Outcast

Chapitre 3

Tout en descendant, je me surprend à récapituler toutes les options qui pourraient potentiellement m'empêcher de me rendre à ce rendez-vous :

- un tremblement de terre, ma rue se sépare en deux, impossible pour moi d'aller dans la rue d'à côté...
- une pluie de météorite, impossible de sortir de chez moi sans recevoir une pierre sur le crâne.
- une immense inondation, bon celle la serait contrôlée en 4 secondes chrono mais je peux toujours espérer.

Enfin bon, connaissant ma mère et sa passion pour Mme Sully, on s'y rendrait même si la cité tombait en ruine... La porte me paraît terriblement proche, tout comme ma mère... je doit avancer très lentement étant donné le regard noir qu'elle me jette.

- C'est à cette heure la que tu arrives ? Ça doit bien faire une heure que je t'appelle! Dépêche toi on va être en retard !

( Information de dernière minute, il est actuellement 13h05 et mon entretient hebdomadaire est à 14h30. Cela en sachant que Mme Sully habite à 2 minutes de chez moi et qu'avec l'excitation de ma mère elle n'habite plus qu'à 30 secondes ... )

Tête baissée et bras ballants, je passe le seuil de la porte presque jetée à l'extérieur par ma mère. Comme chaque semaine, mon corps avance sans intervention cérébrale, je sais ou je vais et mes jambes également. Nous passons devant le premier arbre, un grand saule pleureur, ses branches caressent ma tête en passant. Quand j'étais petite je demandais à ma mère de me porter pour atteindre ces branches et les sentir sur mes cheveux, je me sentais grande et vaillante, brillante et courageuse, au dessus de tout ce qui me dépassait à cette époque ( donc tout pour être précise... j'étais vraiment petite... )
Nous passons le second arbre, tournons dans la rue des coraux et arrivons au numéro 33, destination atteinte sans problème ... malheureusement.

Devant nous se dresse une majestueuse demeure en marbre blanc, rappelant les temples de l'antiquité, tout en restant dans un style architectural très moderne, le parfait mélange entre présent et passé.
La porte d'entrée m'a toujours impressionnée et m'impressionne toujours, sculptée dans le marbre également, elle ressort par sa couleur changeante. Je ne l'ai jamais vue de la même couleur bien qu'à chaque fois je lui fasse face à 14h25 précise. Aujourd'hui, c'est un violet changeant qui orne cette porte.

Nous entrons, et comme à chaque fois une voix nous appelle d'une autre pièce.

- Entrez entrez j'arrive dans quelques secondes, attendez moi dans le salon.
- Elle ne nous accueille pas ... pour changer, rajoutais-je à voix basse.

Cette maison est vraiment magnifique ! Je devrais peut être venir plus souvent ? Mais qu'est ce que je pense encore moi ? Venir plus souvent ? Et puis quoi encore ?
Et pourtant, je sentais déjà à cet instant que j'allais devoir y rester plus souvent. Pourquoi ? Je n'en savais rien. Pourtant, ce que je savais bien c'était qu'un pressentiment n'est jamais un bon signe ... enfin bon il est aussi très probable que je soie influencée par tous les livres que j'ai lu .

C'est donc avec de sentiment inquiet que j'avance dans le couloir principal. Je rejoins ma mère déjà assise sur un des énormes fauteuils du salon. Ces sièges sont les plus confortables qui ont jamais été créés ! Cest comme s'assoir dans un nuage, bien que je sache très bien qu'on ne peut réellement s'assoir dans un nuage, et oui ! Je suis attentive en classe, étonnant ?

Ces moments passés sur ces sièges sont l'unique raison pour laquelle je tolère le fait qu'elle ne soit jamais à l'heure. Déjà 15h et elle n'a pas encore pointé le bout de son nez. Quelques fois je me demande si elle ne se perd pas dans sa propre maison. Peut être que dans les rangées de tableaux et de meubles précieux elle s'y perd.

15h15, ah ! enfin un bruit. Le son de ses talons hauts résonne dans la maison. Et bien ce n'est pas trop tôt ! Encore un peu et on restait dormir !

L'écho s'estompe jusqu'à disparaître pour laisser place au son original, et par la même occasion à une silhouette féminine, Mme Sully se décide enfin à apparaître.