Chapitre 13

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Une voiture de police est garée dans l'allée. Je respire un grand coup pour calmer mon angoisse. Je marche, tremblante jusqu'à la porte blanche de ma maison. J'ouvre la porte et m'avance dans le salon. Ma mère me saute dessus et me prend dans ses bras. Elle se met à pleurer et je dois faire preuve d'une énorme volonté pour ne pas faire de même. Elle finit par se détacher de moi et me regarder. Elle pleure encore. Mon père l'attrape et l'a fait s'asseoir sur le canapé. Mon père a le visage fermé. Ses poings sont serrés. Sa mâchoire crispée. Et son tee-shirt rempli de sueur. Le policier s'avance vers moi et me tend la main.  

-Agent Marz, se présente-t-il, vous êtes Haziel Calderon ?

J'acquiesce.

-Asseyez-vous je vous prie.

Je prends place à côté de ma mère qui m'attrape la main. Toujours en pleure.

-Une plainte a été déposé soutenant une tentative de viole sur vous, commence l'agent en prenant place sur une chaise en face de nous, il est spécifié que quatre adolescents de votre lycée serait les auteurs de cette abomination mais aussi de votre blessure à l'arcade.

Ma mère se tourne vivement vers moi et tourne ma tête. Ce matin elle n'avait pas remarquer car j'avais réussi à plaquer mes cheveux pour la dissimuler. Elle passe un doigt autour de la plaie et pleure encore.

-Oh mon dieu, dit-elle en plaquant une main sur sa bouche.

L'agent se racle la gorge et continue.

-Pouvez-vous m'expliquer ce qu'il s'est passé mademoiselle ?

Mes larmes montent. Je ne veux pas y repenser et encore moins le raconter devant mes parents. Je me redresse et explique à contre cœur.

-Mardi, je voulais aller boire un chocolat au Paul's Bar  vu quej'avais du temps devant moi. Je marchais et quelqu'un m'a bousculé. Quand j'ai relevé la tête, il y avait quatre garçons devant moi. J'ai voulu partir mais...ils m'ont bloqué mes jambes et mes bras. Un des quatre a commencé à me déshabiller. Je le suppliais d'arrêter mais il était bien décidé. J'essaye de me débattre mais les garçons me bloquaient. Ils ont finit par me plaquer au sol et à me toucher.

Je plaque une main sur ma bouche pour étouffer un sanglot. Ma mère à la tête entre les mains et mon père vire au rouge. Je prends mon souffle calmement.

-Des filles filmaient la scène sur le côté. Et d'un coup, tout s'est arrêté. Un inconnu les avait fait fuir.

-Monsieur O'Brien. Ajoute l'agent. Mademoiselle, pouvez-vous me donner des noms.

Sans réfléchir, je m'exécute. Je ne peux plus mentir.

-Stefan Polé, Josh Stan, Tyler Claus, Dan Gil, Veronica Smith, Charlotte Boissier.

L'agent note tout sur son petit carnet. Il se lève et me remercie. Il promet de nous recontacter au plus vite. Mon père le raccompagne pendant que ma mère me prend dans ses bras, toujours en pleure. Je réussis à retenir mes larmes.

Mon père arrive et s'assoie à côté de moi.

-Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Demande ma mère.

-J'avais peur. J'avais peur qu'il me fasse vivre un enfer au lycée. Pire que d'habitude.

Mon père me stop net. Merde.

-Pire que d'habitude ? Me demande-t-il les joues bouillantes.

-Ils n'ont pas fait que ça...Il n'y a pas qu'eux. C'est tout le monde.

Je sors le papier de ma poche et le tend devant moi pour que mes deux parents puissent le lire. Ma mère se remet à pleurer et mon père serre les poings jusqu'à saigner à cause de ses ongles.

-Depuis le début de l'année ils me prennent pour cible. La classe entière se moque de moi, m'insulte, me bouscule, me font un tas d'horreur. Mais ça a été plus loin. Des photos ont commencé à tourner. Des photos de moi au toilettes prise par des filles de ma classe. Des photos retouchés aussi. Ma tête sur un corps nue. Je suis la pute du lycée.

Je fonds en larme. Mon père se lève brusquement et sors en furie. Maman et moi nous levons à la volé et le suivons. Il ouvre sa voiture et monte dedans. Je me mets à courir pour le rattraper. Je pose mes mains sur la vitre ce qui l'arrête dans sa lancée.

-Papa, que comptes-tu faire ?

-Pousse toi Haziel, je vais rendre quelques comptes.

-Non, descends de cette voiture, la police s'en occupe déjà, si tu fais ça, tu risques d'avoir de gros ennuis. Je n'ai pas besoin de ça en ce moment.

Mes larmes recommencent à monter. Je me demande comment je fais pour en avoir autant. Ça ne s'arrête pas. Il me regarde pendant un instant et enlève la clé du contact. Je soupire de soulagement. Il descend de la voiture et me prend dans ses bras. Je m'apaise aussitôt. Je me laisse emporter par les battements de son cœur. Par sa respiration. En me détachant de lui, je remarque que ses yeux sont rouges et qu'il pince ses lèvres pour se retenir de pleurer. Je dépose un léger baiser sur sa joue et nous rentrons. Je remercie papa de n'avoir rien fait et lui certifie que ses quatre enfoirés auront ce qu'ils méritent. La journée passe sans autres nouvelles du policier. Mes parents m'ont « interdit » d'école jusqu'à ce que tout ça ce soit calmé. Je monte dans ma chambre et enfile mon pyjama. J'appelle aussi Éloïse pour la rassurer et lui expliquer ce qu'il s'est passé avec le policier et que je ne viendrais pas en cour. Le lendemain matin, j'irai voir le proviseur avec mes parents pour lui expliquer que je ne viendrais plus en cour pour un laps de temps inconnu. Je raccroche avec Éloïse et file prendre un bain chaud. Je mets une série sur mon ordinateur en attendant que l'eau coule. Je ne pourrais donc jamais finir la série « Teen Wolf ». Je n'arrive plus à regarder Dylan jouer dans un film ou n'importe quoi. Je n'arrive même plus à regarder son visage sur une affiche. Cet acteur que j'admirais vient de bouleverser toute ma vie. Je place l'ordinateur sur le rebord de ma baignoire et plonge dans mon bain. Mes muscles se détendent aussitôt. Je n'avais pas remarquer à quel point j'étais contracté.Je m'immerge toute entière et laisse l'eau me nettoyer. En me redressant pour me laver, je constate que j'ai deux énormes bleu sur les avant-bras. Je les effleure du bout des doigts et tressaille. Les souvenirs reviennent une fois de plus. Je prie chaque seconde pour qu'elle disparaissent. Mais en vain. Elles reviennent sans cesse. Encore et toujours. Je me lave et sors précipitamment du bain. Les souvenirs m'ont donné la nausée. L'eau m'en devient désagréable. J'éteins la série et me sèche. J'observe plus précisément mes bleus. Ils virent au violet mais ne m'envoies aucune douleur. Je sens encore une fois le contact de leurs mains. Je tressaille. J'enfile mon pyjama et sors de la salle de bain. Je me glisse sous ma couverture quand j'entends le téléphone sonner. Je ne parviens pas à entendre la moindre bribe de conversation. J'entends des pas dans les escaliers. Plusieurs. On frappe à ma porte et ouvre tout doucement la porte. Maman et papa se tiennent dans l'entrebâillement de la porte, la mine déterrée. Je me redresse et leur demande ce qu'il se passe. Ils s'assoient sur mon lit et se tiennent par la main.

-C'était la police, commence maman.


Nos Destin En DésaccordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant