III

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     Cher Tao,

     Je...j'ai longuement réfléchi, vois-tu. Durant un incalculable nombre de mois, d'années à souffrir jour après jour. Au sein de mes souvenirs les plus lointains, lors du commencement, il me semble que je comptais ces fameux jours, un par un, en tentant de me rassurer. J'y croyais presque, croire à la fin d'une longue période de douleurs affligées. Je me disais : « Ça s'arrêtera bien ! ». Quand ? Je me la pose encore cette question. On a beau être le gentil de l'histoire, le grand courageux qui essaye en vain de changer, on reste celui qu'on est aux yeux des autres. Au final, "le courageux" n'est rien d'autre que "le minable", "le faible" ou encore "l'invisible" parfois. C'est toujours comme ça que cela se passe aux yeux des autres, toujours avec les autres. Tu veux que je te la dise ? Hein ? Cette foutu vérité ! Le rejet. Ça fait une éternité qu'il est présent, et pas seulement depuis mes onze ans, on va dire qu'il a seulement empiré. Il... Il est comme encré en moi au marqueur indélébile. Il est toujours resté permanent. Il me colle à la peau. Quant à mes "amis", le jour d'après, m'ont tourné le dos.

TaoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant