Pendant que Banel était en train de préparer son Tête à Tête d'amoureux avec cette homme dont il ignorait encore sa relation avec Cheikh. Pendant que Adja et Khadre étaient en train d'éteindre le feu autour des plats de viande grillée au feu de bois. Dado, elle, était en route vers Fouta. Bien que le chemin soit long et très fatiguant, elle était déterminée à respecter les consignes de Doussouba à la virgule près. Les conditions n'étaient pas réunies pour qu'elle voyage confortablement dans les bus climatisés, alors elle était obligée de subir les "Karang Karang" du Taxi-brousse. Et même à trois derrière , sans surcharge, Dado trouvait que le taxi était étroit, très étroit. Mais l'insupportable devient supportable lorsqu'on est dévoué à une cause. Et au chauffeur de lui dire:
-Fermez la vitre Madame!
-Soubhanallah, vous voulez que je meurs asphyxiée ou quoi! C'est à peine si on respire avec si peu de place.
Elle faisait allusion au poids de la dame d'à côté. Mais elle était loin de se douter que celle-ci n'avait pas sa langue dans sa poche.
-Khalass que voulez-vous dire par là. hurla la dame
-Ah mane daal, je parle au chauffeur. Les morveux n'ont qu'à se moucher, au cas où quelqu'un se sent concerné par mes propos!
-Mieux vaut être moelleuse et mielleuse que d'avoir la peau sur les os. Car les os c'est pour les chiens. Au cas où quelqu'un m'aurait adressé un message dit la dame.
-Ah yow dé mère ya sonnou! (vous n'êtes vraiment pas sociable) attaqua Awa
-Hey dou manakk yow, sa ndeye lako sekkal! ( Je m'adresse à ta mère pas à toi) renchérît la dame en la pointant avec l'index.
Dado était à présent silencieuse. Elle savait que certains mots pouvaient parfois coûter cher. Et elle avait retenu la leçon des Thiam. Elle avait détourné son visage vers la vitre comme pour dire qu'elle est pacifique. Le chauffeur profita du silence pour se répéter.
- Yow mayma djam! Fiches-moi la paix enfin! cria Dado
-Madame ce chemin est bitumineux. Et si vous ne fermez pas la vitre, vous n'allez pas mourir asphyxiée mais poussiéreuse!
Elle venait de comprendre lorsqu'un camion doubla leur voiture; la poussière était insupportable. Elle s'empressa alors de s'exécuter. En plus de la poussière, le rire moqueur du chauffeur mettait Dado dans tous ses états. Mais elle ne voulut réagir, pourvu que toute cette peine paie et que je parvienne à trouver une épouse pour Khadre, murmura-t-elle. " Bdam, bam, bim, bam", "Wouyaaaaay", "Wouysama", "Serigne Bamba", tout une envolée de cris accompagna les tonneaux de la voiture qui faillit se renverser au toucher d'un autre camion qui voulait les doubler. Il en a fallut de peu pour que la voiture passe de l'autre côté . Ce que voulait faire le camion était impossible. Car même si la route paraissait dégagée, seule un quart de la route était goudronné. A voir la route du Fouta, on avait l'impression que les inaugurations montrées à la télé officielle étaient truquées. On entend souvent tant de millions pour telle infrastructure, des sommes exorbitantes pour la construction d'une route. Mais les résultats, une fois la construction faite, atteignent le summum de la médiocrité avec une durée d'exécution tellement longue qu'on en oublie même la pose de la première pierre. C'est à croire que ceux qui sont chargés des travaux diminuent le coût des matériaux employés pour pouvoir empocher plus de bénéfices. Construire avec autant de millions pour après réparer en moins d'un an et de manière récurrente. Le jeu en vaut-il la chandelle?
Malgré ses mains tremblotantes, le chauffeur s'efforçait quand même à tenir le volant normalement. Était-ce le coup du destin ou celui de Karma? Dado était à présent perdue. Et si Adja avait une protection mystique? Et si Dieu était contre ce projet de co-épouse ? Et si c'était simplement un signe des aïeuls de Doussouba pour lui montrer qu'elle est dans la bonne voie? Toutes ces questions avaient traversé l'esprit de Dado. Et ses inquiétudes étaient minimes face à la peur qui animait les autres passagers...
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Au delà du Fer et de l'Enclume
RomanceBasée sur une histoire vrai et vécue, cette chronique passe le peigne fin sur les réalités sénégalaises en se basant sur le vécu peu ordinaire d'un couple amoureux