ix ⎯ rage de vivre

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« Je ne veux pas mourir... » Articula péniblement le médecin en se reculant, les muscles tendus par une soudaine colère.

« Ne me compliquez pas la tâche et venez avec moi sans discuter. Nous ne vous voulons aucun mal, seulement vous offrir récompense pour votre travail auprès du système. »

Alors que l'homme s'approchait, ses mots sonnaient faux et portaient la mort. Un sourire sardonique alluma brusquement les traits de Jimin tandis qu'il reculait, souhaitant garder ses distances. Il voulait vivre, il réalisa à quel point il tenait à son existence aussi minable puisse-t-elle être. Une étincelle rebelle venait de s'allumer au fond de son être, et à cet instant, il devint ce qui l'avait toujours effrayé auparavant : un déviant.

« Je sais parfaitement ce que signifie être récompensé. » Tonna Jimin avec une assurance nouvelle qui l'effrayait lui-même. « Allez vous faire mettre avec vos belles paroles. »

« La paix, le repos mérité suite à vos loyaux services. Je vous l'ai dit monsieur Park, nous ne vous voulons aucun mal. » L'homme s'avança à nouveau, la lenteur de sa démarche était calculée, habituelle. Ce n'était certainement pas la première fois qu'il faisait cela, et cette constatation encouragea Jimin à penser que cette homme allait le liquider ici-même. Il ne pouvait plus revenir en arrière.

Les doigts tâtonnant le mur, il fit une chose étrange qui ne lui avait encore jamais été naturelle : se reposer sur ses sens et leur perfectionnement. D'anciens préceptes lui revinrent, d'une mémoire qui venait de s'éveiller. Les mots s'évadèrent dans un murmure unique, bu par ses seules oreilles.

« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi. »

Les pensées du jeune homme se délièrent, et une paix nouvelle émergea au fond de son être. Cette confrontation avait une issue aussi simple que les bases de son algorithmie : 0 ou 1. Sa différence ferait sa victoire, il voulu s'en persuader.

Brusque, l'homme fit un bond et le poussa contre la table de la cuisine dans laquelle ils étaient entrés à force de reculer. Les mains puissantes se serrèrent contre la gorge du jeune médecin qui tenta de se défaire de cette prise meurtrière. Ses poumons lui faisaient mal, pressés par les avant-bras massifs de son assassin.

Reprenant le fil de la paix qu'il avait décelé en lui, Jimin prit conscience d'une ouverture et repoussa son assaillant à l'aide de ses jambes. Son corps fut balancé au sol par le retour de force, et il se redressa immédiatement. Ses yeux cherchèrent frénétiquement quelque chose pour faire office d'arme. Il se jeta sur le tiroir où il rangeait les couverts.

Sa tête rencontra violemment le haut du plan de travail, et sa gorge en cracha une longue plainte d'agonie. La douleur n'était pas chose qu'il expérimentait habituellement, et son effet le surprenait. La poigne ferme de son bourreau agrippa ses cheveux pour le relever.

« Vous me décevez Park, vous sembliez si raisonnables auparavant, quel gâchis. Dire qu'on aurait pu recycler ce corps pour du service domestique. »

Jimin ne se reconnaissait plus, sa peur s'était transformée en une intense rage de vivre. Plaqué face contre le plan de travail, il tentait de soustraire son corps à ce poids qu'exerçait l'homme. Il sentait sa chaleur répugnante, entendait le sourire salace dans sa voix et surtout son bassin qui se pressait étrangement puissamment contre le bas de son corps.

PLUTON | minjoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant