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Je réalise que cela fait maintenant deux semaines que je suis enfermée dans cette cave. On ne me donne que de l'eau et du pain pour me nourrir, à force, j'ai cessé complètement de m'alimenter. Je sais que j'ai besoin de rester en forme pour avoir une chance de m'enfuir, mais mon corps refuse de prendre quoi que ce soit. Il rejette tout ce que j'essaie de manger en moins de deux minutes.

Et pour aggraver les choses, depuis l'incident du téléphone, Khrom m'a ramené ici dans cette satanée cave. Je suppose qu'il voulait me faire comprendre que je ne suis pas chez moi, mais j'avais déjà compris cela, qu'il s'agisse d'une chambre ou d'une cave.

« À table. Et cette fois tu bouffes tout jusqu'à la fin. Tu vomis rien ! J'en ai marre d'me faire chopper par Khrom pour ta gueule. »

Eden. Je ne le connais que depuis peu de temps, il est devenu la personne qui me rapporte à manger chaque jour. Il est blanc et a des traits de visage tout fin, il ne doit pas dépasser les 16 ans, mais il dégage une aura tellement froide et distante qui me met mal à l'aise. Pourtant, comparé à la plupart des autres personnes qui entrent dans cette pièce, il est relativement inoffensif. Mais malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de craindre qu'il me fasse du mal, d'une manière ou d'une autre.

Je commence à manger lentement le gigantesque bol de soupe qu'il m'a apporté aujourd'hui. Mais alors que je mange, je sens des nausées monter en moi, et je finis par abandonner, mon estomac ne supporte plus cette nourriture immonde. Je repose le bol sur le plateau avec dégoût, secouant la tête en signe de protestation. Eden, cependant, ne semble pas du même avis. D'un geste brusque, il saisit mon visage, me et me force à ouvrir la bouche et à avaler une nouvelle cuillerée de soupe. Je sens un frisson de peur me parcourir le corps, et je me demande combien de temps encore je devrais endurer cette vie de misère et de souffrance.

Je me sens impuissante alors que Eden me force à avaler chaque bouchée de cette soupe infecte, me faisant sentir comme un animal forcé à manger quelque chose qu'il déteste. Il m'a fallu au moins une demi-heure pour tout avaler, une éternité de torture physique et mentale. J'ai cessé de me défendre depuis un moment déjà...trop fatiguée pour résister plus. Il quitte finalement la pièce en me lançant une dernière injure, comme si j'étais la pire des choses puis je m'écroule sur le sol, le visage ruisselant de larmes que je tente de retenir en vain.

Un long moment après quelqu'un d'autre entre dans la pièce. Je n'avais pas bougé d'un centimètre seul mes yeux étaient clos et je refusai de les ouvrir. Je n'avais plus la force d'affronter qui que ce soit. Tout à coup je sens une énorme quantité d'eau atterrir sur mon visage, je me relève en sursaut avant de lever les yeux vers Khrom qui se tenait devant moi un seau en main.

« Debout », dit-il d'une voix sèche.

Il laisse le seau tomber lourdement par terre avant d'ouvrir la porte en grand.

« T'es pas ici pour dormir tout les jours toute la journée pétasse. Vas ranger le salon, j'ai une soirée. »

Je fronce les sourcils en passant mes mains sur mon visage afin de l'essuyer un peu, puis je relève les yeux vers lui en me contenant comme je peux de ne pas lui sauter à la gorge. Je le suis dans le salon, un énorme salon tout en désordre comparé à la dernière fois que j'y étais. Il me balance une clé sur le visage avant de pointer la cuisine.

« T'a un placard là bas, tu l'ouvres et tu prends ce que t'as besoin pour nettoyer. »

Et c'est sur ces mots qu'il s'en va, je ne sais où. Je soupire bruyamment en allant dans la cuisine, essayant de me rappeler les paroles de mon frère :

« Ne cherche pas de problème. »

Je prends rapidement les produits de nettoyage et je commence à astiquer le sol avec une rage sourde qui bouillonne en moi. Je m'efforce de frotter plus fort, de faire briller chaque recoin, comme si c'était la seule chose que je pouvais contrôler dans cette situation. Mais à peine une demi-heure plus tard, alors que je suis encore en train de nettoyer, ces garçons surgissent bruyamment dans le salon, piétinent le sol que j'avais tant peiné à nettoyer et me lancent des commentaires aussi dégoûtants les uns que les autres. Leurs mots sifflent à mes oreilles comme des serpents venimeux et je me raidis, mon cœur battant la chamade.

Un autre de ces imbéciles, pour sûrement amuser la galerie, verse entièrement sa canette sur le sol, me faisant bondir de colère. Il me regarde ensuite avec un sourire lubrique, les mains posées sur ses parties intimes.

« Allez nettoie ma chérie, t'auras un joli cadeau après. »

Ses amis éclatent de rire, amplifiant leur comportement ridicule. Je suis furieuse, me retenant de leur hurler dessus, de leur faire payer leur comportement mesquin.

« Allez nettoie »

...

« Sois patiente, ne cherche pas de problème. »

Je les regarde tour à tour avec dégoût, si je pouvais, si j'en avais la force je les aurais massacré tour à tour.

Je me contente de détourner les yeux et de saisir la serpillière pour de continuer à frotter en silence, ignorant complètement ces primates. Leurs rires et leurs commentaires déplacés résonnent dans mes oreilles alors que je lutte pour contenir mes larmes et ma colère.

***

Je lève les yeux vers l'horloge, elle affichait vingt-et-une heure trente, et je réalise que j'ai travaillé sans relâche pendant plus de dix heures. La fatigue me submerge, je me sens vidée de toute énergie. C'est alors que Khrom fait son entrée dans le salon, sans même prendre la peine de remarquer mon état d'épuisement.

Je me relève difficilement en passant mes mains sur mon visage, essayant de rassembler mes dernières forces pour affronter son mépris habituel. Il me jette un regard rapide, presque dédaigneux, avant de lâcher un simple « Ouais, tu peux dégager ».

Je le regarde quelques secondes avec un mélange de colère et de tristesse, me demandant comment j'ai pu me laisser traiter de la sorte. Mais je sais que je n'ai pas la force de me battre contre lui, pas ce soir. Je me contente donc de me taire et de partir, sans demander mon reste. Je suis fatiguée, et je ne veux pas risquer de me faire frapper ou insulter davantage.

Je m'allonge à même le sol dans cette foutu cave en priant le bon Dieu pour que je puisse m'en sortir.. Je ferme à peine une paupière qu'un boucan infernal se fait entendre dans toute la maison, la fameuse soirée de Khrom venait de commencer. Je me redresse doucement pour aller me caler dans un coin de la pièce complètement crevée.

C'est en fixant la porte pendant un moment qu'un plan plus qu'ingénieux germe dans mon esprit. Mon épuisement mental et physique disparaît en un instant.

Je peux m'échapper maintenant, tout de suite ! La maison doit être bondée de monde, et je ne me ferai certainement pas remarquer. Un sourire triomphant s'étire sur mes lèvres alors que je me relève, déterminée à quitter cette maudite cave. Je monte les escaliers en silence jusqu'au premier étage, personne ne faisant attention à moi ils se pressent tous pour s'amuser, boire et fumer.

Je continue à monter les étages, et j'arrive rapidement dans la chambre de Khrom, heureusement inoccupée. Je fouille frénétiquement son placard à la recherche de mon portable, et je le retrouve dans sa table de nuit. Je le prends rapidement, remerciant le ciel d'être derrière moi depuis tout ce temps. Je lui vole également une veste à capuche noire pour me cacher. Je sors de la chambre discrètement et descends les escaliers en prenant soin de garder ma capuche. Je me fraye un chemin à travers la foule dansante, me faisant aussi petite que possible. Arrivée devant la porte de sortie, je pose ma main sur la poignée en regardant autour de moi, puis vers le ciel. Je récite ma plus profonde sourate avant d'ouvrir la porte. Sans hésiter, je cours à toute vitesse, plus vite que je n'ai jamais couru de ma vie. Je ne sais pas où je suis ni dans quelle direction je vais, mais je suis enfin libre.

***

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 03, 2023 ⏰

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KILL ME : Le Kidnapping de Zeyna KeïtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant