Bonus : Les Noces du passé

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Arrivée dans le dernier souvenir, Lise se laissa choir sur la belle pelouse fraîchement entretenue, et continua de pleurer. Combien de larmes avait-elle déversées aujourd'hui, elle ne saurait le dire. Elle leur en voulait beaucoup, d'abord à son père, ainsi qu'à Hartus Goldsmith pour lui avoir interdit de faire ce qu'il chérissait le plus au monde, de lui avoir interdit de voir sa fille jusqu'au moment où ils avaient le plus besoin d'elle. Quel homme pouvait bien interdire une chose pareille ? Les choses paraissaient plus claires à présent, si elle avait été choisie parmi ses semblables pour effectuer la mission c'est pour la simple et bonne raison qu'elle était la fille du chercheur à la tête de l'opération.

Le sol pleureur sous lequel elle était allongée sembla se pencher pour la réconforter, mais elle se leva précipitamment pour échapper à ses caresses. Elle avait une dernière tâche à accomplir, son père mais aussi sa mère et toutes les personnes mortes à cause de la tyrannie comptaient tous sur elle, alors il ne fallait pas qu'elle perde son temps à pleurnicher comme une gamine. Il ne fallait en aucun cas que la mission échoue comme la dernière fois, l'espoir de milliers de gens reposait à présent sur ses épaules. Elle ne devait pas décevoir autant de gens, pas maintenant.

C'était un joli jardin surélevé avec un grand lac en contrebas, la douce lumière du crépuscule se reflétait sur les grands buildings entourant l'immense parc, le ciel orange était démuni de tout nuage. La forêt avait comme une forme rectangulaire, Lise voyait cela de la plus haute colline du parc où elle avait atterri, le sol pleureur dominait toute cette étendue verdoyante, ce havre de paix où chantaient les oiseaux et où murmuraient les arbres.

« Quelle paix, quelle harmonie ! » pensa-t-elle, jamais alors elle n'avait goûté à une aussi profonde accalmie.
« Est-ce donc ça la liberté dont ils parlent tous ? » Si tel était le cas, Lise comprenait qu'elle vaille la peine d'être défendue.

Les gratte-ciels tout autour formait une espèce de muraille de verre infranchissable, ce lieu lui rappelait vaguement un endroit qu'elle avait étudié en classe portant le nom de "Central-Park". Elle se trouvait donc à Manhattan, avant que la venue du Grand-Empire ne transforme le parc en le plus vaste bidonville de la planète. Lise aperçut en bas de la colline un petit kiosque en bord de lac où des musiciens jouaient de leurs instruments, des tables et des tentes blanches avaient été dressées, des lanternes multicolores étaient allumées, et une foule de gens dansaient et riaient à cœur joie.

Confiante, Lise descendit la colline jusqu'au lieu du bal, et s'activa pour dénicher Goldsmith le plus rapidement possible. Elle le trouva en un temps record. Il était assis à une table avec son ami fidèle (Lise savait à présent qu'il s'agissait du Docteur Abbott, son père), tous deux sur le bas côté de la scène en train de regarder les invités danser. Lise se rapprocha un peu d'eux et s'installa à la table d'à côté pour en savoir plus.

« - Regarde-moi ce beau coucher du soleil derrière les immeubles au fond, dit Hartus en brisant le silence. N'est-il pas magnifique ? »

« - Où vois-tu de coucher de soleil ? répondit Tom. Moi je ne vois que de jolies jeunes danseuses en robes et en talons, qui se trémoussent et se dandinent du mieux qu'elles peuvent pour plaire à leurs futurs époux. »

Hartus pouffa de rires et Lise ne pût s'empêcher de lever les yeux au ciel, les deux jeunes gens avaient beau devenir les adultes les plus sérieux au monde, actuellement ils n'étaient encore que de simples voyous des bas-quartiers, le genre de jeunes qui aiment jouer, faire la fête et s'enivrer.

« L'âge bête » pensa Lise, en se demandant cependant si l'alcool n'y était pas un peu responsable. Quand il eut achevé son fou-rire, Goldsmith ouvrit grand les bras comme pour serrer tout Central Park dans son étreinte.

Il était une dystopie [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant