Prologue

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Hannah

Henri Lacordaire disait : « La solitude est parfois le meilleur des compagnons, et un court isolement ramène souvent la paix à l'esprit. »

Folie. Dépression. Obsession. Psychose. Dérive.

Plus jeune, je me demandais comment un être humain pouvait basculer du jour au lendemain. Le vécu nous façonne, mais avec les années, on apprend à dissocier le bien du mal. De la même façon, on apprend à gérer les événements de la vie, à continuer malgré les embûches. Cet apprentissage est essentiel si l'on veut atteindre une forme de bonheur. Personne ne souhaite volontairement vivre dans l'obscurité, n'est-ce pas ?

C'est ce que j'ai longtemps cru. À 14 ans, quand ma mère a choisi de nous abandonner, mon père et moi, j'ai été brisée, mais j'ai appris à survivre à son absence.

Survivre malgré les blessures : je n'avais que mon père pour m'accrocher à cette idée. Un homme dévoué, qui m'aimait plus que sa propre vie et se battait pour préserver ce qu'il restait de notre petite famille.

Vivre heureuse : cette idée m'a permis de tenir. Si ma mère est partie, c'est qu'elle ne nous aimait pas vraiment. Avec mon père, j'étais heureuse.

Conséquence : chaque événement grave laisse une marque indélébile sur l'âme. Mon fardeau ? La peur de l'abandon. Cette peur m'a toujours empêchée de m'attacher aux gens. Je peux compter sur les doigts d'une main les personnes pour qui je serais prête à tout.

Bascule : un seul et unique évènement suffit. Le point de rupture que chacun redoute. Un verre totalement vide ne peut pas être vu à moitié plein.  L'équilibre est brisé. A ce moment précis, tout s'effondre.

Résultat : je suis morte. C'est étrange, quand on y pense. On imagine que la mort survient quand le cœur s'arrête de battre. J'aurais préféré que ce soit vrai. En réalité, la mort arrive quand on ne ressent plus rien. Froideur du cœur. Une vie dépourvue d'émotions, où l'on fonctionne en mode automatique. Rien n'a plus de sens. Nous devenons spectateurs de notre propre existence, enfermés dans nos corps. En somme, la mort n'est pas toujours libératrice. Elle nous enferme dans une solitude censée être « le meilleur des compagnons », qui « ramène la paix à l'esprit ». Je hurle au fond de moi, personne ne m'entends.

Le danger ? Cet état d'apathie constant n'est pas supportable pour l'être humain. Dans ces moments-là, on cherche désespérément à se sentir vivant. Alors on fait semblant.

Remède : l'adrénaline.

Objectif : sortir la tête de l'eau et vivre, quitte à se forcer. C'est une tentative désespérée.

Solution : trouver un but à sa vie. C'est ce que j'ai fait.

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