Les Amants de Teruel

CHAPITRE 3

7 février

Madeline fut réveillée par le doux soleil méditerranéen. Son premier réflexe après avoir émergé fut d'ouvrir sa fenêtre laissant la brise iodée du matin emplir ses narines. Son premier réveil niçois était bien différent de ceux qu'elle eut à paris toute sa vie. Le bruit des voitures et des klaxons des travailleurs en retard avaient laissé leur place aux bruit des commerçant du marché aux fleurs prenant leur place habituelle. La jeune avocate avait fait l'acquisition d'un modeste appartement trois pièces d'une petite cinquantaine de mètres carrés dans un immeuble typiquement niçois en plein cœur du vieux Nice.

Elle était arrivée la veille et n'avait pu commencer à déballer que le strict minimum. De toutes manières, la jeune femme n'était pas arrivée trop chargée, elle s'était en effet débarrassée de nombreux meubles et babioles cherchant la nouveauté à tout prix. Ses nouveaux meubles en kit étaient arrivés la veille au soir et voyant toutes des boîtes recouvertes de savants schéma de montage, la jeune femme savait quoi faire sa journée. A vrai dire, cela faisait longtemps qu'elle voulait se débarrasser de toutes les décorations guindées de Gabriel. C'était leur seul point de discorde, elle trouvait les meubles Louis XV et autres dorures pleines de fioritures, encombrantes et utilisés à trop forte doses. Elle était toute enjouée à l'idée de pouvoir enfin créer son chez-soi, dans des tons apaisants, offrant un côté industriel et à la fois réconfortant à cet appartement. Cela faisait longtemps, à vrai dire que quelque chose ne l'avait pas autant enthousiasmée. Et elle allait pouvoir profiter de sa petite semaine d'acclimatation et d'emménagement avant de commencer dans son nouveau cabinet pour s'y atteler.

Mais avant de s'attaquer au casse tête que sont les meubles du géant suédois, Madeline, au saut du lit, enfila un legging de sport et un lycra, couvrit ses oreilles de son casque audio et partit courir sur la promenade des anglais rythmée par le dernier album de Florence + The Machine. Cela faisait un mois que la jeune femme avait retrouvé cette habitude et qu'elle s'efforçait de retrouver un rythme de vie sain, nécessaire à sa reconstruction. Cette hygiène de vie commençait à porter ses fruits; la jolie brune reprenait du poids.

La capitale Azuréenne était totalement sortie de son éveil lorsque Madeline regagna sa nouvelle demeure. Elle gagna ensuite sa salle de bain toute équipée et se déshabilla, c'est sur le court chemin vers la douche qu'elle croisa son regard dans le grand miroir qui siégeait dans sa salle de bain. Elle prit le temps de regarder son reflet, cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas vue. En effet, ne supportant plus la vision de son corps à l'abandon, elle avait banni tous les miroirs de son ancien appartement. La jeune femme se redécouvrait, à commencer par son visage : sa mâchoire marquée, ses joues légèrement creusées, ses lèvres pulpeuses naturellement framboises, sa peau mate héritée de ses origines espagnoles, son nez fin doucement retroussé, ses yeux verts en amande, le tout couronné par des longs et indomptables cheveux bruns. Son regard descendait alors observant son corps nu. Ses clavicules ressortaient encore trop, souvenir de sa perte de poids, ses bras fins, sa poitrine ferme dont elle ne s'était jamais plainte de la taille, ses côtes commençant à se camoufler à nouveau, son ventre plat se remusclant, sa taille marquée faisant ressortir ses hanches féminines, ses fesses redevenant rebondies et enfin ses jambes retrouvant leur ligne et leur fermeté. Cette vision des progrès que faisait son corps fit doucement sourire Madeline, marquant alors le dernier détail de son anatomie ; ses fossettes qui n'étaient pas apparues depuis bien longtemps.
Ce simple fait d'être à nouveau capable de s'accepter apporta une bouffée de confiance en soi à la jeune femme. Elle se sentait enfin apte à rencontrer de nouvelles personnes, à recevoir de l'intérêt, à être reconnue dans son travail ou encore à se sentir désirée. Après tout elle n'avait que 26 ans et elle vivait déjà comme une quinquagénaire dégoûtée du monde. Elle ne sortait plus, refusait le contact humain et devenait l'opposé de tout ce qu'elle avait toujours été. Cette sombre hallucination du mois passé avait fait réaliser à Madeline la tournure que prenait sa vie. Elle était entrain de se ressaisir et était décidée de tout reprendre sur de bonnes bases.

La jeune femme passa le reste sa journée à aménager son chez-soi. Elle s'était appropriée l'appartement ancien et son haut plafond. Il était aux alentours de 19h et la nuit tombait lorsque la jeune femme était sur sa terrasse mangeant son assiette de pâtes et regardant l'oeuvre de son après midi. De grande porte du balcon elle voyait en effet la totalité de la pièce à vivre ouverte sur la cuisine. Elle était satisfaite de la vue d'ensembles et il en était de même pour la pièce lui servant de bureau et sa chambre. Le fait de, grâce à la douceur méditerranéenne, pouvoir manger dehors en février réjouissait encore plus la jeune femme. L'air était pur ici, elle se sentait revigorée.

C'est donc dans cet état d'esprit apaisé qu'elle choisit de franchir un nouveau pas dans sa reconstruction. Ce soir elle allait sortir, rencontrer des gens, se distraire.

Après avoir fini son dîner elle partit donc se préparer. Elle choisit d'enfiler un jean droit taille haute brut ainsi qu'un chemisier fluide banc déboutonné de façon à entrevoir le haut de sa poitrine. La jeune femme se maquilla ensuite légèrement, ces gestes qui faisaient partis de son quotidien quelques temps auparavant lui semblaient inconnus, elle avait l'impression de redevenir une adolescente découvrant le monde de la beauté. Sa mise en beauté laborieuse lui prit plus de temps que prévu, ainsi il était 21h passées lorsque la jeune femme chaussa ses talons noirs, mit son manteau long noir sur ses épaules et prit son sac sous le bras avant de sortir de son immeuble. 

NA: de nouveaux personnages arrivent, promis. merci de votre lecture <3