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Il ne me restait plus que quinze minutes avant la fin de ma journée de travail. Mon esprit était déjà ailleurs, loin de ce magasin de vêtements étouffant et bruyant. Ces quinze minutes semblaient interminables, j'observais sans relâche l'horloge murale, guettant la fin de cette épreuve.

Je ne pouvais plus supporter cette routine monotone de réapprovisionnement des rayons, de service aux clients et de réponses à des questions idiotes. Le bruit incessant des portes coulissantes, les étagères débordant de vêtements, les odeurs de plastique et de parfum bon marché me donnaient envie de hurler.

Enfin, le temps s'écoula assez rapidement et je pouvais quitter ce lieu étouffant. Je saluai rapidement mes collègues, impatiente de partir. Je m'empressai de quitter le magasin et de rejoindre ma voiture profitant pour respirer l'air frais de l'extérieur, les nuages gris s'amoncelaient dans le ciel, annonçant l'arrivée de la pluie. Mais même cela ne pouvait pas assombrir mon humeur, car j'étais libre enfin ! Libre de rentrer chez moi, de me détendre et de profiter du reste de la soirée.

Il était déjà tard, le temps avait filé plus vite que prévu. J'ai garé ma voiture non loin de mon immeuble. De cet endroit, on pouvait voir les murs de briques qui formaient une frontière entre le quartier et le reste de la ville. La rue était paisible, à l'exception des murs et de leurs fidèles teneurs qui semblaient ne jamais dormir. Leurs ombres se dessinaient sur les murs, témoignant de leur présence constante. Parmi eux, il y avait mon grand frère Djibril. Il était souvent là, toujours là, debout, les bras croisés, scrutant les alentours avec une attention soutenue.

En voyant le parmi eux, je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la colère et de la tristesse. Sa réputation l'avait isolé de moi. Malgré cela, il continuait à prospérer dans son business. ll était craint et respecté par les autres trafiquants, et il avait une influence considérable sur la rue. Mais pour moi, cela n'en valait pas la peine. Je ne pouvais pas supporter de voir mon frère aîné risquer sa vie tous les jours pour ce faux métier.
Je savais que ce n'était pas la vie qu'il voulait réellement, mais il était pris au piège dans un cercle vicieux dont il ne pouvait plus sortir. Djibril, avait acquis une réputation, une trop grosse réputation qui lui avait valu de nombreux surnoms. Certains l'appelaient "Grand Djibril", d'autres "Coursier préféré de Khom", ou encore "L'honnête homme". Des surnoms ridicules qu'on lui donnait pour flatter son ego.
Pour moi, sa réputation n'était que le reflet de son échec. Djibril était un bicraveur, un trafiquant de drogue, et cela avait complètement changé sa personnalité. Avant, il avait toutes les qualités pour réussir dans la vie. Il était intelligent, brillant à l'école et nous ramenait sans effort d'excellentes notes à la maison. Mais il avait choisi de mettre ses compétences et son intelligence au service de son projet de carrière, comme il l'appelait. Sa décision l'avait transformé en quelqu'un d'irritant et de détestable à mes yeux, au point que nous n'étions plus aussi proches qu'avant. Nous avions des différends sur son choix de vie et nous ne nous adressions presque plus la parole.

Comme chaque soir, je lui passe devant sans lui adresser un regard ni une parole. C'était devenu une triste habitude entre nous qui au fond lui brisait le coeur autant que le miens. Je monte doucement les escaliers crasseux de mon immeuble pour arriver face à ma porte d'entrée, à peine celle-ci ouverte que ma petite sœur Arame arrive de la cuisine en courant pour presque se jeter dans mes bras, un large sourire aux lèvres. Comme je l'ai dit, ma vie n'est que routine, j'ai le droit à ce même chaleureux accueil tous les soirs.

Arame est très attachée à moi, tout autant qu'à notre frère Djibril. Elle n'a presque pas connu notre mère, décédée quand elle avait à peine deux ans. Depuis, Djibril et moi sommes devenus ses parents de substitution.

« - Zey' ! T'es enfin là ! Faut que tu m'aides... Je comprends vraiment rien à rien à mon exercice là... » s'écrie Mariem en m'entraînant de force vers la cuisine.

KILL ME : Le Kidnapping de Zeyna KeïtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant