13. Promesse

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Charles était étendu sur son lit, les bras passés derrière sa nuque. Il repassait encore, dans sa tête, la scène. Les accusations de Louis lui avait fait mal, très mal. Ce n'est pas parce qu'il avait conscience de ce qui l'entourait qu'il était omniscient. Comme il lui était simple de tout savoir et facile d'entrer dans les esprits, Charles était facilement manipulable, une fois qu'il accordait sa confiance à quelqu'un. En effet, il arrêtait de le sonder, de chercher une explication à chacun de ses actes. Cela ne lui était pas arrivé souvent, mais il se souvenait encore des claques qu'il avait prises.

Soudain, la porte de sa chambre s'ouvrit. Avec étonnement, il vit Eric entrer. Il pensait que sa technique pour repousser les intrus étaient infaillible. Ce que confirma le jeune.

- Pourrais-tu lever ton interdiction d'entrer dans l'étage ?

- Comment es-tu entré ?

- J'ai simplement ouvert la porte ?

- Comment ? Personne ne peut briser mon désir d'isolement, comment as-tu fait ?

- Je n'en sais rien et très franchement, je m'en fiche. Alors, lève ta manipulation.

- C'est fait, maintenant, répond-moi.

- Je t'ai dit que j'en avais aucune idée ! Et puis, à quoi ça te sert de le savoir ? Avoir une nouvelle manière de nous contrôler ?

Les mots d'Éric résonnèrent durement à ses oreilles et lui firent beaucoup plus mal que ceux de Louis. Il n'avait jamais imaginé qu'Eric lui tourne le dos ainsi. Il n'avait jamais compris à quel point il était attaché à lui. La douleur qui lui perça le cœur le fit se lever et se planter devant Eric, le dévisageant.

Avec une certaine appréhension naissante, Eric avait vu Charles se lever et venir vers lui. Ses yeux c'étaient ancrés dans les siens et ses pupilles c'étaient cerclées de noir. Pourtant, le télépathe se reprit et quitta la chambre en vitesse. Sans se soucier du bruit qu'il faisait, il descendit les escaliers en vitesse. Reprenant ses esprits, Eric se lança à sa poursuite. Il réussit à le rattraper dans la cour, où les jeunes s'écartaient devant eux. Alors qu'il tendait sa main pour attraper le poignet de Charles, le plus jeune l'arrêta d'une voix dure.

- N'essaye même pas.

Levant les yeux vers lui, Eric remarqua avec stupeur le pouvoir émaner de Charles. Il était littéralement visible. Des vagues d'un noir plus foncé que la suie s'échappait de son corps. Sans ressentir la puissance comme Camille, Eric comprenait toutefois la dangerosité de la situation. Il tenta de calmer la situation.

- Ecoute, je ne voulais pas t'insulter ou te blesser.

- Vraiment ?

- S'il te plait. Je suis désolé, Louis aussi, j'en suis certain...

- Vous n'avez pas à l'être.

- Quoi ?

- Vous n'avez pas à être désolé. En réalité, je devrais même vous remercier, vous m'avez ouvert les yeux, tous les deux. Je pensais avoir ma place ici, mais je me suis trompé, ce n'était qu'un doux rêve. Je ne suis pas comme vous. Depuis des années, j'essaye de ressembler aux humains, ça n'a jamais marché. Là, j'ai essayé de ressembler aux mutants, pensant que vous étiez différents, mais en réalité, vous êtes aussi pathétiques qu'eux, tous dans votre genre.

- Alors quoi ? Tu vas partir ? Fuir ? Encore ?

- Fuir ? Non, je vais prendre la place qui me revient. Pourquoi devrais-je me soumettre à la loi des hommes, alors qu'ils ne peuvent rien contre moi ?

- Tu vas les contrôler ? Nous contrôler ? Tu ne pourras pas !

- Vraiment ? Comment le sais-tu ? En plus d'être un aimant, tu lis l'avenir maintenant ?

- Je te connais ! Tu...

- Tu me connais ? Sérieusement ? Tu ne sais rien de moi ! Rien !

- Je sais que tu ne dors plus depuis tes quatre ans, depuis un cauchemar où tu voyais ton père tuer ta mère et qu'en te levant, tu as vu que tu l'avais envouté dans ton sommeil et qu'il a faillit l'assassiner. Je sais que tu adores les groseilles et les prunes et les pommes, mais que les vertes. Je sais que tu adores regarder les fourmis et tenter de comprendre leur cerveau, que tu manipules les esprits pour ramener la joie, que tu fais rire les bébés dans la rue. Je sais que tu es un éternel optimiste. Je sais que tu es quelqu'un de bien Charles et cela suffit. Je ne sais pas de quoi tu as peur, de ce à quoi tu penses et je m'en fiche. A mes yeux, tu es mon ami et même mon meilleur ami et cela me suffit. Je n'ai pas besoin de tout comprendre pour dire ça, comme je n'ai pas besoin de dire que je sais tout de monsieur Lebrun pour lui faire confiance.

- Faire confiance ne sert qu'à être déçu. On finit toujours par découvrir quelque chose chez les autres.

- Et alors ? C'est une raison pour abandonner ? Tu vas passer ta vie à fuir tous les êtres humains, jusqu'à mourir seul ? Si c'est ton unique raison d'existence, crois-moi, suicide-toi maintenant, tu gagneras du temps !

- Tu crois que je n'ai jamais essayé ? Comme vous l'avez si bien compris, ma malédiction me garde en vie !

- Charles...

- Tu ne comprends pas ! Je suis un monstre ! Ce pouvoir n'est pas le mien ! Je l'ai pris... Parfois, j'entends leurs voix, quand il n'y a plus aucun bruit. Ils ont été tués par ma faute, pour que j'existe. Ils souffrent, ils sont dénaturés car je ne suis pas capable de les libérer... Je ne peux rien faire pour les aider...

- Et c'est en abandonnant que tu vas les aider ? Si ce que tu dis est vrai, alors tu devrais plutôt apprendre et comprendre tes pouvoirs, tous et peut-être que tu pourras les aider. Mais si tu fuis, cela n'arrivera jamais.

- Comment faire ?

- Je n'en ai aucune idée, mais on trouvera, je te le promets.

- Promis ?

- Je t'en fais le serment.

Charles releva les yeux vers Eric. Il lisait en ce dernier une confiance absolue. Son ami ne l'abandonnerait pas, pas comme les autres. Charles le sentait. Alors, pour la première fois de sa vie, il reprit le contrôle de lui-même et géra sa crise, sans cachet ou sans exploser, simplement en sachant que quelqu'un serait toujours là pour lui.

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Voilà, fin de l'histoire. J'espère qu'elle vous a plu !

N'hésitez pas à me faire un retour !

Ecole pour jeunes surdoués [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant