Chapitre 10

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J'étais enfin arrivé à l'hôtel, encore perturbé par l'altercation avec le junkie. Je me dépêcha de rejoindre le bar. Il était 7 heures et, à part quelques ivrognes qui étaient accoudés au bar, tout le monde prenait son petit déjeuner. Je commençais à servir des cocktails et autres boissons alcoolisés quand j'entendis un toussotement derrière mon dos.
- Je dois te voir une minute, suis-moi.
Je suivis Nicolas dans le hall qui était pratiquement vide.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Pour hier... ce que j'ai dit... ça doit rester entre nous.
- Je...d'accord, si c'est ce que vous voulez.
- Oui c'est ce que je veux, toi et moi on ne peut pas être vu ensemble puisque je suis sans cesse photographié et si on voyait quelqu'un de ma classe sociale avec quelqu'un comme toi... ça ferait une mauvaise image pour l'hôtel, tu sais, vu que tu n'es qu'un barman...
D'accord mes sentiments avaient pris un coup mais je ne laissais rien paraître et hocha simplement la tête en tournant les talons. Je m'en voulais d'être aussi lâche et de ne pas savoir lui tenir tête mais qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Je ne peux pas être renvoyé car j'ai besoin de cet argent et je pense que je ne trouverais pas mieux que barman dans un des quartiers les plus huppé de Paris.
La matinée se passa sans problème mis à part une cliente qui est venue faire un scandale parce que la qualité du service de chambre était à revoir. Bref ce genre de caprice de star habituel.
J'ai aussi remarqué que Nicolas m'évitait du regard quand on se croisait dans les couloirs ou alors quand il passait furtivement devant le bar. Ça m'énervait qu'il m'ignore alors que c'était lui la veille qui m'avait sauté dessus en me faisant comprendre que je lui plaisait. Je sors vite de mon mécontentement en voyant mon boss arriver. Je me mis tout de suite à faire semblant de travailler. C'était ma spécialité, dès qu'il arrivait je faisait croire que j'étais sérieusement en train de nettoyer le comptoir ou alors un verre et comme ça il ne me réprimandait jamais sur le fait que je ne faisait rien. Cette technique m'avait value l'honneur d'être bien vu et en plus, vers les périodes de fête, d'avoir une augmentation.
- Mr Keller, je vous prierais de descendre voir dans la cave s'il reste un vin rouge de 1978.
- Bien monsieur.
La cave ne m'avait jamais vraiment plu avec cette odeur forte spécifique au vin qui vous agressait les narines dès que vous y mettiez un pied à l'intérieur. Il y a une fine couche de poussière sur chacune des bouteilles car cet endroit renferme les meilleurs vins de France alors très peu de personnes avaient l'autorisation d'accéder à la cave et il était formellement interdit au personnel de ménage de nettoyer car ils pourraient renverser des bouteilles ou pire faire tomber une étagère contenant les bouteilles. Alors c'est en faisant attention que j'allais chercher un vin rouge de 1978. Je pris délicatement la bouteille sans faire de geste brusque car les étagères étaient très proches les une des autres et si je retirais d'un coup sec mon bras en prenant le vin je risquerais de la renverser. J'entendis la porte se fermer puis je vis une personne se déplacer entre les étagères pour finalement arriver juste en face de moi.
- Salut mon beau, me dit-il avec un sourire qui ne me disait rien qui vaille.

Rainbow Hotel [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant