Oups

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— Je rêve ou ma grand-mère t'envoie des photos de moi de quand j'étais petit ? demande Isidore en se penchant pour regarder l'écran de portable de Coline.

La blonde sourit malicieusement. Il y a quelques jours, elle a conclu un marché avec la mamie d'Isi' : des dossiers sur lui, à volonté, contre une surveillance accrue de la part de Coco' sur le blond. Les deux femmes s'étaient mises d'accord pendant qu'il préparait du thé.

— Coucou !

Les deux touffes blondes se retournent en même temps. Alice est postée juste derrière eux. Elle est en retard. La brune sourit aux deux et fait la bise à Coline comme si elles se connaissaient depuis toujours. La blonde l'examine un peu, juge ce qu'elle peut juger et finit par penser qu'elle a l'air plus sympa qu'elle ne l'imaginait.

— Hey, salue Isidore.

La brune se tourne vers son ex et lui donne une petite bourrade. Et Coline frissonne en voyant que les deux se fixent intimement. On dirait de vieux amis qui se manquent.

— Donc c'est Coline ? On s'était vu vite fait chez Isidore... y a deux mois et demi ? T'étais en béquilles non ?

La blonde acquiesce, mal à l'aise. Elle ne sait pas tenir une discussion de toute façon, alors elle essaye de minimiser les dégâts en répondant par de simples hochements de tête.

— On y va ? demande Isidore.

Les filles approuvent et se dirigent vers le café où ils pourront un peu se détendre. Coline commande une grenadine et regarde les deux autres loucher sur les prix des Happy Hours. Isidore finit par prendre une pinte de Kro, la moins chère, et Alice un Monaco.

— Vous êtes dans la même classe ? interroge Alice avec un sourire sympathique.

— Non, elle est en S, répond simplement Isidore.

La brune s'allume une cigarette qu'elle tend à Isidore. Le blond demande l'autorisation à Coline d'un regard. La blonde est déjà loin. Elle ne sait vraiment pas comment se comporter avec une inconnue qui connaît tout de lui.

— Pas de clope ? s'étonne Alice.

Isidore ébouriffe les cheveux de Coline, comme pour la réveiller et la sortir de sa coquille et transe. Ça la surprend, elle a un hoquet de surprise qui arrache un rire au blond.

— Pas de clope, affirme-t-il en jouant avec une mèche de Co'.

Le cœur de Coline se ramollit. Elle attend impatiemment sa grenadine pour penser à la boisson et ne pas se concentrer sur les interactions des deux autres. Elle a juste l'impression d'être là comme un prétexte pour qu'Isidore et Alice se revoient. Et ça ne lui donne vraiment pas envie d'être là.

— Ça me rappelle ta première clope au collège. C'était avec Anatole, tu toussais comme un malade. Vraiment pas beau à voir, lance Alice.

— Fais pas la maligne, t'étais anti-tabagisme jusqu'à ce que tu sortes avec moi, réplique Isidore en levant les yeux au ciel.

Coline se fait toute petite dans sa chaise. Elle sort son portable discrètement pour regarder les messages de la grand-mère d'Isidore. Elle ne peut s'empêcher de rire en voyant un Isidore de quatre ans, caleçon sur la tête.

— Vous avez fait quoi cette première semaine ? questionne la brune d'un air intrigué.

Elle fait tellement d'efforts pour faire la discussion que Coline se sent un peu coupable d'être aussi fermée.

Alleeeeeeeeez Coline, pense-t-elle.

La blonde essaye de répondre à la question :

— Pas grand-chose. J'ai beaucoup dormi et profité du soleil. Y a juste eu avant-hier où on est allé voir sa grand-mère, raconte Co' mollement.

Isidore a l'air soudainement gêné et Alice a les sourcils froncés. A-t-elle dit quelque chose de déplacé ? ou de trop ? Coline en perd ses mots.

— Oh. T'as rencontré sa grand-mère ? Je l'ai jamais rencontrée. Elle est aussi drôle que dans les histoires qu'il raconte sur elle ? répond Alice en retrouvant son visage ouvert.

Isidore baisse la tête et Coline se rend compte qu'elle est en train de monter en puissance, comme une petite bataille de proximité. Elle n'a pas très envie d'enfoncer l'ancien couple alors elle répond juste que Irène est une dame marrante.

Le serveur arrive avec les boissons et Coline sirote à la paille son verre de grenadine. Elle observe les deux anciens amants. C'est vrai qu'ils ont l'air d'avoir été des personnes de forte importance l'un envers l'autre. Elle se demande s'ils ont encore des sentiments l'un pour l'autre.

L'atmosphère est remplie de non-dits.

Finalement, à la fin de l'heure, quand Coline s'ouvre enfin à Alice, elle ne se sent plus en compétition. Elle a juste l'impression de rencontrer une des plus anciennes amies d'Isidore, à qui elle peut gratter d'autres dossiers sur lui. Le blond la fixe et lui sourit, ce qui réchauffe le cœur de la blonde. Il a l'air fier d'elle. Et ça lui fait du bien de ne pas tenir la chandelle.