s'était mis en tête de protéger et aider à la guérison de leur chef de file, ils avaient aussi pris la décision de traiter froidement le duc. Un véritable conciliabule s'était déroulé le soir de l'évanouissement de Taekwoon et la décision avait été unanime : faire payer à Wonshik l'état dans lequel était le majordome. Pour eux, il ne faisait aucun doute que le majordome s'épuisait à la tâche, prêt à tout pour le bonheur de son maître, et même au détriment du sien. Et ce dernier point suscitait le plus de rancoeur.
Nombre d'entre eux avait remarqué les sentiments que portaient Taekwoon à Wonshik. Il avait été discret mais à force de travailler avec lui, le personnel avait su déchiffrer les mimiques et les sentiments de l'homme sans que les signes ne soient vraiment visibles pour toute autre personne. Les domestiques pensaient cet amour réciproque, mais la matinée avant la perte de conscience de Taekwoon avait tout remis en cause. Hongbin le premier s'était retenu d'hurler lorsqu'il avait vu le masque glacial du majordome, ce masque qui signifiait la souffrance et la douleur. Le duc avait joué avec les sentiments du majordome, il devait payer.
Ce mantra, tout le personnel se le martelait pour garder une attitude froide avec Wonshik, pour ne pas tenir compte du passé et montrer leur désaccord avec l'attitude du maître de maison. Et cela avait payé, au-delà de toutes leurs attentes. Ils savaient que si Taekwoon était mis au courant de leur comportement, il leur en voudrait mais ils n'en avaient que faire.
Pourtant, en le voyant, Hongbin se sentit mal. Mal parce qu'il voyait distinctement la peur dans les yeux sombres, l'appréhension, l'envie d'aider et protéger la personne allongée et malade.
— Vous ne devriez pas être ici monsieur, avança Hongbin en déposant sa bassine.
— J'avais besoin ..
— Je sais, le coupa-t-il. Faites attention, la prochaine fois, on ne laissera pas passer.
Le sourire fatigué de Wonshik lui fit parfaitement comprendre qu'il savait. Un soupir échappa au jardinier :
— L'eau chaude et les plantes vont lui permettre de mieux récupérer et de soulager ses poumons fatigués. Tenez, relevez-le un peu. Il vaut mieux faire cela tant qu'il dort, notre cher majordome est un très mauvais malade, gloussa doucement Hongbin, attendri.
Avec des gestes timides et lents, Wonshik cala l'homme contre des oreillers, le posant en position semi-assise. La fièvre était loin d'être tombée, sinon il se serait réveillé d'un bon.
— Je vais lui ouvrir sa chemise monsieur, vous devrez passer le linge sur sa poitrine en mouvement circulaire, cela l'apaisera.
Le noble déglutit difficilement, avant d'hocher la tête, déterminé à l'aider. Il observa les mains pâles du jardinier défaire les boutons du haut du malade. La surface d'une rare pâleur qui se découvrit devant ses yeux lui tira un gémissement muet, imperceptible. On voulait le punir, il ne voyait rien d'autre. La peau lisse l'appelait, lui qui rêvait de la parsemer de baisers, de morsures et d'amour. Pourtant, quelque chose lui fit froncer les sourcils. Il distinguait parfaitement les côtés de l'homme et le creux de son ventre.
— Ne mange-t-il donc pas ? questionna dans un murmure Wonshik
Hongbin l'observa d'un air interdit, puis se fit pensif.
— Que pensez-vous que soit son emploi du temps ? Entre diriger le personnel, s'occuper de la gestion des propriétés et dépendances, sans compter le soutien qu'il vous fournit tous les jours, il ne se repose que peu. Les repas sont la dernière de ses préoccupations, Jaehwan le force à manger sinon il oublierait, répondit en haussant les sourcils l'homme. Alors quand monsieur décide de mettre en place une réception au dernier moment, il préfère envoyer une partie du personnel se coucher tôt et continuer le travail seul pour éviter de les épuiser, il est comme ça notre Taekwoonie, murmura tendrement Honbin, une pointe de tristesse ouvertement décelable pointait tout de fois.
— Pourquoi ne m'avez-vous jamais rien dit ... ?
— Sauf votre respect monsieur, je préfère mille fois essuyer votre colère plutôt que la sienne, ou pire sa déception, un sourire moqueur sur les lèvres de Hongbin en réponse. Mais s'il continuait, nous avions décidé de vous en parler, cela ne pouvait plus durer, grogna-t-il.
Après avoir fini, le jardinier signala au maître de maison qu'il partait et sourit en ne voyant pas Wonshik bouger.
— Es-tu fou ? Un simple d'esprit ? Un idiot ? Que vais-je faire de toi Jung Taekwoon ...
Les paroles grondées tirèrent légèrement le majordome de son sommeil. Ses yeux flashèrent, avant d'imprimer sur leur rétine l'image de l'homme qu'il aimait à ses côtés, le fixant avec une tendresse sans nom, avec amour. Ce rêve était délicieux décida-t-il, autant continuer sur la même voie. D'un geste vif, sa main agrippa la nuque de Wonshik et l'attira à lui pour embrasser tendrement les lèvres tant désirées. Ce fut rapide, furtif, mais si tendre. Dans un soupir, il murmura un simple "je t'aime" avant de s'effondrer de nouveau sur ses oreillers.
Il ne remarqua donc pas les yeux exorbités de l'homme, n'entendit pas son hoquet stupéfait et béat et encore moins la carnation soudainement rouge des joues de Wonshik. L'air béat du noble lui échappa, ainsi que la promesse du noble de lui faire répéter ses mots quand il serait parfaitement conscient. Il ne se douta pas que l'esprit de l'homme qu'il aimait s'imaginer déjà milles tortures affreusement délicieuses pour le faire céder dans une douce rédition.
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et voilà la suite ici, je me mets de ce pas sur loups en chasse ! J'espère que ce chapitre vous a plus et que la suite vous donne envie ;) sacré taekwoon, je suis sûre qu'il serait déçu d'avoir rater ces expressions sur la tête de notre pauvre petit duc.
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Le Controle Dune Maison
FanfictionLes majordomes sont le centre névralgique de la vie des grandes maisons. Ce sont eux qui gèrent la quotidien des membres des vieilles familles, dirigent les domestiques, s'occupent du pouvoir apparent de la noblesse. Un bon majordome peut devenir un...