Chapitre II

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"La souffrance est l'unique cause de la conscience."
Dostoïevski


Plongée dans son exercice sur les organes humains, elle ne remarqua pas tout de suite qu'on l'appelait. Mais en apercevant le visage joyeux de sa mère sur l'écran elle soupira. Elle hésita à répondre puis finalement elle raccrocha. Elle n'avait pas envie de l'entendre. 

Elle tenta de se concentrer de nouveau sur son travail mais elle était dérangée. Ses pensées ne cessaient de diverger, elle pensait à sa famille qu'elle avait abandonné. Elle revoyait sa petite soeur lui sourire, lui piquer ses talons pour défiler avec ses amis, ou quand elle venait la coller pour avoir un câlin.  Puis son grand frère, agaçant, toujours à faire des blagues dès qu'elle avait le dos tourné mais aussi si présent et réconfortant. Et enfin, ses parents, toujours sur son dos "pour son bien". Un père très dévoué auprès de ses enfants ce qui compensait l'attitude volatile de sa mère, pour qui le travail passait toujours en premier. Mais son père était TROP là; il commentait tout ce qu'elle faisait. Pourtant, il ne voyait rien. Il ne réalisait pas que derrière l'image de cette petite fille qui enfreignait les règles sans cesse, il y avait une souffrance assommante. 

Ce n'était pas non plus sa mère qui allait s'en préoccuper. Peut-être qu'entre deux avions, elle prendrait le temps d'appeler sa fille pour écouter ses malheurs mais que dirait-elle ? "C'est la vie." Et elle ne voulait plus entendre ça. Qu'est-ce que cette phrase bateau voulait dire ? Absolument rien. Cela ne faisait que l'énerver d'autant plus. Personne ne pouvait donc la comprendre ? Était-elle devenue folle au point de s'inventer des problèmes ? Avait-elle le droit de se plaindre alors que des millions de gens mouraient de faim ? Elle, qui vivait dans une grande maison et qui avait une famille qui prenait soin d'elle, du moins qui tentait. Pourtant, elle avait l'impression que rien n'allait, que rien n'avait de sens. Prise au piège par ses sentiments, elle glissait sur une pente raide à deux pas de la dépression. A quoi pouvait-elle s'accrocher, sur quel épaule pouvait-elle venir se reposer ?

Et c'est dans cette humeur maussade, qu'elle s'efforça en vain de continuer à travailler son cours pour le lendemain. Elle décida d'aller prendre l'air, laissant son portable échoué sur son lit. Elle opta pour un jogging, elle avait besoin d'évacuer. Après s'être changée, elle quitta sa chambre universitaire en vitesse. 

Une bonne heure plus tard, elle rentra essoufflée. Elle se faufila sous la douche, puis jeta un coup d'oeil à l'heure. Il était déjà 17h. Elle devait se dépêcher puisque dans une heure elle avait un rendez-vous et ne devait surtout pas arriver en retard. 

Une heure c'était 60 minutes, soit 3 600 secondes. Donc, cela lui laissait assez de temps normalement pour se changer. Sauf que Nora accordait trop d'importance aux détails. Face à la glace elle s'activait pour finir son make-up dans les temps mais ses nombreuses retouches la menaçait sérieusement. 

Dix minutes avant, elle se précipita dans la rue. Elle marchait rapidement, très angoissée car son allure attirait les regards mais elle n'avait pas le choix. Un retard la condamnerait d'avance et elle ne pouvait pas se louper. Elle en avait vraiment besoin.

Elle arriva face au restaurant seulement deux minutes en avance. Elle remis en place quelques mèches, le col de sa chemise. Puis, armée d'un irrésistible sourire elle pénétra dans la brasserie calmement. Au fond, elle bouillonnait, très crispée à l'idée qu'elle allait être jugée. Allait-elle être à la hauteur ?

Une charmante vieille dame vînt l'accueillir. Elle avait l'air très gentille et chaleureuse. Elle l'invita à s'asseoir à une table et lui proposa diverses boissons que Nora refusa poliment. Elle avait bien trop peur d'être maladroite et d'en mettre partout. Alors elle se contenta de rester patiemment à sa place. Elle était tendue, triturant ses mains moites dans l'espoir d'évacuer le stress.  

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 28, 2020 ⏰

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Nora le RatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant