Chapitre 4

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L'ouverture du salon se passa à merveille. Le salon était beau, contemporain tout en restant cosy.

Le parquet anthracite, le grand canapé en cuir blanc et les touches de fushia par ci par la rendait cet endroit agréable et propice au bien être. Mes deux collègues étaient sympas, plus ou moins le même âge que moi. Elles s'appelaient Ardiana et Sophie. J'appréhendais un petit peu au début car c'était la première fois que je devenais chef d'équipe. Le concept du salon était intéressant, il était possible de se faire masser le crâne, tout en se faisant blanchir les dents, du nail art ou manucurer les mains et en même temps régaler des petits poissons avec la peau morte de nos pieds, c'est à dire du fish manucure. Un moment de détente idéal pour toutes femmes ou hommes pressés. Ça correspondait bien à la vie parisienne.

Ça ne faisait que 3 ans que j'étais dans le milieu esthétique. Avant ça j'avais fait une école d'infirmière et j'ai obtenu mon diplôme, mais tout de suite après j'avais cherché du travail dans le domaine esthétique.

La semaine se déroula sans encombre.

Le samedi soir, je devais fermer le salon, mais avant ça je préparais les commandes pour le lundi. Ardiana m'interrompit pendant que je vérifiai les vernis.

- Hey, j'ai fini de nettoyer les bassins des poissons, tu veux que je t'attende que tu ais fini avant de partir?

- Non, lui répondais je, te prends pas la tête, j'ai bientôt fini.

- On va manger un truc et boire un verre avec Sophie, ça te dit de venir avec nous? demanda Ardiana un peu hésitante, consciente qu'il s'agissait tout de même de sa responsable.

- Oh c'est super sympa, dis je étonnée, mais je suis ko, je vais rentrer me mettre sous la couette et regarder la télé.

- Mais on est samedi soir! Tu peux pas hiberner un samedi soir! C'est interdit à Paris! Ardiana prenait une tête outrée.

Ça m'amusa, et j'acceptais non sans réserve.

- Ok ok, je ne voudrais pas devenir hors la loi !

Nous éclatons de rire toutes les deux.

La soirée se déroulait parfaitement, nous nous entendions vraiment bien toutes les trois.

Après quelques mojitos, Ardiana, qui elle n'avait pas bu, me déposa devant chez elle.

- Alors, c'est ici que tu vis, me dit Ardiana en se garant.

- Oui, même si l'immeuble et le quartier ne sont pas top, l'appartement lui est super. J'essayais de relativiser.

- Je connais bien ce quartier, j'y ai vécu étant petite. Écoute Lila, Ardiana prit un air sérieux tout à coup, fais attention à ne pas parler à n'importe qui, et par dessus tout, ne te mêle pas des affaires des autres.

- Ben dis donc, c'est pas rassurant ce que tu me dis la....

- Je voulais pas t'effrayer, excuse moi, Ardiana reprit un air confiant, disons qu'il se passe pas toujours des trucs nets ici. N'oublie jamais de fermer à clef ta porte.

- Ok... Et bien merci Ardiana pour ces précieux conseils, maintenant, tu m'excuses, je vais me dépêcher de rentrer m'enfermer à double tours

et me cacher sous ma couette. Et si tu me vois pas mardi au boulot, c'est que soit un voleur est rentré chez moi et m'a tué, soit je me suis étouffée toute seule sous ma couette.

Nous nous mettons à rire toutes les deux, puis je remerciai Ardiana pour m'avoir déposée.

Je n'avais bu que deux mojitos, mais l'alcool se faisait déjà sentir. J'étais pressée d'arriver chez moi, je traversais en marchant vite la grande cour des immeubles, il faisait sombre et il y avait un léger vent, mes longs cheveux blonds dansaient au rythme de mes pas, mes hauts talons claquaient sur le bitume et le bruit résonnait dans la nuit. J'entendais des hommes discuter, rire, héler et siffler aux quatre coins des immeubles.

Je fus soulagée en rentrant dans l'ascenseur. J'avais eu peur dehors, surtout après ce qu'Ardiana m'avait dit. Quand les portes s'ouvrirent, je sortis rapidement et fonçai dans quelqu'un. Je ne pus réprimer un petit cri.

En levant les yeux, je reconnus le livreur de pizza.

- Désolée, j'étais dans mes pensées. M'excusai je

- Pas de soucis, sourit le livreur,
C'est pas pire que de se faire claquer une porte au nez.

Je me mordis la lèvre, gênée.

- C'est rien, fais pas cette tête. J'ai toujours su que livreur de pizza était un métier à risque, plaisanta t il, je m'appelle Ali.

-Lila.

Finalement il n'était pas si désagréable,pensais je.

- C'est marrant je te voyais petite quand je t'ai livré ta pizza.

- D'un côté j'avais pas de talons, lui répondis je amusée ne sachant pas ou le garçon voulait en venir.

- Ah wé! C'est vrai! J'ai jamais compris les meufs qui mettent des échasses en guise de chaussures, faut pas être complexée par sa taille! C'est comme les meufs qui mettent des sous tif rembourés !

Je sentis la moutarde me monter au nez:

- Non mais je t'arrête tout de suite, premièrement, je suis pas ptite, je mesure 1m70 sans talons, deuxièmement je n'ai donc aucune raison d'être complexée, troisièmement aucun rapport avec les sous tif, quatrièmement c'est un style après toi tu préfères les survêt-baskets peut être, cinquièmemt....

Ali ne me laissa pas finir ma phrase,il me coupa en disant:

- Ça va, ça va, j'ai compris que tu savais compter sur tes doigts.

- T'es vraiment arrogant comme type, allez je bouge. Je lui tournai le dos.

- Et toi susceptible!

Me dit il tandis que j'ouvrais ma porte, et à nouveau je la lui claquai au nez.

"Quel lourd ce gars" pensais je tout haut. Je filai à la douche puis je me glissais sous ma couette en pensant d'avance à ma future grasse matinée...

lilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant