Correspondance et Malentendu

Le retour du Serpent

« Bonjour »

Hermione salua son voisin avec un sourire timide. Ce même voisin qu'elle avait repéré il y a six mois, période à laquelle elle avait emménagé dans cet immeuble du Londres sorcier, non loin du chemin de traverse.

Ron et elle avaient rompu six mois plus tôt. Ils s'aimaient, toujours d'un amour inconditionnel, mais plus d'un amour charnel. Ils en étaient revenus au stade amical, comme avec Harry et cela leur convenait très bien.

La guerre avait fait des ravages chez les survivants, remettant en question les plans d'avenir que chacun avait pu élaborer lors de leurs années d'études à Poudlard, certains troquant une vie de famille paisible pour une vie un peu plus piquante, juste pour se sentir en vie.

C'était leur cas.

Cela faisait 7 ans qu'ils avaient entamé leur relation. Tout se passait à merveille au début, ils se découvraient différemment, faisaient de grands projets ensemble – sans doute pour ne pas sombrer dans les souvenirs de la guerre – et avaient emménagé ensemble au bout d'un an. Mais la routine s'était peu à peu installée et la passion avait vite laissé place à une profonde affection.

Lorsque Ron lui avait un jour annoncé qu'il les estimait trop jeunes pour avoir une relation aussi sérieuse, malgré tout ce qu'ils avaient envisagé pour leur futur et qu'il avait le sentiment qu'ils restaient ensemble seulement par habitude, Hermione en fut soulagée. Elle aussi se posait des questions, sans jamais avoir trouvé le courage d'aborder le sujet avec lui. Ironique pour une Gryffondor, n'est-ce pas ?

Ils avaient donc vendu leur petite maison dans la campagne de Londres, après 6 ans de vie commune et étaient partis s'installer, chacun de leur côté, dans des appartements au cœur de la ville. Ils se voyaient toujours régulièrement avec Harry et Ginny et ils essayaient d'organiser un maximum de soirées avec leurs anciens camarades de classe. Après avoir vécu tant de choses, aussi terribles soient-elles, leur groupe était plus que soudé, c'était leur seconde famille.

Du coin de l'œil, concentrée sur sa boîte aux lettres – du moins en apparence – Hermione regardait son voisin prendre son courrier. Grand, belle carrure, châtain, barbe de 3 jours, dans ses âges, il avait tout pour lui plaire et elle essayait d'entrer en contact avec lui depuis quelques semaines sans savoir comment s'y prendre.

Luna lui avait conseillé de lui parler des nargoles qui flottaient dans l'air et de le mettre en garde. Ginny, elle, lui avait conseillé de lui demander de l'aide pour un robinet qui fuit chez elle, ou autre bricole nécessitant sa venue dans son appartement. Bien sûr, aucune des deux solutions ne lui inspirait confiance.

Elle avait appris à aimer Luna mais restait toujours sceptique quant aux créatures qui, selon elle, peuplaient notre monde sans que personne ne les ait encore découvertes. Et pour la proposition de Ginny, elle avait été emballée 10 secondes avant de se souvenir que rien ne dysfonctionnait dans son appartement et il était absolument hors de question qu'elle casse quelque chose juste pour utiliser ce prétexte.

Alors elle se contentait de lui dire bonjour avec un sourire timide quand elle le croisait dans le hall de leur immeuble, ce à quoi il répondait toujours poliment mais sans chercher plus loin. Elle ne connaissait même pas son nom, tout ce qu'elle savait de lui, c'est qu'il habitait dans un appartement au rez-de-chaussée de l'immeuble, le 2B – seule information disponible sur les boîtes aux lettres des résidents – et qu'il lui plaisait énormément.

En remontant dans son appartement, un petit trois pièces chaleureux et confortable, situé au 2ème étage d'un bel immeuble victorien, tout en détaillant les enveloppes dans sa main, elle déposa ses clés sur la console de son entrée, enleva ses chaussures d'un air distrait, posa son manteau et son sac à main sur le porte manteau et commença à trier son courrier sur l'îlot central de sa cuisine. Elle tomba sur une lettre, sans enveloppe, déposée à nue dans sa boîte aux lettres. C'était la voisine du dessous qui l'informait qu'elle allait faire du bruit samedi soir en vue de la fête organisée pour son 30ème anniversaire. C'est là qu'elle eut une idée : pourquoi ne pas lui glisser un petit mot dans sa boîte aux lettres ? Bien souvent, il est plus facile de coucher les mots sur papier et ça évite de bafouiller comme une idiote sans trouver quoi dire ! Là, elle aurait le temps de mettre ses idées en ordre et de ne pas passer pour une gourde.