La femme de ma vie

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Khalil Gibran à écrit que tout homme aime deux femmes. L'une est le fruit de son imagination, l'autre n'existe pas encore. Je dirai que j'en aime une troisième, celle qui a pour seul atout de ne pas m'aimer en retour. La femme de ma vie.

Elle a les cheveux qui dans une cascade ondulée viennent s'écraser sur sa croupe joliment courbée, elle a deux yeux félins qui percent les hommes en un bref mouvement de paupière. Elle me rappelle la clope, celle que je fume au réveil, celle que je fume avant de m'endormir, celle qui me fera mourir jeune. Elle a une bouche fiévreuse de désire, elle a des sourcils finement dessinées qui viennent piqués sur son nez fier et vaniteux de l'élégance de ses narines rondes et discrètes. Elle me rappelle le fond de la bouteille, celui qui me fait déverser mon dîner jusqu'au crépuscule, celui qui étale mes démons sans pudeur, celui qui me fait tomber amoureux du décolleté d'une inconnue, celui qui me fait cracher ma solitude dans les larmes. Elle a le menton prétentieux, droit dans son élégance, elle a la démarche sauvage dans son jean qui moule son corps aux courbes crémeuse. Elle me rappelle ma première virée en moto, celle qui, le vent dans les yeux, m'a faite sentir libre, celle qui en perçant le silence plat de la nuit m'a faite sentir roi, celle qui en me jetant dans le goudron, me laissant seul dans mon sang et l'huile de moteur m'a faite sentir rien. Elle a un souffle brulant de caractère qui se hisse innocemment entre ses lèvres pour rejoindre l'air frais, elle à deux genoux frêles, sculptés minutieusement dans ses jambes délicates qui frissonnent facilement sous la brise. Elle me rappelle ma tentative de suicide, celle qui m'a faite oublier la beauté de Charafa, l'amour de Clara et les yeux de Nayla, celle qui m'a rappelé la chaleur des bras de ma mère, le sourire naïf de ma sœur, le parfum de la chemise de mon père. Elle est belle, elle est passionné, elle folle, elle est dangereuse, elle est suicidaire, elle est sexy, elle est addictive, elle est torturée, elle est destructrice, elle m'a apprit à dormir moins, à manger moins, à fumer plus, à boire plus, elle m'a désiré, elle m'a rejeté, je lui ai fais l'amour, je l'ai frappé, elle m'a consolé, elle m'a fait pleurer, elle est une bénédiction, elle est une malédiction. Elle est une coupe dans la pellicule, elle est un trait de couleur caressant la toile, elle est une lettre jeté sur le papier, elle est une note vibrant sur la corde. Faire pleurer un inconnu, transpirer à pleine goutte sur scène, se sentir soulever par une foule d'applaudissement. Voilà ce qu'elle est. Modestement, elle se fait appeler l'art.

Sac de frappeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant