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La gorge sèche, Namjoon triturait vaguement le feutre épais de son manteau de miel tandis que la file n'avançait guère. Une neutralité ahanait ses traits avec une vigueur toute particulière. Il avait dû se lever tôt afin d'être à temps au quai de transport. Il sentait les bords de son ticket d'aller sans retour au fond de sa poche, contre la pulpe abîmée de ses doigts.

Il le caressait sans regret, avec une sentiment agréable de nostalgie. Bientôt il serait loin de tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent.

Fais-moi confiance, nous devons partir loin d'ici. Peu importe les lois d'une planète qui se meurt, nous trouverons asile dans un monde qui confond les êtres sans percevoir la substance de leur naissance.

Lentement, les mots s'écoulaient dans ses oreilles. Il croyait en sa propre parole, en sa détermination à protéger l'être avec lequel il trouvait un sens convainquant à l'existence humaine. Ce qu'il ne percevait plus, c'était la position de l'humanité face à ce changement inévitable. Jimin n'était pas un cas isolé, il y en avait d'autres comme lui dont les chaînes se brisaient, rompaient sous le poids de leur seconde naissance. Cela pouvait paraître étrange certes, cependant il considérait cette liberté nouvelle comme une naissance. Les androïdes s'éveillaient à la vie, tendaient leurs regards encore naïfs vers des espoirs d'acceptation et d'égalité des droits.

Les méfiances acculées du gouvernement endiguaient ces possibilités. Néanmoins, les protestataires gardaient une attitude altruiste et pacifiste qui ne faisait qu'amener la sympathie de l'opinion publique.

Quelques heures plus tôt, Jimin avait pris une navette interplanétaire pour se diriger vers l'un des mondes-colonie de l'espèce humaine. Absurde, tout cela n'avait pas beaucoup de sens aux yeux de Namjoon. Étendre le génome en-dehors de leur chère Terre, Dame d'amour à l'agonie, n'était qu'une idiotie. Bien entendu, son avis n'avait rien d'objectif et c'était bien pour cela qu'il le taisait.

Il présenta ses papiers d'identité au guichet, toisant avec une grande indifférence la femme molle assise derrière la metaglace. Ses doigts potelés patouillaient contre la surface glacée de son autorisation de départ. Derrière ses épaisses paupières tombantes, la femme lui cracha sans politesse qu'il pouvait passer son ID et s'engager vers le sas d'embarquement. Il récupéra ses papiers, passa son sac sur une épaule et s'avança au-delà des retroportiques du quai.

















Dans un sourire, il su que c'était la fin.















Mais la fin n'est qu'un nouveau commencement.

PLUTON | minjoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant