C'est Isidore qui toque à la porte, en bas. Coline le sait, mais n'arrive pas à bouger d'un pouce. Elle s'est habituée à supporter son mal, alors elle s'est mise à lire avec un peu de thé, juste pour se réconforter. Mais la flemme de quitter son presque refuge prime sur le coup.
Sa mère a dû ouvrir, car un claquement de porte s'est fait entendre. Il est déjà 20 heures passé, pourtant. Puis, d'une manière inédite, on toque à la porte de sa chambre.
— Entre, annonce la blonde.
Isidore en personne, comme prévu. Il entre et lui lance à la gueule un énorme plaid. Elle regrette un peu de l'avoir détesté durant tout le lycée, alors qu'il est là, à l'aider.
— Je croyais que tu blaguais quand tu disais que t'allais venir... remarque-t-elle en regardant sa montre.
Il avait envoyé son message deux heures auparavant quand elle ne ressemblait à rien. Isidore referme la porte et soupire.
— J'étais avec Anatole, tu sais, mon meilleur pote qui a changé de lycée. Mais bon, c'est une autre histoire. Je suis là maintenant.
Et Coline sourit bêtement parce qu'il arrive quand elle se remet enfin un peu de son néant. Mais tout de même, ça lui fait du bien de se sentir moins seule. Et tant mieux s'il est arrivé en retard. Elle avait encore un peu besoin de solitude et d'intimité pour se remettre du cours des événements.
— J'ai pris mon plaid, affirme-t-il en s'allongeant sur le lit.
Il écrase le ventre de Coline. Et elle se redresse un peu pour ne pas étouffer sous son poids. Elle manque d'éclater de rire quand il tombe du lit. C'est aussi spontané que leur amitié.
— J'ai un programme pour te faire sortir de ton cœur brisé, annonce-t-il d'un ton solennel.
Elle lève la tête. Son mascara a sûrement dû couler parce qu'il décide de souffler sur son visage pour le dégager de quelques mèches rebelles. Avec un doigt, il frotte les contours des yeux de la blonde et Coline sent son corps se réchauffer sous le contact rassurant.
— Je t'écoute, dit-elle avec une voix un peu rauque, sûrement à cause de son corps pas assez hydraté.
— D'abord, on se roule en boule dans mon plaid. Ensuite, je te fais rire. Et après, j'improviserai.
Pourquoi pas, se dit-elle.
Il la force à serrer ses jambes contre elle. Ensuite, Isidore enroule son énorme plaid taupe autour d'eux lorsqu'il s'installe auprès d'elle. Les deux sont très sérieux et Coline observe le blond en train d'appliquer son programme.
— Fais-moi rire, ordonne-t-elle.
Alors il lance une vidéo sur YouTube de gens en Skype qui rient en chaîne. Au bout du troisième, elle ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Même si c'est plus nerveux qu'autre chose. Elle rit parce que bon sang c'est vrai que c'est drôle.
Le sourire de Selim apparaît subitement dans la tête de Coline.
Rien.
Son rire disparaît d'un coup en repensant à son après-midi passé à se morfondre. À réfléchir sur le Tout ou Rien.
— Bon bah c'est un fail, remarque-t-il en éteignant son écran.
— Non, non, c'est juste moi qui...
Il la coupe dans ses paroles avec un doigt placé sur les lèvres de la blonde, accompagné d'un « Shhhh... ». Isidore le retire ensuite pour inviter Coline à poser sa tête sur son épaule. La blonde ne sait pas vraiment si elle doit le faire.
VOUS LISEZ
Oups
Teen FictionColine est tombée dans un escalier. Enfin, pas tout à fait... C'est plutôt Isidore qui l'y a malencontreusement propulsée. Résultat : une cheville foulée, des béquilles, six semaines d'attelle et l'impossibilité d'aller à la fête des 18 ans de Selim...