Le prix à payer (suite)

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________________________Adja_______________________

Quelle surprise que de l'avoir déjà trouvée sur les lieux. Habillée en une tenue de sport assez décontractée comme si elle s'attendait à quelque chose, Awa était debout entre un arbre et un banc, les bras croisés. La réaction de Banel me dérangeait un peu du fait qu'elle pensait que j'allais en venir aux mains avec elle; loin de là mon intention. Mais je comptais quand même mettre les points sur les "i" .

-Han Adja, j'espère que tu ne comptes pas te battre avec elle!

-Me battre? Je ne vais quand même pas me salir les mains pour elle, elle n'en vaut même pas la peine. S'il te plaît avance et regarde-moi faire, tu comprendras après.

On approchait à présent de cette sorcière. Elle se mit à nous observer minutieusement comme pour se rassurer qu'on était pas armé. Quelle peureuse elle fait! Comme le disait badjène Penda, les langues pendues sont toujours les moins courageuses. Banel lui serre la main, la saluant. Je fais pareil mais elle me tend juste la main sans piper mot. Je l'invite à s'asseoir sur le banc mais elle me répondit séchement.

-Djaroul tokk, Awma djote, wakhal boy wakh wala nga djeff ma guiss. (Ce n'est pas la peine qu'on s'assied, dit ce que tu as à dire ou fait ce que tu as à faire)

Je lui lance un bref sourire avant d'entreprendre ce pour quoi je suis venue.

-Retire ta plainte. Dis-je sereinement!

Elle s'embarque dans un long rire narquois. Elle prend le temps de mettre ses mains dans ses poches, me regarde de haut en bas et commence son discours:

-Kone fi ngaay moudjé! Avec tout le bruit que vous faites toi et ta famille, c'est ici que vous atterrissez! Tu penses que ce sera aussi facile que ça, tu penses que tu t'en sortiras ainsi! Hahah tu me fais rire, si c'est pour ça que tu m'as appelée , sache que j'ai pas de temps à perdre.

Elle me montre le dos pour s'en aller mais je retiens sa main, elle se rebiffe faisant tomber une petite bombe qu'elle ramassa aussitôt. Il me semblait un moment que c'est une bombe lacrymogène mais je ne m'accentue pas sur ce fait et vais droit au but:

-Si tu ne retires pas ta plainte, ta maman risque de perdre la mobilité de ses jambes!

-Quoi? Qu'est-ce que tu viens de dire.

-Ton frère a contracté une dette de 865000 auprès de l'hôpital, somme qu'il ne peut pas payer vu que son entreprise est en faillite. Je me porte garant de la dette de mon mari, mais qui paiera la kinésithérapie de ta maman. Tu y as pensé?

Elle me lance de suite : -Quelle garce!

Je lui réponds par un sourire à côté de mon amie qui depuis le début était à l'écart. Ce qui l'irrite encore plus et la pousse à bout.

-Tu es la plus grande salope que le monde puisse connaître. Comment oses-tu! S'écrie-t-elle.

-De la même manière que tu as osé. Fis-je dans le plus grand calme.

-C'est donc ça votre éducation; faire chanter les gens!

-N'est-ce pas ta mère qui disait que tout a un prix! Alors voici le prix à payer; le retrait de la plainte contre la santé de ta maman. À toi de voir! Allons-y ma puce!

Je la laisse plantée là-bas dans un désarrois qui lui ôte tous ses moyens. On s'éloigne un peu avant de prendre un taxi.

______________________Cheikh Ahmed Tidjane Ba_______________

Jamais je n'accepterai la défaite, encore moins contre mon plus grand rival depuis tout petit

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Jamais je n'accepterai la défaite, encore moins contre mon plus grand rival depuis tout petit. S'il me faut sacrifier toute la fortune que j'ai pour récupérer Adja je le ferai. Elle sait pertinemment que c'est moi l'amour de sa vie et ça même le mariage ne peut l'effacer. Son cœur ne bat que pour moi, je le vois dans son regard, je le sens dans sa manière de se tenir lorsqu'elle est en ma présence. Elle ne comprend pas que ce qu'elle ressent pour son mari n'est pas de l'amour mais de l'estime. L'amour, le vrai, ne se justifie pas. L'amour, le vrai, ne se dit pas mais se matérialise. L'amour, le vrai, ne raisonne pas. Que n'a-t-on pas vécu elle et moi. De sa première bourse à mon plus petit salaire, on a TOUT partagé. Même si elle ne venait pas souvent chez moi, parce que mes parents ne l'appréciaient pas trop, il ne se passait pas un jour où le soleil ne se levait et se couchait sans qu'on se voit. Il n'y a pas une seule petite chose qu'elle entreprenait sans m'en faire part. Et je me rappelle lorsque, assise sur moi ou couchée sur mes cuisses, j'écrivais ses lettres de motivation. On était toujours impliqué l'un dans les affaires de l'autre; d'une manière ou d'une autre. Je l'ai amenée à son premier entretien, je lui ai offert ses premiers bijoux en or, et j'ai été le premier homme à lui faire découvrir le Nirvana. Je peux jurer que les plus beaux souvenirs de sa vie, elle les a eus à mes côtés. Elle sait tout de moi; même les vices les plus cachés qui somnolent en ma personne. Tout comme je maîtrise parfaitement sa personne et sa personnalité.
Même s'il ne m'est pas impossible de vivre, je n'arriverai jamais à saisir le sens de ma vie sans elle. Si c'était à illustrer, je dirai qu'elle est comme la rosée sur la rose; en plus de la nourrir, elle la rend plus belle. Ou je dirais qu'elle est comme un enfant dans un couple, qui en plus de raviver la flamme, leur redonne la joie et l'espoir. Alors comment pourrais-je la sortir de ma vie?
C'est le contraire que j'envisage, et peu importe le prix à payer. Je le remplirai jusqu'au dernier centime.

____________________Dans l'appartement du couple__________________

Badjène Ndeye n'en avait toujours pas finit avec Khadre.

-Comme je te le disais au début de notre conversation, vous n'avez pas droit à l'erreur! Car vous aviez décidé de défier les lois de notre société, et donc vous devriez savoir que tout le monde s'attend à ce que votre mariage soit un échec. Alors la balle est dans votre camp.

-C'est vrai mais tu n'es pas sans savoir que vous ne nous laissez pas faire! Se défendit Khadre en soulevant et rabaissant les épaules avec un bref soupir.

-Je comprends que les deux familles soit en conflit après cet incident que je ne prendrai pas la peine de rappeler, mais je ne comprends pas qu'elles vous entraînent en même temps dans ce stupide scénario. Si votre mariage était une voiture, sachez que c'est vous qui êtes en possession du volant, du frein et de l'accélérateur; nous ne sommes que de simples passagers. Maintenant à vous de voir si vous allez suivre l'itinéraire des passagers ou le vôtre.

-Tata Ndeye, tout ce que nous demandons c'est de vivre notre amour dans la plus grande joie.

-Mon fils, laisse-moi te confier un petit secret, la demande ne fait jamais le succès. Vous n'avez pas à demander; réclamez-le et vous serez satisfaits. Ce qu'il faut que vous sachiez c'est qu'il faut savoir comment réclamer. Puisque le faire est important mais la manière est prioritaire. Car la force d'un couple, c'est la symbiose; "Da nguène di khatiando, dorando" . Ta femme doit-être ton premier et meilleur ami et vice-versa. Tu dois penser à elle avant de faire quoi que ce soit si vous voulez que votre union s'éternise.

-Rassure-toi Tata Ndeye, tes paroles ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd.

Son téléphone coupa nettement leur discussion; sur l'appareil s'affiche le numéro de Awa Coumba. Il raccroche instinctivement et met le téléphone sous silence.

-Si c'est Adja, demande lui où elle est, j'ai une faim de loup! Dit Badjène sur un ton assez exigeant.

-Non, ce n'est pas elle. Je te remercie de m'avoir rappelé au passage la commande que je dois passer à la brioche.

Elle hoche la tête , dit qu'elle veut ranger quelques affaires puis se lève en direction de sa chambre.

Khadre , lui, passe un petit appel pour passer sa commande avant de s'emparer de son ordinateur. Il l'allume et y insère une clé de connexion afin de consulter le mail que lui a envoyé François. L'écran de son téléphone s'allume à nouveau, c'est encore Awa Coumba. Cette fois-ci il décroche et ce qu'il entend avant même un "allô ":

-Tu ne sais pas dans quel pétrin tu t'es embarqué en épousant cette garce! Tu sais ce qu'elle a encore fait...

(À suivre)😳😳😳

Au delà du Fer et de l'EnclumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant