A Travers Ton Regard ( Terminé )

Chapitre 5

" Et puis, Il y a ceux que l'on croise, que l'on connais à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute et change le cours de votre vie. " Google

" Pablo "

Gwen est partie. Je pense qu'elle avait besoin de se retrouver seule un moment. Il faut dire, qu'on lui a mis légèrement la pression. Ça ne doit pas être facile pour elle. Elle est tiraillée avec ce qu'on lui dit et ce qu'elle doit faire. Alex avait raison, cette fille est super attachante. A Travers son regard, on peut voir la souffrance et l'envie d'être elle-même. Je pense qu'elle est perdue entre sa personnalité et celle que Ben lui impose.

Je ne comprends pas pourquoi il est devenu comme ça. Ben n'a jamais été mauvais, pourquoi il fait vivre cette vie à cette fille, qui pourtant, fait tout pour lui faire plaisir ? Je comprends qu'il puisse être jaloux. Gwen est terriblement belle et le pire, c'est que je suis sûr qu'elle n'en a pas conscience. Rien dans son attitude, montre qu'elle le sache. Elle est si renfermée... Si méfiante... Pourtant, de ce que j'en ai vu, elle est vraiment gentille. Pas un seul instant, je n'ai vu le jugement ou la peur envers ma maladie. Avec la cortisone et ma tête de tueur, je fais généralement peur aux gens, ils s'éloignent, comme si j'avais une maladie contagieuse. Je pense que je vais super bien m'entendre avec ce petit bout de femme si fragile.

- Putain, je devrais peut-être aller la chercher. Me dit Alex.

Il fait les cent pas. Il enchaîne clope sur clope, mais, comme il ne se calme pas, il s'assoit et se prépare un joint. Il est extrêmement tendu.

- Alex, calme toi. Gwen est une grande fille, arrête de t'inquiéter, elle va revenir.

- Non, mais je sais qu'elle va revenir, mais je n'aime pas la savoir mal. Putain, si Ben arrêtait de la faire chier toutes les 5 minutes aussi, merde !

- On ne va pas la lâcher, on va lui faire entendre raison à cet idiot, mais il faut la jouer fine Alex, sinon, il va se braquer.

- Oui, je sais, en tout cas, ça fait du bien de ne pas se sentir seul. Les autres font comme s'ils ne voyaient rien, ça me rend fou.

- Les autres sont aussi cons que lui dans ce cas.

Alex effrite sa cigarette et son shitt dans le creux de sa main. Je regarde chacun de ces gestes. Après ma longue période d'enfermement, j'ai rapidement repris la clope. J'ai savouré chaque bouffée de ce qu'on m'avait privé pendant de longs mois cependant, le shitt, je n'ai pas eu l'occasion d'en refumer. Il y a quelques années, j'étais un grand consommateur, comme la plupart des mecs du quartier. Donc, voir Alex faire son joint devant moi me perturbe. Je sais que si je prends une seule taffe, je vais rapidement replonger dedans. Il ne faut pas qu'il me propose de partager. Non, il ne faut pas...

La porte s'ouvre, je me redresse, c'est Ben. Il me regarde et sourit de toutes ces dents. Il ne prend même pas la peine de poser ces affaires, qu'il se précipite et me prend dans ces bras. Il resserre son étreinte. Par politesse, je lui rends son effusion, mais je n'en ai pas la moindre envie. C'est fou à quel point mon avis viens de changer, a propos de ce mec avec qui j'ai pourtant grandi. Il n'est plus le même, je le peux le sentir, je peux le voir à travers son regard. Son sourire est faux.

Depuis ma maladie et toutes les épreuves que j'ai pu traverser, je fais beaucoup plus attention à l'attitude des personnes qui m'entoure. Avant d'avoir presque franchi les portes de l'enfer ou du paradis, au choix, je m'intéressais qu'à ma petite personne. Je survolais ce qui était vraiment important. Comme tous les gens qui ont une vie simple, je ne voyais pas ce qui était pourtant sous mes yeux. J'en faisais tout un monde pour un retard de bus, pour un courrier, pour un magasin fermer. Aujourd'hui, toutes ces choses riment avec futilité. Ma maladie m'a apporté une sérénité et m'aide à me concentrer sur ce qui ne se voit pas. Ben a ce quelque chose qui me donne l'envie de grincer des dents. J'espère sincèrement me tromper, mais, avec ce qu'Alex m'en a dit et la peur que j'ai pu lire dans les yeux de Gwen, je ne pense pas que mon instinct me fasse défaut.