Je ne vais pas rentrer trop dans les détails concernant le contexte général et les relations diplomatiques entre l'Autriche et la France de 1811 à 1832, déjà parce que je ne suis pas historienne, ensuite parce que ce n'est pas le sujet principal de mes recherches. En revanche, dans la mesure où ce contexte a eu un impact énorme sur la vie de Napoléon II, je vais en retracer les grandes lignes qui le concernent directement.
En 1811, Napoléon est au sommet de sa gloire. Il a épousé un an auparavant la fille de la plus grande dynastie européenne, Marie-Louise, fille de l'empereur François d'Autriche, nièce de Marie-Antoinette, qui lui donne enfin l'héritier qu'il n'a jamais pu avoir avec sa première femme. Ce qui impose au passage une alliance avec l'Autriche que celle-ci rompra dès 1814. Napoléon abdique et est exilé à l'Ile d'Elbe. Marie-Louise et son fils se réfugient auprès de leur famille autrichienne.
Puis Napoléon parvient à s'échapper de l'Ile d'Elbe, remonte sur Paris à la tête d'une armée qui s'agrandit de jour en jour et reprend le pouvoir. Mais malgré ses intentions pacifiques, il est contraint de reprendre les armes, perd à Waterloo le 18 juin 1815, abdique en faveur de son fils, et est exilé à Sainte-Hélène d'où il ne reviendra plus.
Par la suite, la France connaît une période politique difficile, ponctuée d'émeutes. Napoléon meurt le 5 mai 1821. On réclame vainement le retour de son fils en France. Des mouvements se forment pour planifier son enlèvement. On tente d'entrer en contact direct avec lui, mais la police autrichienne reste vigilante et bloque toute tentative de communication entre la France et le Duc de Reichstadt. Dumas cite, dans ses Mémoires, le voyage de Barthélemy à Vienne et son impossibilité de rencontrer le fils de Napoléon pour lui remettre simplement un exemplaire de son "Napoléon en Egypte", et la réticence du Comte de Dietrichstein, alors précepteur de Reichstadt, à servir d'intermédiaire. Prokesch parle, dans son livre "mes relations avec le Duc de Reichstadt", de deux événements démontrant les tentatives effectuées depuis la France pour faire revenir leur héritier dans son empire. Le premier, repris et réarrangé par Rostand, concerne la Comtesse Camerata, qui est parvenu à faire glisser une lettre jusqu'à Reichstadt pour l'encourager à se fier à elle et à quitter l'Autriche. Le second, c'est le chancelier Metternich qui le lui a raconté après la mort de Reichstadt : "Après le repas, le prince (Metternich), désirant m'expliquer les motifs de sa réserve à mon égard, me raconta qu'au moment où Louis-Philippe monta sur le trône, il se forma une conjuration parmi les généraux de la vieille armée de Napoléon, dans le but de placer la couronne sur la tête du Duc."
Les partisans de Napoléon II ne manquaient pas en France, et il n'aurait suffi au jeune prince que de traverser la frontière pour acquérir le trône que lui avait légué son père. Ce qui laisse entendre également que la France gardait un oeil attentif sur son prince exilé et sur sa destinée dans un pays ennemi.
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Essai sur la vie et la mort du Roi de Rome
Non-FictionNapoléon II, Roi de Rome, Prince de Parme, puis Duc de Reichstadt. Si les noms se sont succédés, sa vie n'en est pas moins dramatiquement courte. Quelques réflexions, pensées et envolées lyriques...