« - James ? C'est à toi. »
Une femme brune d'une vingtaine d'années s'est montrée dans l'embrasure de la porte. Elle portait de larges lunettes noires qui lui tombaient sur les joues. Ses cheveux étaient châtain clair, lisses. Leur longueur n'était pas suffisante pour toucher ses épaules. Ses lèvres étaient pulpeuses et ses yeux profonds. Elle portait un tailleur taupe et une jupe crayon noire. Elle était plutôt charmante. James l'a à peine regardée et s'est levé pour la rejoindre, prenant son sac en main. Sa mère restée sur sa chaise le suivait du regard avec inquiétude. La porte s'est refermée. Chacun s'est assis d'un côté et de l'autre d'un massif bureau en bois.
« - Tu as dû déjà l'entendre, mais je suis Mme Missonde et je suis psychologue. Mais si ça te fait te sentir plus à l'aise, tu peux m'appeler Alyssa. D'accord ?
- OK. »
Le jeune garçon a répondu d'une voix terne sans lever la tête vers son interlocutrice.
« - Je sais qu'on a dû te le demander beaucoup de fois déjà, je suis désolée mais tu veux bien me rappeler où tu te trouvais au moment de...
- Dans les couloirs. J'étais au troisième étage quand l'alarme s'est déclenchée, l'a-t-il interrompue. »
L'adulte a froncé les sourcils et fermé les yeux, comme à l'annonce d'une triste nouvelle.
« - J'ai entendu parler de toi. Je ne sais presque rien, je préfère toujours que le patient me parle de son plein gré. J'ai seulement su qui tu avais perdu. Toutes mes condoléances pour ce qui est arrivé à...
- Ne dites pas son prénom. Non. Je... »
Il s'est touché le visage, a pris une grande inspiration puis a expiré par la bouche.
« - À ta petite amie. »
L'adolescent lui a adressé un regard grave. Il faisait sombre dans la pièce. Une lampe posée au sol près de la porte diffusait une faible lueur jaunâtre. Les rideaux derrière le bureau n'étaient pas tirés. Le regard du garçon s'est posé sur eux.
« - Oh, tu veux que je tire les rideaux ?, a proposé la femme.
- Non, c'est bon, ça ira... »
Il n'avait pas dit un mot qu'elle s'était déjà dressée sur ses jambes pour le faire.
« - C'est vrai qu'on se voit mieux.
Elle lui sourit avec bienveillance et compassion alors que le soleil instable de février se frayait un chemin jusqu'à eux.
- T'es bien coiffé, plutôt beau gosse.
- Merci, a-t-il marmonné. »
Il était dans un des couloirs blancs du lycée. Léa arrivait en courant vers lui et passait ses mains dans les cheveux bruns de son petit ami.
« - Arrête, tu me décoiffes, j'ai mis du gel.
Il lui était difficile de s'imposer, poursuivi par le sourire qu'il portait en présence de la jeune fille à la tresse blonde.
- T'as pas besoin de gel, beau gosse. »
Et elle l'embrassait.
« - Est-ce que tu voudrais me raconter ? Tu as envie de me dire ce que tu ressens maintenant ?, l'a-t-elle ramené à la réalité. On met en place des cellules psychologiques principalement pour des cas comme le tien, tu sais. C'est une occasion à saisir. »
Mme Missonde n'obtenait pas de réponse. James n'essayait même pas d'en formuler une, il n'arrivait pas à y réfléchir. Il ne la fixait pas, son regard baladait à travers la pièce.
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Fausse alerte
Short StoryUne psychologue passionnée essaie d'en apprendre plus sur un adolescent après un après-midi éprouvant.