Le silence du pêcheur

Chapitre 25 - La solitude

Mathyas m'accompagne jusqu'à la porte de la boutique. Ma semaine reprend et lui il va faire quelques kilomètres pour trouver les voiles pour son bateau. Je câline sa main une fois devant la boutique et me tourne vers lui.

— Fais attention à toi. Passe une bonne journée.

Je dépose un baiser chaste sur ses lèvres.

— Toi aussi. À ce soir.

Il me rend mon baiser en serrant ma main puis je le laisse partir et entre dans la boutique. Je suis accueillie par Luis qui est avec Juliette, que je ne supporte plus vraiment, elle a un comportement agaçant et se croit supérieure à nous tous car elle a travailler à Paris. Luis me sourit.

— Salut la belle ! Dis donc tu aurais pu enfin me présenter ton apollon.

— Il était pressé.

Je vais l'embrasser avant d'aller déposer mes affaires. J'épingle mon badge en revenant dans la boutique.

— Alors le week-end s'est bien passé ?

— Au final oui. J'avais pas vraiment envie de revenir travailler.

Juliette lève les yeux au ciel avant de s'éloigner et Luis grimace derrière son dos. J'ai du mal à me retenir de rire. Je le regarde.

— Dis moi, tu ne connais pas quelqu'un de confiance qui tient une galerie d'art ou un truc du genre ?

— Ça y est ! Tu veux exposer tes dessins ?

— Non non, ce n'est pas pour moi.

— Ambre ! Il faut exposer tes dessins, tu pourrais sortir enfin d'ici.

— C'est juste un plaisir Luis, mais Mathyas a un talent fou et ce n'est pas possible de laisser ses œuvres enfermées chez moi.

— Ah c'est un artiste ! Je vais voir dans mes connaissances, mais comme ça non. Pourquoi il n'expose pas dans la rue comme la plupart d'ici ?

— Parce qu'avec son histoire, il a l'impression que plus personne ne veut de lui ici.

— C'est ridicule, on peut tous comprendre ce qu'il a fait.

Je hausse les épaules et me redresse lorsque la première cliente entre, Juliette s'en occupe. J'en profite pour aller faire un peu de rangement, j'espère que la journée passera vite.

***

J'ai reçu un message de Mathyas en fin d'après-midi me disant qu'il était obligé de rester sur place car il n'y avait pas ce qu'il voulait et que cela arriverait demain matin. Je vais passer la nuit seule, et je n'ai pas trop envie. Sa présence est tellement agréable. Je m'installe devant la télévision pour dîner. Je feuillette mon carnet à dessins. Luis me dit que je pourrais exposer, mais y arriverais-je ? J'aimerais bien avancer, sortir de cette boutique et faire autre chose. J'aime beaucoup mon travail, mais c'est une routine sans fin. Je n'évolue pas et Mathyas me donne envie davantage.

J'entends mon téléphone sonner et je vois son nom et souris bêtement. C'est la première fois que l'on s'appelle. Je décroche en m'affalant sur le sofa.

— Coucou.

— Ça va ? Tu as passé une bonne journée ?

— Un peu longue, il n'y a pas eu grand monde aujourd'hui. Et toi alors ?

— J'ai fais plusieurs boutiques... mais rien. Du coup j'ai commandé et je l'ai demain.

— J'ai hâte de voir ça. Tu as pu trouver où dormir ?