La vie doit continuer (2/2)

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James, 16h15

« - James ! Tu vas être en retard !

- Je me dépêche, m'man ! »

Il finit de chasser la mousse sur son ventre à coups de brefs jets d'eau et ferma l'arrivée d'eau après s'être mouillé les cheveux une dernière fois.

Alyssa lui avait donné rendez-vous à 17 h et durant ces deux derniers jours, il avait insisté une dizaine de fois auprès de sa mère pour annuler, mais elle ne l'avait pas laissé faire. Il regrettait de l'avoir appelée, d'avoir attiré une attention dont il n'avait pas besoin. Il ne voulait pas s'y rendre, même s'il savait pertinemment qu'Alyssa saurait lui parler.

Il posa ses pieds trempés sur le tapis de bain, s'empressa de se sécher et de s'habiller entièrement. Il avait pris l'habitude de couvrir son corps avant que la buée sur le miroir ne disparaisse, pour qu'il n'ait pas à se regarder.

Sa mère le suivit dans sa chambre et le coiffa au sèche-cheveux, une nouvelle habitude qu'ils avaient pris puisque James voulait mais ne savait pas s'en servir.

Pourtant prêt en avance, James passa presque vingt minutes de plus dans sa chambre à répondre sur son téléphone à des messages sans intérêt.

« - James ! T'es en retard !

- J'arrive, m'man ! »

Il arriva après cinq minutes d'inaction pour s'asseoir à la place passager de la voiture de fonction de sa mère.

« - Il faudra que tu penses à lui parler de l'hôpital, et de ton anniversaire.

- Oui, maman, lui répondis-je d'un ton plat.

- Parle-lui des autres psy aussi !

- Je leur ai jamais parlé, de toute façon.

- Justement.

Elle s'était à peine donnée le temps de respirer qu'elle enchaîna :

- Dis-lui aussi que je me tue à te faire aller la voir depuis Léa et que tu t'es décidé que maintenant, parle-lui de moi, je veux savoir si j'ai fait les choses correctement.

- Évite d'utiliser « Léa » pour parler de sa mort, s'il te plaît.

- Désolée.

- Et si tu veux son avis sur ton rôle de mère, prends un rendez-vous, non ?

- Peut-être bien, ouais.

- Parfait. Arrête de paniquer, je saurai quoi dire.

Ce qui était un mensonge. En réalité, il savait seulement que la psychologue réussirait à lui faire dire ce qu'il avait besoin de lui dire.

- Je panique pas.

- Tout va bien, alors.

Elle acquiesça d'une voix distraite, bouche fermée.

- N'oublie pas de démarrer.

- Effectivement, dit-elle en tournant les clés dans le contact. »

Alyssa, 17h07

« - ... parlé à votre mari de votre viol ?

- Non, avoua le patient.

- Vous allez le faire ? »

La gêne s'observa sur son visage. Il n'en avait aucune idée, même s'il le fallait, c'était prendre un risque trop grand qu'il ne voulait pas assumer.

« - Je vois, compatit Mme Missonde.

- Je crois que je vais rentrer, enchaîna le patient en se levant.

Fausse alerteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant