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Je me redresse tout doucement, prenant conscience de mon environnement. Je n'étais plus dans cette espèce de cave sombre et humide. C'était une chambre maintenant, simple à quelques détails près. Les murs étaient blancs, nus et sans décoration. La pièce était éclairée par une faible lumière provenant d'un néon blafard fixé au plafond.

Des barreaux épais aux fenêtres me rappellent que je suis prisonnière. Et cette porte blindée est sûrement fermée à double tours. Aucun moyen de s'échapper. Je regarde autour de moi, cherchant une fenêtre ou un objet que je pourrais utiliser pour briser les barreaux, mais je ne trouve rien. Je me dirige alors vers la deuxième porte, celle qui devait mener à la fameuse salle de bain. Je l'ouvre doucement et j'entre à l'intérieur. Je tombe directement nez à nez avec mon reflet dans le grand miroir fixé au mur.

Je suis affreuse. Un visage déformé par les hématomes et la tristesse, un coquard imposant est visible malgré ma peau ébène, mes pommettes sont enflées. Mon corps est bandé et douloureux, je suis marquée à jamais. Malgré cela, je n'arrive plus à pleurer. Je n'en ai plus envie. La vue de mon état a fait grandir en moi une colère redoutable, une colère que je ne connaissais pas. Je me déshabille doucement, puis j'entre dans cette cabine de douche en laissant ensuite l'eau brûlante me couler dessus.

Je pense à Djibril et Arame, à nos moments heureux passés ensemble. Je suis convaincue que nous nous reverrons tous les trois, en vie. Incha'Allah. Je vais revenir et je pourrai de nouveau les prendre dans mes bras. Je ne vais pas rester ici, je suis déterminée à partir d'aujourd'hui.

Je reste sous l'eau chaude jusqu'à ce que l'eau se refroidisse. Je sors finalement de la cabine de douche, me sèche et enfile des vêtements propres trouvés dans le placard de la chambre. Je suis prête à me battre, prête à tout pour sortir d'ici.

***

Assise sur mon lit, je fixais la porte blindée, les sourcils froncés. Cela faisait maintenant une semaine que j'étais enfermée dans cette même chambre. J'étais malmenée, maltraitée, humiliée à chaque heure. J'avais cessé de pleurer, de m'apitoyer sur mon sort, j'étais en colère. Je n'arrêtais pas de fixer cette même porte chaque jour, m'imaginant plusieurs manières de m'enfuir d'ici. Je scrutais les moindres détails, comme les vis, les barres de métal, les angles, pour voir s'il y avait un moyen de les exploiter, de les utiliser en ma faveur. Je cherchais un espoir, un signe, un échappatoire.

La poignée bouge, puis cette personne entre, Khrom, le monstre. Je lève les yeux vers lui, soutenant ce même regard qui me glaçait le sang à une époque. Je ne devais plus lui montrer ma crainte, c'est fini. Il s'approche de moi, mes mains serre les draps.

« - Ton frère s'est cassé, on complètement a perdu sa trace.

- C'est faux.

- C'est vrai. C'est qu'un lâche, il vole mes thunes, et il n'est même pas capable de venir chercher sa sœur après la vidéo. Il a préféré t'aban...

- Ce n'est pas un lâche ! Dis-je en lui coupant presque la parole. »

Je serre les poings contre mes draps en me retenant de pleurer, j'ai mourrais d'envie de le frapper de toutes mes forces et lui cracher ma haine au visage mais c'était dangereux... Je voulais m'en sortir vivante. Je sais que Djibril finira par venir me chercher. Et si ce n'est pas le cas, moi je réussirai à m'en aller, c'est sûr.

Khrom ne cesse de m'observer, il cherchait sûrement à me déstabiliser, à prendre le dessus sur ce combat de regard. Mais je ne baisserai plus les yeux devant personne ici, je dois rester forte et ne pas m'apitoyer sur mon sort. Il perd patience :

« À quoi tu joues ? »

Je reste évidemment silencieuse, suis-je entrain de gagner ? Le fait que je ne baisse pas les yeux devant lui l'énerve ? Je fronce alors les sourcils sans le quitter des yeux, subitement, il se met à sourire. Un sourire que je n'ai jamais vu.

« T'as faim ? J'peux te ramener à bouffer. Zeyna, c'est ça ? »

Ma paupière droite tremble d'incompréhension. Il m'a tabassé presque à mort, il m'as rabaissé et humilié pendant une semaine, puis aujourd'hui il devient tout gentil avec moi ?
Mais chassez le naturel et il revient au galop. Mon silence lui fait rapidement perdre patience encore une fois. Dans un jurons à peine audible, il se lève, poussant un long soupire d'exaspération puis il quitte la pièce en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui.

Peu de temps après, il revient un plateau dans les mains. Ce qu'il y avait dessus me donnait tellement envie, ce n'étais plus ces soupes immondes mais deux énormes part de pizzas et un soda en canette. Je mourrai de faim... La torture s'intensifie lorsqu'il pose le plateau sur mes genoux.

« Mange. Dit-il sèchement. »

Je baisse les yeux sur ce plateau, salivant presque mais je refuse tout de même. C'est peut-être empoisonné, je n'y toucherai pas. Khrom lève la voix.

« MANGE ! J'ai grave eu de la patience avec toi depuis tout à l'heure alors mange la putain de ta race avant que j'm'énèrve. »

Sans même répondre et prenant mon courage à deux mains, j'attrape le plateau que j'envoie valser contre le mur. À mon geste, je vois clairement la patience de Khrom se briser dans sa rétine.
Il se met ensuite à rire nerveusement tout en passant ses deux mains sur son visage puis sans prévenir il sort une arme à feu qu'il colle entre mes deux yeux.

« Écoute, je vais redescendre chercher une assiette de pizza et quand j'vais remonter avec tu vas TOUT MANGER ET TOUT BOIRE.
Ici c'est chez moi, dans ce réseau c'est moi l'roi ! QUAND JE DEMANDE TOUT LE MONDE EXÉCUTE. Si j'te dis de faire un truc tu le fais sans discuter. Si j'te dis de manger, tu manges et tu fermes ta gueule. »

Complètement choqué, je ferme les yeux quelques secondes ne pouvant plus soutenir ce regard féroce. Je ne dois pas pleurer... Zeyna, ne pleure pas devant lui.

Khrom finit par sortir en trombe de la chambre me laissant la tremblante comme une feuille dans celle-ci. Puis deux petites minutes qui m'ont servies à me calmer, il revient avec un second plateau qu'il pose sur mes genoux. Il s'assoit sur une chaise face à ma mon lit en gardant cette air grave sur le visage et les yeux fixe sur ma personne.

J'attrape une part de pizza que je commence à manger lentement, mon appétit était complètement coupée. C'était un véritable supplice de manger mais je me devait de le faire. Le voir manipuler son arme avec autant de légèreté était une suffisante motivation.

Il caresse le haut de ma tête avec le canon de son arme tout en ricanant lorsque je termine après une demi-heure ma seconde part de pizza. Il était terrifiant et instable au plus haut point. En quelques paroles, Khrom avait complètement détruit l'état d'esprit que je m'étais durement construit en une semaine. Je n'osait plus bouger, j'étais redevenue vulnérable et réceptive à sa malveillance, j'avais juste envie de vomir...

« - J'ai fini...

  - Tu vois quand tu veux. »

Il range son arme avant d'attraper le plateau pour ensuite s'en aller de cette chambre sans manquer de designer le premier plateau du menton.

« - Nettoie. »

Puis il s'en va. Immédiatement, je suis prise d'une nausée abominable, je me précipite dans sa salle de bain pour régurgiter ce que je venais de manger.  Je pousse un long soupir tout en regagnant la chambre pour nettoyer le bazar que j'avais fait.

Tout en ramassant le plateau, je lève les yeux vers la porte. J'avais développé un véritable toc cette semaine, à chaque allée et venue de Khrom ici, je vérifiais si la porte était fermée ou non. Mon cœur bondit dans ma poitrine lorsque je constate que celle-ci n'est pas complètement fermée... Pire, elle était entrouverte. Quoi...? Il ne l'a pas fermée ?

Immédiatement, je me précipite vers celle-ci puis tout doucement j'entrouvre un peu plus la porte.

Elle n'est pas fermée...

***

N'hésitez pas à me donner votre avis chers lecteurs !

KILL ME : Le Kidnapping de Zeyna KeïtaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant