Chapitre 14

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-Je vous jure, je vous le promets que j'ai dit la vérité, dis-je prise d'horrible soubresaut.

Maman pose une main sur ma joue pour me calmer.

-On sait ma chérie. Ils ont dit qu'ils avaient entièrement niés les faits. La police n'a aucun droit tant qu'il n'y pas de preuve.

Je soulève les manches de mon pyjama et tends mes bras vers mes parents.

-Tenez, en voilà des preuves.

Maman et papa examine mes bras en se retenant de pleurer. Quant à moi, j'essaye de calmer mes larmes. Je tremble en tout point. Maman abaisse mes manches et remonte la couverture.

-Tu devrais aller dormir, on s'occupera de ça demain.

J'acquiesce, incapable de faire autre chose. Je m'enfonce dans mon lit et embrasse mes parents. Papa éteint la lumière et me laisse seule avec mes monstres. Je parviens à m'endormir seulement vers deux heures du matin. Les images n'ont pas cessé de tourner, les larmes n'ont pas cessé de couler et les pensées n'ont pas cessé de me torturer. Je me lève les cernes ballants sous les yeux. Je ne prends pas la peine de me maquiller pour aller au lycée. Je n'avale rien non plus et m'habille simplement d'un jogging et d'un pull. Malgré la chaleur, je me dois de cacher tout mon corps maintenant. Papa et maman sont inquiets en voyant ma mine. Je leur dis juste que je n'ai pas réussi à dormir à cause d'un prétendu mal de tête. Quand j'attrape la poignet de la voiture, ma main tremble. Je ne parviens qu'à ouvrir la porte avec une infime concentration. Le trajet se passe dans le silence le plus totale. Je n'ose pas bouger d'un centimètre de peur de m'effondrer. Les grilles du lycée apparaissent pendant que nous avançons. Mes parents se tiennent autour de moi, à la limite collé. Je marche les mains dans les poches, tête baissée. Mon père sonne à la grille qui s'ouvre immédiatement. C'est l'heure des cours alors personne ne traîne dans les couloirs. Une assistante nous accompagne jusqu'au bureau du proviseur, fermé. Elle nous prévient qu'il s'entretient déjà avec quelqu'un et qu'il va nous recevoir dans peu de temps. Maman s'assoit avec papa. Moi je me plaque dos au mur, tête baissée, tentant en vain de calmer mes tremblements.

Au bout d'une quinzaine de minutes, la porte s'ouvre sur un policier.L'agent Marz. Il nous salue et se pose devant moi.

-Haziel, j'ai une mauvaise nouvelle. Aucun des garçons n'a avoué t'avoir fait de mal. Je ne mets en aucun cas ta parole en doute. Mais ce matin, l'un d'eux ne s'est pas présenté au lycée.

-Laissez-moi deviner, Stefan.

-Oui, comment le sais-tu ?

Je frotte mes mains et relève mes manches pour me persuader de mes paroles. Je me mords la lèvre prise de doute.

-C'est lui qui a fait « le plus gros » dis-je en mimant les guillemets avec mes doigts. C'est lui qui m'a déshabiller et tripoté. Les autres n'ont fait que me maintenir.

Je remarque qu'il marque tout sur son carnet en me jetant de temps en temps un regard furtif. Je martyrise ma bague qui tourne dans tous les sens. Le policier continue de parler avec mes parents mais je ne comprends rien à ce qu'il dit. Je revoie encore et encore les quatre garçons sur moi. Stefan me déshabillant lentement pour pouvoir en profiter. Je les revois salir mon corps, me salir. Au bout d'un moment, mon père me tapote sur l'épaule pour me sortir de mes pensées. Je me tourne vers le policier, qui, visiblement, me pose une question depuis plusieurs minutes.

-Haziel, voudrais-tu être confronté à eux ? C'est à dire que les garçons seront en face de toi, nous autour on leur posera des questions et des qu'ils ne disent pas la vérité, tu interviens.

Je secoue la tête vivement. Je ne veux pas me retrouver en face de ces pourritures. Je refuse de devoir justifier leurs réponses. Je ne peux pas me confronter à eux. Le policier acquiesce et s'en va en m'ayant laisser son numéro de téléphone si je changeais d'avis. Impossible. Je glisse le papier dans ma poche et glisse ma main avec lui. Le proviseur nous fais rentrer dans son bureau. Il rajoute une chaise pour que nous puissions nous asseoir tout les trois. Je me place au milieu, mon père à ma gauche et ma mère sur ma droite. Ma mère torture sa anse de sac qu'elle tripote et tire dans tout les sens. Mon père reste stoïque. Il ne bouge pas d'un centimètre. Il garde les yeux fixé dans ceux du proviseur. Ma mère se racle la gorge et commence à parler :

-Haziel ne reviendra pas dans ce lycée.

Le proviseur passe une main sur sa bouche et joue avec son stylo dans les mains.

-Je comprends madame, mais les garçons et les deux jeunes filles seront exclus quand ils auront avoué. Elle ne craindra plus rien dans nos rangs.

Je garde les yeux fixés sur la ficelle de mon jogging. Je fais et défais le nœud sans arrêt.

-Non !Vous avez entendu Haziel, elle recevait des avances de plusieurs garçons. Il y avait des publicité pour coucher avec elle !

Ma mère commence à hurler et à pleurer. Ses phalanges deviennent blanches tant elle sert son sac.

-Tout le monde dans ce lycée l'a offusqué sous votre établissement !Elle changera de lycée à la rentrée et ne remettra plus les pieds ici.

Le proviseur fais tomber son stylo et garde les yeux rivés dans ceux de ma mère. Mon père n'a toujours pas ouvert la bouche. Il passe plusieurs fois la langue sur ses lèvres pour se réhydrater.

-Je pense que c'est à Haziel de décider.

Quand j'entends cette phrase, je me redresse les larmes aux yeux, au bord de l'évanouissement.

-Je veux juste que tout ça s'arrête. Je veux que tout se règle et que je puisse enfin être tranquille.

Je me lève et sors de la pièce. Je marche jusqu'à la voiture et attend, dos à ma portière. Mes larmes n'arrivent plus à couler. Je n'arrive plus à comprendre mes pensées. Elles sont trop nombreuses et trop éparpillé. Mes parents arrivent quelques minutes après.Mon père, Stanley, ouvre la voiture. Nous y rentrons en silence et personne n'ouvre la bouche pendant le trajet du retour. Arrivé à la maison, je fonce dans ma chambre et m'y enferme. Je ferme les volets,allume ma lampe de chevet et ma télé et plonge dans mon lit, les yeux trempés. Je suis à bout. Je ne peux plus supporter. C'est trop dur. Je m'enfonce dans mon lit et fixe la lumière en train de briller. On frappe à ma porte. Je ne réponds pas mais on entre quand même. Ma mère, Catalina. Elle s'assoit au bord de mon lit et me caresse le visage. Je me remets à pleurer. Elle me prend dans ses bras, elle aussi, au bord des larmes.

-J'en peux plus maman. Je veux que ça s'arrête.

-Je sais ma chérie, dit-elle en me déposant des baisers sur le haut de mon crâne. Tu vas rester là jusqu'au vacances. Je vais te payer des cours particuliers pendant le mois qui reste et après on te trouvera un autre lycée.

J'acquiesce sans vraiment avoir compris ce qu'elle m'a dit. Je ne veux pas réfléchir. Je ne veux pas savoir si j'ai envie de changer de lycée ou pas. Parce que, oui j'en ai envie. Mais j'ai tellement peur que ça recommence. Là, je ne tiendrais pas le coup.

Ma mère prend place à côté de moi. Nous mettons un film mais nous nous endormons toute les deux au bout de trente minutes.

Nos Destin En DésaccordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant