Toi, moi, la lune - Jikook-

Chapitre 28

Point de vue de Jungkook 

Une pluie d'informations me tombait sur le visage. Deux silhouettes n'arrêtaient pas d'apparaître sous mes yeux. Elles bougeaient comme l'ombre des flammes d'un dilemme qui était en train de me consumer à petit feu.

D'un côté, Park Jimin : toute la journée, son absence a été une épreuve pour moi. Je luttais contre l'envie de le mitrailler de messages et celle de l'étrangler. Mais quand je suis rentré dans la salle, j'ai compris que quelque chose clochait. Aucune trace, aucun passage. Rien. Pourquoi encore à cette heure tardive, lorsque je l'appelle, seulement la voix mélodieuse de son répondeur me parlait ? Pourquoi Yoona m'a-t-elle dit qu'il était partit s'il reste introuvable ? Pour finir, Hoseok qui m'apprend que mon cher et tendre n'a pas mis les pieds dans cette merveilleuse école en cette journée de bons présages. Dame bonheur est une ordure. Il n'est ni malade, ni blessé, encore moins pris dans un quelconque problème personnel. Où est-il ? Je suis perdu et rien n'est en mesure de m'empêcher de paniquer. Et s'il lui était arrivé quelque chose d'horrible ? Et si hier avait été la dernière fois que je le voyais ? J'ai un haut le cœur, je crois que je vais vomir.

D'un autre côté, un appel téléphonique, un cri, des yeux paniqués, m'alertant presque autant que la localisation indécise de Jimin. Taehyung est habituellement toujours amusé et décontracté; Pourquoi possède-t-il aujourd'hui un regard prit au piège dans un mouvement de panique et une peau où dégouline de la sueur due -j'imagine- à une course effrénée ?

Ce prénom qu'il a prononcé, ce prénom qui est sorti de sa bouche pour venir toucher de son venin le cœur de Hoseok, a tout bousculé. Un véritable cataclysme frappa la salle qui transformait en une tempête furieuse l'esprit de chacun d'entre nous. L'un était paniqué, l'autre bouleversé, le troisième perdu et dernier délaissé. Je me sentais abandonné , j'en avais marre de vivre dans le secret permanent. Maintenant dites-le moi ! Pourquoi tout me cacher ? Me détestez-vous à ce point ?

Les vaisseaux sanguins d'Hoseok ressortaient en rythme avec les battements frénétiques de son pauvre organe vital. Il faut toujours se relever pour affronter ce qui nous attend, même si c'est notre pire cauchemar, même si c'est notre dernier souffle. Mais trois lettres, un mot, un prénom. Comment juste, " Joy" peut faire de telles choses à deux pauvres garçons ? Taehyung criait avant de raccrocher brutalement et Hoseok ne bougeait pas, seul ses tremblements ne le transformaient pas en statue. Je frappais du pied. J'étais bien au courant, comme Minah qui se perdait dans ses pensées, que quelque chose se passait. Un secret trop lourd venait de s'éclater en mille morceaux sur le sol mais nous n'osions pas ramasser les morceaux de peur de nous blesser avec ses bouts tranchants. Je le réalise maintenant : une fois que j'aurai ouverts les millions de pétales de verre qui entourent la vérité, je serais écrasé par le poids qu'elle renfermait. À jamais. Puis la glace autour de Hoseok se brisa. Libéré de son trouble, il se dépêcha d'attraper ses diverses affaires tout en lançant à Taehyung :

" - Irene...Je veux dire...C'est elle qui te l'a dit ? Ou Yeri ?"

" - Tu t'en doutes...La première..."

Son ton me provoque des décharges désagréables dans le corps. Rien que prononcer son nom pouvait lui bruler la gorge, la langue et les lèvres alors il l'évite. Enfin, c'est ce que j'imagine. Je ne suis pas dans sa tête. Et rien qu'à voir son visage, je n'ai pas envie d'y être. J'ai l'impression que tout s'échappe, je ne retiens rien. Je ne peux rien comprendre.

Minah et moi sommes comme mis à l'écart. Nous sommes invisibles.

Le danseur laissa filer deux jolis mots à l'embrasure de ses lèvres et ordonna à Tae de prévenir tout le monde tandis qu'il... Je ne saisissais pas ses paroles mais je saisissais son regard. J'étais la suite, j'étais celui qui allait l'aider dans cette aventure. Mais je ne savais rien. Je ne pouvais rien faire parce que je ne savais rien. J'étais inutile. Malgré moi, je voulus repousser ses attentes, Jimin avait disparu, il était mon premier devoir. Mais l'ombre qui voilait des yeux toujours riants me résolut. Je ne savais pas ce qu'il voulait que je fasse mais je pourrais le faire. De plus, je mettrais mes deux mains à couper que Jimin est lié à cette affaire.

Il m'attrapa la main et se mit à courir sous le regard de Minah qui restait ici sans bouger.

" - Kook ! Je vais tout t'expliquer mais je ne peux pas y aller tout seul ! Je veux que tu viennes avec moi ! Je t'en prie ! C'est urgent ! Minah...je...je t'aime, à plus !"

Sans un regard pour sa nouvelle copine, Hoseok quitta la salle, moi à ses côtés. Derrière nous, une jeune fille nous regardait avec toutes les peines du monde, sans bouger, sans parler. Juste un regard vers moi. Et je voyais déjà une larme se tracer sur son visage. C'était si urgent pour qu'il oublie sa copine ? Celle qu'il chérit et aime de tout son cœur ? Il vient de se déclarer et c'était une tâche coriace de les mettre ensemble. J'espère qu'il ne va pas laisser tout se briser avec son caractère impulsif. Minah est trop bonne. Elle ne lui en voudra pas. Mais derrière son amour sans frontière, un qui n'éprouvait pas la rancune, se cache surtout une fille énergétique, inquiète et surtout sensible. Et tout le monde sait qu'elle déteste l'abandon. Elle finira par lui demander des comptes et leur première dispute éclatera. Je peux prévoir l'avenir mais pas les conséquences de celui-ci. Je sais qu'elle ne le laissera pas s'enfuir une deuxième fois. Elle ne pourra pas, elle ne voudra pas. J'espère qu'il n'y aura pas de prochaine fois.

Une fille qui vient de se réveiller causait une tornade de sentiments. Il ne fallait pas qu'une deuxième cause s'y rajoute, ni même une troisième. Nous ne savons pas qui finira par être le plus touché par ce mystère. Il ne fallait pas cela soit Hoseok. Qui voudrait s'imaginer voir le visage contrarié et paniqué de Hoseok. Personne, pas même le plus cruel des Hommes.

" Il y a une lune verte dans toutes les légendes"

Frederico Garcia Lorca

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