10. Dans l'avion

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Monsieur Lebrun ne put retenir un léger sourire en voyant Charles et Éric monter dans l'appareil. Les deux garçons étaient tellement influençables, une fois que l'on comprenait comment ils fonctionnaient. Sans attendre, il commença l'explication de la mission :

-Vous allez-vous rendre en France, dans un petit village du nom de Tudal. Là-bas, deux jumeaux ont attiré nos radars. De ce que nous savons, le garçon, Léo, se faisait brutaliser par des jeunes adultes. Soudain, il avait disparu pour se retrouver au côté de sa sœur, Claire. Ils se sont enfuis de chez eux, mais je pense qu'ils sont toujours dans le coin

-Pourquoi nous ? Ils ne sont pas dangereux, une équipe d'intervention suffirait, s'étonna Ororo

-C'est vrai, c'est pourquoi j'aimerais que ce soit la première mission de Charles

-Vous saviez que j'allais accepter, soupira le télépathe, après, on dit que c'est moi le manipulateur

-Je l'espérais grandement. Il y a une raison autre cependant, Louis connait bien la région et parle la langue. Cela ne serait donc pas trop compliqué

-Vous êtes une école de mutants, dont certains spécialisés dans la mécanique et vous n'êtes même pas capable de détecter les mutations ? Demanda Charles, surprit

-Disons que nous n'aurions personne pour le faire fonctionner

-Charles pourrait ! S'exclama Louis, il est capable de savoir où se trouve chaque individu sur une large étendu !

-C'est vrai ?

-Que les personnes que je connais, répondit Charles, mal à l'aise

-Nous devrions y aller. Directeur, nous ramènerons Léo et Claire s'ils le souhaitent, interrompit Éric

Le jeune homme avait senti son meilleur ami se tendre, ne voulant pas continuer à discuter sur le sujet. Ororo acquiesça et le directeur quitta la navette, laissant le groupe partir en mission.

Dans le jet, Charles s'assit dans un fauteuil et serra les accoudoirs en entendant les moteurs gémirent doucement. En face de lui, Magnéto sourit doucement. Il ne l'avouerait jamais, mais il adorait quand son ami n'était pas le maître de la situation et de ses émotions.

L'avion décolla, direction la France, sous les commandes d'Ororo. Après plusieurs minutes de silence, Louis ne put se retenir :

-Vous allez voir ! Mon pays est génial !

-Nous n'allons pas faire du tourisme, signala Tornade

-Comment allons-nous les retrouver ? Ils ne doivent pas se balader au milieu de la ville, s'ils sont des mutants et je doute que nous puissions interroger les villageois, fit Charles

-En réalité, les gens sont plutôt bavardes, quand on sait s'y prendre, expliqua Éric, il suffit de leur expliquer une histoire plausible et de les débarrasser du problème. Cela étant, tout s'arrange !

-Mais il n'y a pas d'adulte parmi nous

-Je peux prendre n'importe quelle apparence, n'oublie pas, intervient Raven, habituellement, je me transforme en général Brad, notre vieux voisin. Personne ne le connait, mais il en impose. Éric et Ororo sont mes apprentis. Les autres restent toujours à l'écart. Devant le statut officiel, la plupart des gens nous aident. Ou sinon, Louis les embrouille un peu et cela suffit

-Une fois que nous avons les informations nécessaires, nous allons retrouver les mutants. La plupart du temps, c'est Sheng et moi qui les abordons, ajouta Camille, deux enfants ne semblent pas être dangereux. Une fois le contact noué, les autres nous rejoignent. A partir de là, nous les ramenons à l'institut

-Je croyais que ce n'était pas obligatoire ?

-Pour le moment, personne n'a refusé

Charles acquiesça aux explications. Le voyage devant durer plusieurs heures, les jeunes entreprirent de se reposer, en cas d'une éventuelle bataille. Cela arrivait parfois. Les adolescents mirent de la musique et le télépathe tenta de se détendre.

Il ne se sentait pas à sa place dans les airs, sans lien avec la terre. Habituellement, il sentait une multitude de conscience autour de lui. Mais à cette altitude, il se sentait étrangement seul, comme isolé. Il avait l'impression d'être dans un puit sans fond.

Soudain, une main se posa sur la sienne et Charles ouvrit les yeux, qu'il ne se souvenait pas d'avoir fermé. Aussitôt, une foule d'information lui arrivèrent. Il sentit la panique de l'équipage, la pression de l'air, les hurlements des sirènes. Pourtant, au milieu de tout ce chaos, la voix grave, distincte et calme d'Éric l'interpela :

-Charles, tu dois te contrôler

-Que se passe-t-il ?

-Tu as pris le contrôle d'Ororo et de l'avion. Nous sommes en train de plonger en piquet vers la terre. Tu dois te détendre

-Je... Je ne sais pas comment faire !

-Focalise-toi sur moi, sur ma respiration. Voilà, comme cela. Détends-toi. Concentre-toi sur ma voix. Doucement, voilà

Peu à peu, les mots d'Éric firent leur effet et Charles relâcha la jeune femme et l'appareil. Aussitôt, elle reprit le contrôle et fit remonter l'avion à une altitude moins dangereuse. Ils avaient évité la chute d'une centaine de mètres.

De son côté, Éric laissait Charles se raccrocher à son cerveau, par leur étrange lien. Il comprenait les émotions de son ami, pour les avoir déjà vécus. Enfant, il avait parfois été enfermé dans une pièce totalement constituée de plastique, pour l'empêcher d'utiliser son pouvoir. Il avait alors tiré sur sa mutation, pour retrouver cette sensation de sécurité que lui procurait son élément. Et cela était la même chose pour le télépathe. Bien que détestant sa mutation, il n'arrivait pas à concevoir le monde sans.

Le reste du trajet se passa calmement. Refroidi par la crise de panique de Charles, les jeunes restaient sur leur garde. Éric, lui, laissait son attention vagabonder. Sa mutation réagissait avec celle du télépathe et lui faisait capter le moindre champ magnétique existant. Il ressentait celui de chaque métal, mais aussi celui interne à chaque individu.

Quand l'avion piqua du nez pour se poser, il ressenti d'autant plus le champ magnétique terrestre, comme un inépuisable flux de puissance. Soudain, alors qu'ils s'approchaient du sol, un nouveau type de magnétisme attira son attention. Il se trouvait à la limite de sa conscience et avait une forte similitude avec lui. Attiré, il se connecta un instant à cette différence, avant que Louis ne le ramène dans son corps terrestre et s'exclamant :

-Hé ! On est arrivé !

Éric cligna des yeux et remarqua qu'ils étaient ancrés dans ceux de Charles. Légèrement honteux de s'être laissé aller, il retira sa main de celle de son ami et se leva, avec l'intension de quitter l'avion. La voix du télépathe l'arrêta :

-Qu'est-ce que c'était ?

Ecole pour jeunes surdoués [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant