II

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     Cher Tao,

     J'écris désormais ma seconde lettre. Oui je suis toujours dans ce train, où j'attends mon heure arrivée avec impatience. Il y a à peine quelques minutes, un homme d'âge mûr s'est permis de me saluer et de me demander l'heure. J'ai toujours eu le droit à ce genre de situations et la panique était toujours présente. On a beau s'efforcer de parler, de répondre à une demande, cela reste peine perdue. C'est alors, dans ces moments-là que je sens les battements de mon cœur raisonnés en moi d'une force inouïe, cognant contre ma cage thoracique et bloquant ma respiration. Je panique alors, parfois, je fais de l'hyperventilation. Cette fois-ci, ça ne m'est pas arrivée même si j'ai, en effet, encore paniqué. Peut-être que le fait de t'écrire me rassure ? J'ai l'impression de t'avoir près de moi au final. Néanmoins, j'ai tout de même retenu mon souffle et j'ai attendu. Je ne peux rien faire d'autre après tout. Alors il a continué de me regarder longuement puis son expression s'est mise à évoluer. Il est passé d'un visage bienveillant à un visage outré, comme s'il me trouvait arrogant. Que dire de plus ? Rien bien évidemment. Il s'en est allé en me murmurant des injures. L'instant d'après, j'étais redevenu l'invisible.

     Crois-le ou non, je reste toujours cette personne à part. Mes parents m'ont également abandonné, enfin...je vis encore avec eux mais ils sont persuadés que l'on ne peut plus rien faire pour moi. C'est horrible, n'est-ce pas ? Si peu d'espoir, même au sein de sa propre famille. Je suis voué à l'échec comme le dit mon père, je suis un enfant déplorable. Et à force de l'entendre, j'ai fini par y croire. Toutefois, ça n'a pas toujours été comme ça. Avant, j'étais chéri par mes proches, par eux, mes parents. Mon père qui axé sur les études, disait que j'étais prédestiné à un grand avenir alors que je n'avais encore que neuf ans. Sans me vanter, j'ai toujours été un surdoué. A ce jour, tu te doutes bien que ce n'est plus le cas. Il faut avoir de la force mental, de la motivation mais aussi parfois de la communication pour pouvoir converser avec ses professeurs. Je me remémore souvent cette époque, j'avais...des amis, ou plutôt, des camarades qui ne me portaient pas suffisamment dans leur cœur pour me garder.

     Je me souviens de ce jour qui a changé ma vie, ce jour où je me suis réveillé, me suis levé et préparé pour aller au collège. Ce jour où j'ai pris le chemin de l'école sans jamais croiser personne à qui dire bonjour. Ce jour où quand je me suis rentrée dans la classe et que j'ai souhaité saluer mon professeur et que je n'ai jamais pu lui dire ce simple mot. Lorsque j'ai ouvert la bouche pour prononcer cette belle salutation et que je n'arrivais pas à parler, j'ai juste cru, au début, que j'avais une extinction de voix, que je devais prendre simplement du sirop pour la toux. Ce qui s'est avéré par la suite m'a chamboulé. J'avais beau attendre des jours et des jours, mon état reste inchangé. Ma voix s'en était allée pour me laisser dans le désarroi le plus total. En vu de ce qui m'arrivait, je ne pouvais ne m'attendre qu'au pire. Comment se passeraient les jours suivants ce tragique incident ? A cet instant précis, je me suis demandé si la décision que je voulais prendre la veille n'avait pas influencé la suite des événements. C'est ainsi, que j'ai nommé ce jour : le jour d'après. Je crois que, je me suis, pour ainsi dire, bloqué. C'est à ce moment que tu dois sûrement te poser des questions. En effet, je ne suis pas atteint d'une maladie qui m'aurait été transmise de je ne sais qu'elle façon par je ne sais qui, je ne suis pas non plus né avec ce gêne, non. Je vais te laisser y réfléchir, qu'est-ce que je peux bien vouloir dire par : « je me suis, pour ainsi dire, bloqué »

TaoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant