— Tu dors ? murmure Isidore un temps infini après qu'ils aient décidé de se coucher.
Coline ouvre les yeux dans le noir.
— Non. J'arrive pas, avoue-t-elle tout doucement.
Le blond allume la lumière. Mais la blonde l'éteint précipitamment.
— Je peux t'avouer un truc ? lance-t-il en éclairant sa voix d'un toussotement.
Elle l'écoute, le cœur pris entre la frayeur et l'excitation.
— Si je suivais mes tripes, je monterais sur le lit et je te regarderai dans les yeux pour voir ce qui pourrait se passer. Mais si je suis ma raison, je resterai là à parler, pour rien ruiner du tout.
Coline perd son courage. Elle ne répond rien. Parce qu'elle sait qu'elle suit toujours sa raison depuis que son cœur s'est brisé en deux. La seule fois où elle a suivi son instinct, elle a offert son premier baiser à quelqu'un.
Mais a-t-elle vraiment suivi sa raison quand elle a commencé à fréquenter le blond ? Elle le trouvait insupportable il y a encore quelques mois.
— Coline ?
Elle ne répond pas, n'osant vraiment rien du tout. Totalement pétrifiée par la réalisation que c'est Isidore et elle. Et que quelques heures auparavant, elle était juste heureuse de le retrouver pendant ces vacances.
— Co' ? tente-t-il une dernière fois.
— Je sais pas quoi te dire Isidore. Vraiment.
Puis elle le voit se relever dans le noir. Elle voit le blond monter dans le lit et ils se regardent, même s'ils ne se voient pas tant que ça dans cette pénombre.
En fait, elle retire ce qu'elle vient de penser. Tous ses traits lui semblent lisibles dans la nuit.
Isidore avoue, à bout de souffle :
— J'ai toujours suivi mes tripes avec toi, Coline.
Co' abandonne. Elle le laisse entrer dans les draps, le recouvrant de la couette chaude. Elle joue avec ses cheveux dans le noir et appuie sur ses joues pour délimiter les zones de son visage. Pendant ce temps, il l'observe aussi, une main balayant les cils et remettant des mèches éparpillées partout. Il la décoiffe toujours en essayant de la coiffer. Son cœur est tellement chaud qu'elle a peur de brûler.
— Ce sera gênant demain matin, remarque-t-il comme un con.
— Tais-toi bon sang.
Elle aimerait lui donner des coups dans la face. Il est en train de rompre le moment, vu le pas doué qu'il est.
— Ne tombe pas amoureux de moi, ajoute-t-elle en approchant son visage du sien.
Il se met au-dessus d'elle, leurs corps collés, comme quand elle se repose sur son oreiller vivant. Ils restent longtemps comme ça.
— Tu fais quoi ? demande-t-elle finalement.
Il la contemple et articule, d'un air nonchalant :
— Je tombe amoureux de toi, je crois.
Alors elle ferme les yeux pour se donner du courage. C'est le moment. Elle doit le faire. Elle peut le faire. Elle sait le faire. Mais elle a peur, tellement peur de tout ruiner, de tout gâcher, de tout foutre en l'air. Toute leur entente à cause d'une ambiguïté lors d'une seule soirée. Elle n'a pas envie de mettre à la trappe tout ce qu'ils ont construit. Elle veut suivre sa raison, vraiment.
Il sait qu'elle doit l'embrasser. Pas lui. S'il l'embrasse, elle lui fera la gueule longtemps. Très longtemps. En fait, elle n'en sait rien, elle ne sait plus. Mais elle sait qu'il est prêt à sacrifier tout ça pour elle, pour suivre ce qu'il a au plus profond de lui.
Elle veut le faire aussi.
— Allez Coline, encourage-t-il avec un sourire rassurant.
La blonde se détend en entendant son encouragement. Elle se souvient du FaceTime où il a parlé de sa couleur préférée, du moment où il a recollé son cœur. Il lui donne tellement de bleu ciel dans sa vie ces derniers temps.
Coline n'a pas besoin de queue de cheval haute, cette fois, quand elle brise la distance. Elle embrasse juste son meilleur ami, délicatement. Et elle est heureuse, vraiment.
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Oups
Teen FictionColine est tombée dans un escalier. Enfin, pas tout à fait... C'est plutôt Isidore qui l'y a malencontreusement propulsée. Résultat : une cheville foulée, des béquilles, six semaines d'attelle et l'impossibilité d'aller à la fête des 18 ans de Selim...