Une Rencontre déterminante

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Hartus Goldsmith abattit sa combinaison sur la table, tricha lamentablement, et gagna l'argent que lui devait l'adversaire restant. Lise n'était pas intervenue, en fait ça n'avait plus de réelle importance à ses yeux. Qu'il prenne son argent, qu'il fonde son parti politique extrémiste lui et son copain, qu'il plonge le monde dans une tyrannie, elle s'en moquait éperdument ! Elle se sentait trahie, trahie par la personne, la cause même en laquelle elle avait cru. Elle s'était faite avoir pour la deuxième fois, manipulée dans tous les sens, et en ce moment elle ressentait cette douloureuse trahison plus que nul autre. La Résistance l'avait trompée, comme le Grand-Empire l'avait trompée, ces deux-là travaillaient visiblement ensemble puisque c'est le Dr Abbott qui l'avait envoyé en mission, le même personnage qui se tenait assis à côté de Goldsmith, à parler de l'aider à créer son parti. N'y avait-t-il donc aucune juste cause méritant d'être défendue en ce monde d'escrocs ? Le microphone du hall de la Grande-École avait toujours eu tort sur le fait que les escrocs avaient été balayés par le nouveau régime, ils n'avaient pas disparu, ils étaient juste plus efficaces qu'avant.

Lise sortit en trombe du pub new-yorkais. Elle était en colère, en colère contre tout le monde, ou plutôt en colère contre ce monde. Elle avait échoué dans sa mission, le Dr Abbott dira ce qu'il voudra, Lise connaissait à présent la vérité.

« - J'ai fini !!!! » hurla-t-elle une fois revenu devant les poubelles, sous le regard médusé des passants. C'était faux bien sûr, mais c'était le seul moyen de rentrer chez elle.

Quand elle se réveilla enfin sur la couchette du labo, elle ne laissa pas le temps au scientifique de lui retirer le casque, elle l'empoigna à deux mains et le jeta par terre. Il roula quelque part dans un coin de la pièce, sans la moindre éraflure, et sous le regard sidéré du Dr Abbott.

« - J'suis au courant !! » lui déclara-t-elle d'un ton furieux.

« - Au courant de quoi ?! » fit le doc, surpris et inquiet à la fois.

« - Au courant de la Résistance et du Grand-Empire, au courant de la vraie raison pour laquelle vous m'avez envoyé faire ses missions ! »

C'était faux, et elle le savait, en réalité elle n'avait pas la moindre idée de la vraie nature de ce projet. Il lui fallut l'espace d'une seconde pour comprendre de quoi elle parlait.

« - Non tu ne comprends pas ! Attends !! » Mais il était trop tard elle était déjà partie.

Lise courut dans les couloirs du bâtiment, sous les regards intrigués des « soit disant » révolutionnaires, qui ne tentèrent rien pour l'arrêter. Lise courait encore après avoir quitté le quartier, c'était contraire au règlement qui disait comme qu'une personne qui courait dans la rue était une personne louche, mais Lise s'en fichait royalement. Tout ce qu'elle désirait c'était se réfugier le plus vite possible dans sa chambre, et pleurer. Quand elle atteignit enfin l'orphelinat, deux agents du BSI étaient postés devant, et semblaient en défendre l'entrée. Mais étrangement quand ils l'aperçurent approcher, les deux agents se déportèrent sur le côté pour la laisser passer. Lise n'avait pas le temps de rester là à se questionner sur ce fait aussi bizarre qu'étrange, pour ainsi dire elle ne leur avait presque pas prêté attention.

La jeune orpheline claqua la porte de sa chambre derrière elle, elle se mit en tailleur sur son lit, et commença à pleurer. Pourquoi ?! Pourquoi personne en ce monde n'était digne de confiance ? Pourquoi le sort avait-il fait que ça tombe sur elle ? « - Pourquoi moi ! » cria-t-elle d'une voix désespérée, à travers la pièce. Tout n'avait aucun sens, pourquoi la Résistance l'engagerait-elle pour annuler la création du Grand-Empire si elle travaillait étroitement avec lui ? Il y avait quelque chose de tout à fait inexplicable dans cette histoire. Certains faits restaient tout bonnement incompréhensibles, illogiques, incohérents. Lise s'essuya du mieux qu'elle put ses yeux humides, et regarda avec attention le portrait de sa mère accroché au mur. Elle était belle, jeune, débordante de gaieté, Lise se l'imaginait souvent souriante avec un joli chapeau fleuri, mais peut-être était-ce parce qu'elle était représentée ainsi sur la photo. Lise savait qu'elle avait exercé le petit métier de serveuse à New-York peu de temps avant sa naissance, c'est là-bas qu'elle avait rencontré papa. Son père en revanche, elle ne savait pas à quoi il ressemblait en réalité. Il avait disparu sans laisser de traces deux ans avant que sa femme tombe gravement malade d'une maladie appelée cancer, il les avait abandonnées toutes les deux. Elle se le représentait souvent comment un grand homme bien bâti, beau et musclé, un coureur de jupon, qui avait su conquérir le cœur d'une petite serveuse de pub. Si seulement ils savaient dans quel pétrin s'était fourrée leur fille. « - Pourquoi le monde est-il si mauvais, si gangrené par le mensonge et la calomnie ? dit-elle à sa mère. Pourquoi ne peut-on avoir confiance en personne ? »

Il était une dystopie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant