Le silence du pêcheur

Chapitre 32 - Routine

Nous sommes rentrés chez nous quelques jours après l'exposition de Paris qui s'est très bien passée. Mathyas a encore de nouveaux contrats et même une galerie qui veut l'exposer de façon permanente. Seul petit hic du week-end, nous avons été tous les deux malades le lendemain. Nous avions manger des fruits de mer le jour de l'exposition et nous avons eu le droit à une belle indigestion. Lui beaucoup plus que moi. Pourtant il a plus l'habitude d'en manger. Cela fait une bonne quinzaine de jours désormais, ça va beaucoup mieux, heureusement. Aujourd'hui, je suis de retour sur Lisbonne pour la journée. Je dois déjeuner avec Luis et passer faire un coucou à Noa. Mathyas quand à lui, il avait un rendez-vous professionnel par rapport à l'entreprise qu'il détient. Nous ne parlons jamais de cette entreprise, en même temps il n'y fait rien à part être le patron du patron. Il récolte les bénéfices c'est tout.

Je commence par aller faire un bisou à Noa avant qu'il ne retourne à l'école. Je toque à la porte et c'est ma belle-mère qui m'ouvre avec ma petite sœur dans les bras. Elle doit avoir plus d'un mois désormais, presque deux peut-être, je n'en sais trop rien.

— Oh bonjour Ambre. Je ne m'attendais pas à te voir.

— Je passais juste faire un petit bisou à Noa comme je suis dans le coin exceptionnellement.

— Entres je t'en prie.

Elle s'écarte pour me laisser entrer.

— Noa nous a raconté ton mariage. Félicitations.

— Merci.

Je n'ai pas du tout envie d'en parler avec elle et heureusement Noa accourt en criant mon prénom. Je m'accroupis pour l'enlacer et l'embrasser. Je caresse ses cheveux blonds.

— Comment tu vas mon grand ?

— Bien ! Il est où Mathyas ?

Je souris en caresse son dos.

— Il travaille.

— Oh mais je voulais le voir moi, et son bateau aussi.

— Tu retourneras le voir très vite, je te le promets.

Je souris en le regardant qui joue avec le bout de mes cheveux. Ma belle-mère nous interrompt.

— Ton père est au port si tu veux le voir.

— Il ne veut certainement pas me voir, je ne vois pas pourquoi j'irais vers lui. Je n'ai rien fait de mal c'est à lui de s'excuser.

— Lui et sa fierté, tu le connais.

— Oui, et bien je ne suis pas plus malheureuse. Au contraire. J'étais votre bonne à tout faire, désormais je suis libre et j'en suis heureuse.

— Ce n'est pas vrai, Ambre.

— Ah bon ? Je ne faisais pas la cuisine, le ménage, le repassage ? Je ne m'occupais pas de Noa tous les jours ? Ce n'était pas ma paye qui servait à tous nous nourrir ? Je crois que si. Alors je ne vais pas revenir en rampant pour que vous me traitiez de la même façon. J'ai ma vie désormais. Et si pour être heureuse et libre, je ne dois plus côtoyer mon père... C'est lui qui l'a choisit. Je n'y suis pour rien. Bref on m'attends.

Je coupe court à la conversation et me baisse pour embrasser de nouveau Noa lui rappelant que je l'aime puis je sors de la maison.

Pourquoi je m'acharnerais pour quelqu'un qui m'a remplacé du jour au lendemain, me relayant au rang de bonne à tout faire ? J'adore mon père, nous avions passé tellement de bons moments, nous étions tout l'un pour l'autre depuis que ma mère nous a abandonné. Et il m'a littéralement remplacé. C'est lui qui a décidé ça, pas moi. J'ai déjà été abandonné par ma mère, et maintenant lui. Je ne leur pardonnerai jamais ça à aucun des deux. C'est la pire chose que l'on puisse faire à son propre enfant. Maintenant je dois fonder ma famille, et c'est tout. Il le regrettera un jour.