Deux pour le prix d'une

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[ * = éclipse plus ou moins grande]




Seul le silence régnait dans le couloir d'entrée. Mon père attachait mes lacets d'une lenteur monumentale, tandis que ma mère attachait mon manteau imperméable, décoré de charmantes petites étoiles.
Mon regard ne quittait pas le sol. J'avais peur.
Ma mère ajusta le col de ma veste pour la énième fois, sans doute dû à son angoisse.
Mon père serra mes lacets si forts que j'avais l'impression que mes orteils allaient sortir du tissus et de la semelle sous l'effet de la pression.
J'avais peur, mais j'étais excitée.
Une fois prête, ma mère prit sa veste, ainsi que celle de mon père, pendant que ce dernier s'occupait d'alourdir les épaules d'un sac à dos en cuir vieilli, me faisant probablement ressembler à une tortue transportant sa maison sur son dos.
La porte s'ouvrît, et mes parents et moi sortîmes de la maison, prenant soin de fermer cette dernière à clef, pour finalement s'engouffrer dans la voiture, ne souhaitant pas marcher sous la pluie battante et le vent froid d'automne.
Après une dizaine de minutes de trajet, la voiture s'arrêta, faisant grincer les pneus au contact du goudron humide. Nous sortîmes du véhicule, et nous ruâmes vers l'enceinte de l'immense bâtiment qu'était mon école primaire. Nous arrivâmes dans une salle, où d'autres enfants étaient rassemblés, accompagnés de leurs parents.
Certains enfants souriaient, d'autres pleuraient. Quant à moi, j'étais neutre. J'essayais de cacher mon mélange d'excitation et de peur face à ce tout nouveau monde qu'était l'école primaire.

Une dame marquée par la vieillesse annonça alors la bienvenue aux différents parents, ainsi qu'à leurs enfants. Elle appela plusieurs élèves, qui se dirigèrent plus ou moins de manière déterminée vers le professeur indiqué.
Puis, vint mon nom :

- Ruby Muller.

Je jetai un rapide coup d'œil vers ma main, que ma mère refusait de lâcher. À contre coeur, cette dernière relâcha sa prise, et me laissa m'aventurer vers la foule.
Une fois la rentrée des classes effectuée, la professeure nous expliqua alors le déroulement de cette année de CP, et nous amena à la salle de classe.
Tous les enfants posèrent leurs manteaux sur des portes-manteaux, et souhaitant éviter de me faire remarquer dès le premier jour, je fis de même. Nous prîmes place dans la salle de classe, et la professeure nous proposa de jouer à des jeux tous ensembles.

Des groupes se formèrent alors. J'étais dans un groupe dont je ne connaissais aucuns des membres. Nous étions 5 dans ce groupe. Trois filles et 2 garçons. Les filles s'appelaient Émilie et Morgane, et les garçons, eux, s'appelaient Lucien et Dorian. Nous commençâmes alors à jouer à un jeu plutôt basique : nous devions dessiner sur le tableau blanc quelqu'un ou quelque chose, et les autres devaient deviner ce que le dessin représentait. Tous les élèves de la classe s'amusaient.
Puis, la professeure m'appela, afin que je dessine moi aussi.

Je m'approchai alors du tableau, totalement réticente et beaucoup trop timide et réservée pour oser effectuer quelconque action devant mes autres camarades. Je commençai cependant à dessiner lentement, puis les cris d'encouragement des élèves fusèrent, et ils me poussèrent à dessiner de manière plus confiante. Mon dessin était simple : une simple fille, brune, cheveux très longs, aux yeux bleus.
Les mains fusèrent en l'air, et des tonnes d'idées traversèrent l'esprit des enfants présents dans la salle. Tous possédaient une version différente de mon dessin. Cependant, une proposition sortît de l'ordinaire.

- C'est toi, sur le dessin !

Mon coeur loupa un battement de manière si violente, que j'eu cru que je faisais un malaise.
Je secouai négativement la tête, ne cherchant cette fois ci en aucun cas à cacher mon malaise ou ma tristesse. Mes sourcils se froncèrent.

- Pourtant, ce dessin te ressemble vraiment ! s'écria la petite Morgane.

Quelques larmes perlèrent dans le coin de mes yeux, et je ne pus expliquer pourquoi. Je secouai la tête encore plus violemment et rapidement, avant de me résigner à leur répondre.

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