Quelques références artistiques

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Je trouvais intéressant de m'arrêter un instant sur les oeuvres que l'Aiglon a pu inspirer, ne serait-ce que parce qu'on ne retient généralement que la pièce d'Edmond Rostand sur laquelle je reviendrai un peu plus tard...

En fait, même si la majore partie des textes qui existent sur le personnage ont une ambition plus historique que littéraire, j'ai découvert dernièrement (sur le wikipédia anglophone) trois oeuvres qui sortent plus ou moins du lot :

- un opéra composé en collaboration par Arthur Honegger et Jacques Ibert, et basé sur la pièce d'Edmond Rostand (quelques extraits existent sur Youtube pour ceux que ça intéresse)

- une opérette composé par l'artiste serbe Petar Stojanović et intitulée Napoléon II - Duc de Reichstadt (mais pour lequel je n'ai absolument rien trouvé pour le moment, donc si quelqu'un sait où je pourrais en entendre un extrait...)

- une chanson des Pet Shop Boys, nommée "King of Rome", dont j'ai mis le lien vers Youtube en accès. Ce n'est pas moi qui ai fait le diaporama, mais je le trouve justement intéressant parce que ce ne sont que des portraits de Napoléon II. Pour ceux qui ne parlent pas anglais, je vous mets la traduction ci-dessous :

"Petit homme, grand monde,

Plus pâle que l'ordinaire

Je connais tout de toi

Je peux raconter l'histoire,

Par-delà le ciel, le changement des temps

Hier soir j'ai perdu toute journée

Je suis ici et là-bas, ou bien n'importe où

Loin de Manderley

Et si j'étais le Roi de Rome

Je ne pourrais pas être plus tragique

Mon destin d'errer si loin de chez moi

A la recherche de ma magie perdue

Oh mon coeur reviens

Oh mon coeur reviens-moi

La lune desertique, un nouveau lagon

Nous glissons sur la surface

La nuit tombe vite, aucune ombre portée

Arrivé sans but

Oh mon coeur appelle-moi

Oh mon coeur appelle-moi aujourd'hui

Et si j'étais le Roi de Rome

Je ne pourrais pas être plus solitaire

Sans autre possibilité que celle de rêver et d'espérer

Qu'un jour tu daignes m'appeler

Oh mon coeur appelle-moi

Oh mon coeur appelle-moi aujourd'hui

Je me languis de ton visage pâle et impénétrable

J'ai faim de ta belle embrassade"

Voilà pour les Pet Shop Boys. Au-delà de ces trois oeuvres musicales, on peut compter également plusieurs textes littéraires faisant plus ou moins référence à l'Aiglon, mais comme je le précisais plus haut, ils ont généralement plus un caractère historique que lyrique ou romancé. Notons toutefois deux auteurs contemporains de Reichstadt, ne serait-ce que pour leur renom et l'importance qu'ils ont porté, chacun à leur manière, au personnage :

- Victor Hugo, bien entendu, qui, le premier, a utilisé le terme d'Aiglon pour désigner le fils de Napoléon (symbolisé par l'aigle, pour ceux qui ne sont pas familiarisé avec l'époque). Je ne sais pas exactement tout ce qu'il a pu écrire sur le sujet, je ne suis pas à proprement parler une grande admiratrice de Victor Hugo, mais il a toutefois rédigé un long poème intitulé "Napoléon II" dont voici quelques vers :

"Oui, l'aigle, un soir, planait aux voûtes éternelles,

Lorsqu'un grand coup de vent lui cassa les deux ailes ;

Sa chute fit dans l'air un foudroyant sillon ;

Tous alors sur son nid fondirent pleins de joie ;

Chacun selon ses dents se partagea la proie ;

L'Angleterre prit l'aigle, et l'Autriche l'aiglon."

Pour ceux qui voudraient lire le texte en entier, il est disponible ici : http://www.eternels-eclairs.fr/Poeme-Victor-Hugo-Napoleon-II

- L'autre auteur contemporain de Reichstadt qui ait rédigé quelque chose à son sujet et dont je voulais parler est Alexandre Dumas. Il lui consacre 5 chapitres de ses Mémoires pour décrire, d'une manière aussi neutre et précise que possible, les éléments de sa vie dont il a eu connaissance. Dans la mesure où je suis beaucoup plus familiarisée à l'oeuvre de Dumas qu'à celle de Hugo, je souligne que sa manière de retracer l'histoire de Reichstadt est d'autant plus intéressante que l'on sent à quel point il se méfie des sources qu'il a eu entre les mains et que, sans s'appesantir sur un mystère qu'il ne prétend pas vouloir percer, il fait passer en quelques pages un hommage aussi respectueux que possible. Il ne fait aucune allusion aux sentiments qu'il a lui-même éprouvé en apprenant la mort du duc, il se contente simplement de se comporter en historien (et quand on connaît l'aversion de Dumas pour les historiens, ce simple trait est intéressant à soulever). La seule phrase du texte qui passe plus comme une touche d'amertume qu'un quelconque reproche est celle-ci : "Ainsi, c'était dans une langue étrangère que l'enfant de 1811 avait dit adieu au monde !"

Une autre phrase de Dumas que je trouve intéressante de retranscrire ici, parce qu'elle résume à elle seule toute les difficultés qu'il y a à essayer de démêler le vrai du faux lorsque l'on tente de tracer un portrait du duc de Reichstadt ou de comprendre exactement les causes de sa mort : "Il est vrai que, lorsque nous empruntons du Reichstadt à M. de Montbel, c'est traduit du carlisme, et que, quand nous en empruntons à M. de Prokesch, c'est traduit de l'autrichien." Autrement dit, Prokesch, malgré toute la bonne volonté qu'il pouvait avoir à décrire le duc de Reichstadt au plus proche de ce qu'il était en réalité, était autrichien, travaillait pour le gouvernement autrichien, et avait absolument tout à perdre et rien à gagner à s'opposer à la version officielle. Quant à Montbel, outre que son texte ait été écrit sous l'approbation du gouvernement autrichien, il avait pour but de servir également ses ambitions. Prokesch lui-même qui était chargé de le seconder dans son travail fait plusieurs allusions au dégoût que lui inspire le résultat.

Pour ceux qui veulent lire les pages de Dumas, vous pourrez les trouver ici : http://www.dumaspere.com/pages/bibliotheque/chapitre.php?lid=m3&cid=247

Il est évident que ce ne sont pas les seuls auteurs qui parlent de l'Aiglon au cours de cette période, et je suis très loin d'avoir lu tout ce qui a pu être rédigé sur le personnage. J'ai juste voulu approfondir les textes qui me semblent le plus digne d'intérêt sur cette période. Dumas fait lui-même d'autres références que je trouve intéressantes.

Encore une fois, je n'ai pas oublié Rostand, mais pour le coup, j'ai beaucoup à dire sur sa pièce, donc je préfère lui consacrer un chapitre entier. Cependant, si vous connaissez d'autres textes ou d'autres oeuvres musicales qui pourraient m'intéresser, n'hésitez pas à me les communiquer. Je peux toujours compléter mes chapitres au fur et à mesure ;)

Essai sur la vie et la mort du Roi de RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant