Sac de frappe

Un peu fou

Ce soir je suis un peu largué, fiévreux, fatigué, énervé, sale, humide, bourré, triste, parano, seul et un peu fou aussi, j'crois.

Ce soir, je suis fou pour le hurlement de nos désirs en cage, pour la peau frissonnante de tes cuisses, pour les fossettes réconfortantes de ton sourire, pour les conneries qu'on se dira, les vérités qu'on ne s'avouera jamais, pour les instants qu'on a volés, pour la vie qu'on nous a dérobé, pour le monde qu'on a refait dans nos nuits blanches, pour les lendemains de peau grasse, haleine de pisse, doliprane périmé et café trop corsé, pour les poumons qu'on s'est éprouvé à courir les boulevards, à fumer du shit et hurler dans nos orgasmes, pour ton âme de guérilla qui me brule la bouche quand je te baise, pour l'oreiller crado ou je me cache quand j'ai peur, pour la fenêtre poussiéreuse ou ton regard s'enfuit quand t'es triste, pour la fumée de ma clope, de ton joint, des incendies et des embouteillages, pour le pétrole des naufrages, des guerres, de tes yeux et de mon verre, pour les fautes de frappes de tes textos débiles mais mignons, pour mes coup fils alcoolisés maladroits mais touchants, pour tes collants déchirés un peu rock, pour ton maquillage de soirée un peu pute, pour tes couettes en arrière un peu gamine, pour mes lèvres gercés, mon cou stigmatisé, mon dos écorché, ta bouche bandante, mon look clodo, tes tatouages taularde, mon odeur crado, ton regard salope, ma gueule alcoolo, pour les déprimes qu'on s'est soignés, les beaux moments qu'on s'est gâchés, pour l'haleine de chiotte, la merde au coin des yeux et le filet de bave séché que tu te tape au p'tit matin, pour la demie-molle, les monologues dépressifs et la démarche boiteuse que je me traine en soir de bière, pour ton souffle révolutionnaire, pour tes yeux de résistante, pour le je t'aime que je t'ai susurré avant de jouir, pour le tu vas me manquer que tu m'as avoué avant de t'en aller.

Ce soir je suis un peu fou. Complètement fou. Complètement fou.