Chapitre 15

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Quand je me réveille, maman n'est plus là. J'entends que ça remue en bas. On frappe à la porte.

-Entrez, dis-je d'une voix endormi.

Ma mère rentre avec un plateau. Dedans, une tasse de chocolat chaud, une tartine grillé avec du Nutella et un verre de jus d'orange. Elle le dépose sur mes genoux. Je la remercie d'un bisou sur la joue. J'engloutis mon petit-déjeuner et me rallonge dans mon lit. Pendant mon régal, ma  mère est resté à mes côtés en m'observant. Son visage n'est pas comme d'habitude. Elle me considère avec pitié. À chaque fois qu'elle me regarde, j'ai l'impression qu'elle ne voit plus sa petite fille, mais sa fille qui s'est fait agressé sexuellement.

-Comment tu te sens aujourd'hui ? Me demande-t-elle.

-Un peu mieux. Ça me rassure de pouvoir rester à la maison. Mais je me sens toujours aussi mal. Je me sens toujours aussi sale.

Ma mère caresse mon visage.

-Je comprends. Je vais faire quelques courses, tu ne veux pas venir avec moi pour te changer les idées ?

Je secoue la tête. À chaque pas mes jambes menacent de lâcher. Chaque personne que je croise pour moi est susceptible de me faire du mal. Je n'ai pas le courage. Je ne peux pas encore. Ma mère me dépose un baiser sur mon front et sort de ma chambre en me disant qu'elle reviendra dans une petite heure. Mon père est parti au travail alors que je dormais et ne revient que tard ce soir. J'insère mon film préférée dans mon lecteur DVD et m'enfonce dans mon lit. Je n'ai pas touché à mon téléphone depuis que le policier est passé à la maison. Je l'ai laissé prendre la poussière sur mon bureau.Quand je me lève pour aller le chercher, j'hésite. L'histoire avec Dylan n'a fait qu'empirer et les messages n'ont pas cessé. Je l'attrape quand même et l'allume. Je me replonge dans mon lit et lis les messages que j'ai reçu. J'en ai eu plusieurs d'Éloïse qui s'inquiétait. Je lui envoie un message pour la rassurer. Sur les réseaux sociaux, j'ai des milliers de message concernant Dylan. Mais aussi des gens du lycée. J'ai reçu trois messages de trois filles en me disant qu'elles avaient eu vent de l'affaire et elles me disent de tenir le coup, que tout va s'arranger et que les garçons seront punis. Je les remercies. Je survole les messages des fans. Il y a des insultes. Beaucoup d'insultes. Mais je trouve çà et là, des messages adorables. Après avoir répondu à deux ou trois messages, je décide de supprimer mes réseaux sociaux. Je retournerais dessus quand tout sera fini. Je pars pour verrouiller mon téléphone, quand il se met à sonner. Dylan vient de m'envoyer un message. J'y crois pas. Je pensais avoir été clair. Je verrouille mon téléphone, bien décidé à ignorer son message. Je ne sais pas si je lui en veux ou si je lui suis reconnaissante. C'est vrai, il m'a « sauvé »mais en même temps à cause de ses fans ma vie est devenue une farandole d'insultes. Je ne suis sur de rien avec lui. Je ne sais pas ce qu'était ses intentions et je ne cherche pas à savoir. J'ai décidé de couper les ponts avec lui. J'entends la porte s'ouvrir et ma mère hurler pour dire qu'elle est rentré. Je mets mon film en pose et descends la rejoindre. Elle tient deux gros sacs dans les bras. Je lui en prends un et le pose sur le plan de travail. Je jette un brève coup d'œil dedans et vois qu'elle a acheté mes pâtisseries préférés. Deux boites d'éclair au chocolat, une boite de meringues et une boite de rose des sables. Je les cales toutes les trois sous mon bras et cours les fourrer sur ma table de nuit. Je redescends et aide ma mère à ranger les quelques courses. Une fois fini, nous montons toute les deux dans ma chambre et regardons la fin de mon film ensemble. Je passe la fin de la journée dans mon lit, à enchaîner séries et films. Vers dix-neuf heures je prends une douche longue de dix bonne minutes. Je reste longtemps fixé sur les bleus de mes bras qui ne diminuent pas. Je sors de la salle de bain enfile un pyjama, mange un sandwich et retourne me coucher. Pendant une semaine entière le schéma se répétera. Films, séries, douche, mon lit, manger. C'est tout ce que je fais de mes journées. Mais aujourd'hui, maman me propose d'aller faire quelques courses avec elle. J'accepte histoire de prendre un peu l'air. Un grand soleil éclair le ciel aujourd'hui et la brise est légère. J'enfile un pantalon noir avec un chemisier blanc. Je passe une petite veste en velours par-dessus. J'opte pour des petites basket blanches. Je me maquille légèrement et attache mes cheveux. Ça fait un sacré bout de temps que je n'ai pas autant pris soin de moi. Ma mère frappe à la porte de la chambre et passe la tête par l'entrebâillement.

-Tu es prête ma chérie ? On peut y aller ?

Je me regarde une dernière fois dans le miroir en prenant une grande inspiration.

-Oui, prête.

Nous descendons les escaliers, et grimpons dans la voiture. Ma mère démarre le moteur et nous partons pour le supermarché.

Quand on arrive sur le parking, je suis surprise de voir si peu de gens. On est jeudi, il est bientôt seize heure et seulement quatre voitures recouvre le parking. Ma mère éteins le contact mais ne sort pas.

-Tu es sûr que ça va aller ?

-Oui, il faut bien que j'y arrive de toute façon.

Elle me sourit et sors de la voiture. Je fais de même. On marche jusqu'à l'entrée quand mon téléphone se met à sonner. Je le tire de ma poche et vois le nom d'Éloïse à l'écran.

-Il faut que je réponde, je te rejoins dès que j'ai fini, dis-je à ma mère.

Je me décale un peu de la porte principale et décroche.

-Salut.

-Salut Haz ! Alors comment tu vas ? Tu n'as pas répondu à mes textos.

-Oui désolé, j'avais besoin d'air. C'est un coup dur j'ai besoin de temps.

-Ouais je comprends. Tu reviens quand au lycée ?

-Euh...Je ne reviens pas. Ma mère m'a pris des cours particuliers qui commencent dans deux semaines et à la prochaine rentrée je change de lycée.

-Oh.Euh. D'accord. Je...Je peux passer chez toi cet après-midi ? Tu me manques.

-Oui pas de soucis. Je fais des courses avec ma mère mais après si tu veux.

-Super, à tout à l'heure alors.

Elle raccroche tout excité à l'idée de me revoir. C'est vrai qu'elle me manque beaucoup aussi. C'est ma meilleure amie et ma seule amie. J'ai besoin d'elle. Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et me dirige vers l'entrée du magasin.

-Salut chérie.

Je m'arrête brusquement. Mon sang se glace et mes jambes se transforment en coton. Je n'arrive pas à bouger. Je suis paralysée. Mes mains se mettent à trembler et mon cœur s'emballe. Je me tourne lentement. Il se tient adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine, un sourire narquois aux lèvres.

-Qu'est-ce que tu veux Stefan ? Dis-je d'une voix qui déraille à chaque mots.

J'ai envie de partir en courant mais mes jambes ne fonctionnent plus. Il se détache du mur et s'avance à pas lents vers moi. Je parviens à peine à reculer.

-J'ai pas trop apprécié que tu me dénonces à la police.

Il s'avance de plus en plus.

-Tu as essayé de me violer. Tu ne peux pas t'en tirer comme ça.

Je recule mais je me heurte à la rempart de fer. Elle est trop longue,je ne peux pas la contourner. Mes jambes ne veulent toujours pas fonctionner. Je n'arrive pas à courir. La peur paralyse chaque centimètre de mon être. Il continue de s'approcher. Son expression change. La haine se dessine petit à petit sur son visage. Je prie intérieurement pour que quelqu'un débarque et m'aide mais il n'y a pas un chat aux alentours. Il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.

-Tu n'aurais jamais dû faire ça.

Je ne remarque que trop tard qu'il lève son poing quand je me le reçois en plein dans le ventre. Je m'écroule par terre. Une douleur lancinante traverse tout mon corps. Je me tords de douleur par terre. Je ne parviens pas à ouvrir les yeux mais je sens les coups fuser. Un coup de pied atterrit dans mes côtes. La douleur est insupportable. Mes larmes coulent mais je n'arrive toujours pas à ouvrir la bouche. Je sens les coups de pieds se déplacer. Il frappe mes jambes, mon ventre. Mais quand je reçois un coup au niveau de la tête tout s'arrête. Je ne sens plus rien. Je ne le vois plus. Je ne vois plus rien. Ma vue est trouble. Mon corps est engourdi. Je sens qu'on m'attrape et qu'on me retourne sur le dos. Je n'entends plus mais je distingue ma mère en train de hurler au dessus de moi. Je n'arrive à rien faire. Mon corps ne réagit plus à mes appels. Mes yeux ne veulent plus voir. Et mes oreilles ne peuvent plus entendre. Je peine à réfléchir. Que vient-il de se passer ? Je sombre petit à petit dans l'inconscient. Je sens quelque chose dégouliner le long de ma bouche et après le noir total.


Nos Destin En DésaccordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant