Ça fait désormais trois jours que j'ai appris que Thomas était atteint d'une horrible maladie. Que j'ai compris qu'il se bat quotidiennement contre lui-même, contre ses démons. Je n'ai échangé que quelques messages avec lui, depuis la soirée. Carl n'a répondu à aucun de mes messages, et je crois que c'est mieux comme ça.
"Salut Louise." me dit Thomas au volant de son véhicule noir.
"Salut." lui répondais-je simplement en bouclant ma ceinture.
Aujourd'hui il est venu me chercher, en bas de chez moi. Il avait envie de m'amener une nouvelle fois, sur la colline. Je n'ai évidemment pas refusé. On a encore roulé bien plus d'une heure. Jusqu'à arriver au plus bel endroit sur terre. Je descends de la voiture et Thomas m'imite. De ses doigts il replace ses lunettes de soleil sur son nez et il passe sa main dans ses cheveux.
Nous nous asseyons, au même endroit. Comme à chaque fois.
"Tu n'es plus avec Carl ?" me demande t-il.
"Non je ne le suis plus." répondais-je en baissant la tête.
Bizarrement je le sens sourire. Puis le silence s'installe entre nous. Je dois lui en parler, je dois savoir.
"Je sais pour ta maladie." dis-je doucement.
Il relève directement la tête vers moi et je sens déjà des frissons m'envahir.
"Comment est-ce que ?"
"Je le sais. C'est le principal."
Il prend une grande bouffée d'oxygène puis sa poitrine se dégonfle doucement.
"J'ai été diagnostiqué bipolaire à 8 ans. Quand mes parents m'ont amené à l'hôpital car j'avais encore fait une putain de crise et que je m'étais coupé le bras en ayant brisé des verres. Cela fait maintenant plus de 12 ans que tous les jours je prends ces fichus médicaments, qui sont censés me canaliser un minimum. Mais ça ne sert à rien. Quand mon démon veut prendre le contrôle, il ne demande pas l'avis aux médicaments. Il le prend, c'est tout. Et c'est là où se joue un grand combat dans ma tête, et dans mon corps. Il n'y avait qu'elle. Il n'y avait qu'Alissa qui n'avait pas peur de moi, qui savait me contrôler et me calmer. Au final, elle valait plus que tous les médicaments du monde. Maintenant je suis seul. Face à moi-même. J'essaie de survivre, chaque jour, même si c'est tellement compliqué."
J'ai de la peine. Beaucoup de peine. Cette situation doit être tellement compliqué. Puisqu'on sait tous la fin de l'histoire. On sait tous que les démons prennent de plus en plus de place, et qu'ils finissent par gagner. Tout est juste une question de temps, finalement.
"Ne dis pas ça, il y a surement un moyen de guérir, de calmer tous tes états."
"Il n'y a aucun moyen, Louise. Il n'y en a pas putain. Tu ne sais pas ce que ça fait. Tu ne peux pas savoir. On a pas la même chance hein. Toi tu as ta petite vie parfaite, mais c'est pas le cas de tout le monde ! " dit Thomas en haussant le ton.
Le jeune homme se lève du sol et il s'avance vers le vide. Mais il ne ralentit pas, il ne s'arrête pas. Je bondis et je cours vers lui.
"Thomas bordel rigole pas avec ça !"
Il est à quelques millimètres du vide. Je suis à quelques centimètres de lui. Il a écarté ses bras, et penché sa tête en arrière, prenant une grande bouffée d'air. Je n'ose pas avancer. Je ne veux pas lui faire peur ni qu'il avance ne serait-ce que d'un pas.
"Thomas.." chuchotai-je doucement.
Même si je ne vois pas son visage, je devine ses yeux rouges, son visage fermé et ses lèvres serrées. Ce n'est juste pas Thomas, mais son démon. Puis je me sens impuissante. Je ne suis rien, et ce n'est sûrement pas moi qui pourrait aider Thomas à s'en sortir. Sa posture est si déterminée que je sais qu'il en est capable.
Et je commence à pleurer. Car la vie est beaucoup trop injuste. Je renifle doucement, ne sachant quoi dire ou quoi faire.
"Viens, s'il te plait..." murmurai-je en tendant ma main vers lui.
Il se tourne doucement vers moi, et pose ses yeux sur mon visage. Il le détaille, et regarde mes larmes couler le long de mes joues. Puis il pose son regard sur ma main tendue, sans bouger. J'avance alors doucement vers lui, jusqu'à attraper sa main dans la mienne.
Heureusement. Il s'approche de moi pour m'entourer de ses bras. Ma tête est posée contre sa poitrine qui bat a une vitesse folle, pendant qu'une de ses mains caresse mes cheveux. Nous restons plusieurs minutes là, debout, à quelques centimètres du fossé.
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Elle m'a sauvé ce soir là.
--------------Puis nous nous sommes rapprochés de la voiture, et nous nous sommes recouchés dans l'herbe, l'un à côté de l'autre. Thomas est épuisé, je le vois car ses yeux clignent de plus en plus lentement. Son bras m'entoure toujours, et je me sens protégée. Il fait nuit noire, et seule la lumière des étoiles nous éclaire. Nos regards se croisent, et se détaillent, comme si nous cherchions à en savoir plus, à connaître quelque chose de l'autre. Puis l'attraction nous rapproche, et je sens son souffle caresser mes lèvres. Ses traits de visages sont détendus. Puis nos lèvres se rencontrent, et je découvre que les siennes sont particulièrement douces, et un peu sucrées. Quand nos yeux se réouvrent, Thomas sourit. Puis il se jette sur moi afin de joindre encore nos lèvres. Sûrement le meilleur baiser de ma vie. Quelque chose d'incroyablement intense. En quelques secondes, je me retrouve à califourchon sur lui, et ses mains froides caressent mon dos et jouent avec la fermeture de mon soutien gorge, m'envoyant des décharges électriques.
Quand j'ouvre les yeux, le soleil est déjà là. La vue est encore plus belle au lever du soleil. Je tourne la tête et je vois que Thomas dort encore contre moi. Je cherche mes vêtements puis je les enfile avant de sortir de la voiture. L'air est frais et il caresse mes cheveux. Un bon bol d'air frais. Après la folle soirée de la veille.
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P L A Y W I T H M E (Thomas Sangster)
Ficção AdolescenteDe : Inconnu Joue avec moi Hudson. A : Inconnu Pardon ? De : Inconnu Je suis sûr que tu es une grande joueuse. A : Inconnu De quoi tu parles ? Je devais la détruire, la mettre en miette. Mais c'est moi qui suis tombé. Elle a finit par gagner. ...