CHAPITRE 1

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6 janvier
« Et bien sûr avant de clore ce journal nous adressons une pensée aux victimes et à leur famille du spectaculaire crash aérien qui s'est produit à Paris Orly il y a un an jour pour jour. Rappelez-vous, Le 6 janvier 2014 un airbus en direction de New York explosa peu après son décollage. Ses 250 passagers périrent. Il n'y eu aucun survivant. »
Sinistre anniversaire, cette mémoire fit remonter les larmes aux yeux de Madeline, larmes qu'elle avait réussi à calmer quelques minutes plus tôt. Cela faisait un an aujourd'hui et elle ne s'en était toujours pas remise.
Le conjoint de Madeline faisait parti des victimes. Ils s'étaient fiancés une semaine plus tôt, puis Gabriel reçu quelques jours plus tard un offre qu'il ne pu refuser : un stage à Wall Street. Ils se seraient mariés 6 mois plus tard pour son retour. Tout cela leur paraissait si beau. Leur mariage était l'aboutissement de 9 années de relation et surtout la promesse que leur si bel amour demeure éternel. Ils s'étaient rencontrés dès l'enfance et étaient voisins, sont tombés amoureux au lycée et se sont découverts ensembles. Depuis ils n'avaient connu que très peu de bas pour énormément de hauts et ils avaient même pour projet d'avoir un enfant.

Les souvenirs de ce futur commun qui leur fut dérobé par la mort avaient forcé la jeune femme à ne pas aller travailler. Elle n'était pas en état de défendre ses clients et de leur assurer qu'ils gagneront leur procès. A vrai dire depuis un certain temps elle n'était pas en état pour tout, hormis peut être de rester dans son canapé à boire les bouteilles de vin blanc millésimé de la cave de Gabriel comme elle avait fait toute la journée. L'ivresse ne lui prodiguait même plus la gaieté. Elle n'avait pourtant pas pour habitude de boire régulièrement en journée, aujourd'hui était un jour spécial et elle tentait de comprendre pourquoi certains et certaines font de cet excès leur quotidien.

Il faisait nuit noire lorsque Madeline se fit violence pour sortir de son canapé et aller fumer une cigarette sur son balcon. Elle était adossée à la balustrade, regardant la rue. Sa petite terrasse donnait sur la Bibliothèque nationale et elle n'avait qu'à tourner la tête pour voir la Seine. Cependant ce ne fut ni les étoiles ni le fleuve qui attirèrent son regard, mais une silhouette familière au milieu des parisiens. Elle cru le voir de dos : sa tête brune aux cheveux disciplinés révélant son élégance naturelle, mais c'est quand qu'il fit volte-face que le sang de l'avocate se glaça. Ce n'était pas qu'une silhouette familière : c'était Gabriel, et il la fixait de ses yeux si doux. Comment était-ce possible ? Un fantôme ? Non, impossible, et puis le jeune homme avait l'air bien réel, normalement constitué et non grisâtre et transparent comme ils apparaissent dans les films de science fiction ou dans les feuilletons intitulés « Phénomènes paranormaux » diffusés en troisième partie de soirée. Non Madeline ne pouvait pas y croire, elle était beaucoup trop terre à terre pour cela , cela devait être quelqu'un qui lui ressemblait. Mais elle avait beau tenter de se raisonner, son regard était happé par celui du mystérieux homme et son pouls s'était, malgré elle, accéléré. Leur regard fut interrompu par un couple de lycéens qui marchaient en direction de Gabriel, ils ne semblaient pas le voir, à un tel point que le garçon passa littéralement à travers le grand brun. Madeline étouffa un cri. L'effroi lui en fit lâcher sa cigarette brûlante qui lui tomba sur le pied, elle détourna alors le regard un instant en grimaçant pour ramasser sa dose de nicotine. Lorsqu'elle scruta à nouveau la rue, son amant défunt avait disparu.

La jeune avocate attendit bien une heure sur son balcon, vidant son paquet de blondes, espérant une réapparition de Gabriel. Elle avait exactement à l'esprit l'image du jeune homme au milieu de la foule la regardant, comme si son cerveau l'avait photographié et plus elle se remémorait la scène plus elle était sûre qu'il s'agissait de lui. Elle retrouvait tout chez cette apparition : sa prestance naturelle, ses traits saillants et anguleux qui aurait pu lui donner un visage dur s'il n'avait pas été surplombé par ses yeux marrons si doux. Elle connaissait également cette façon de la regarder, elle avait cru pouvoir lire beaucoup de choses dans son regard ; de la tristesse, de la peur, du regret mais surtout de l'amour.

Non, tout cela n'était pas possible. « Tu dérailles Maddie. » s'entendit-elle penser. Elle se persuada que son esprit lui jouait des mauvais tours, cette journée était particulière et une hallucination était probable. Elle détourna les yeux vers la bouteille de vin siégeait sur sa table à manger, l'alcool pouvait également y être pour quelque chose.

Elle finit par aller se coucher, bouleversée et profondément peinée. Croire le revoir fut comme un second coup de poignard faisant remonter tout ce qu'elle avait tenté d'enfouir. D'autant plus que cette apparition ne faisait que valider le triste constat qu'elle dressait depuis plusieurs mois: elle perdait l'esprit et sa lucidité. 




NA: était-ce vraiment Gabriel selon vous? quel impact cela va-t-il avoir sur Madeline? merci de votre lecture <3 

Les Amants de TeruelWhere stories live. Discover now