Chapitre 17

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Enzo 

Les explications de ma mère n'ont aucun sens ! Elle m'avait promis de me laisser tranquille ! Je ne comprends pas ce qu'elle me veut à la fin. Un jour, c'est pour ceci et l'autre, pour cela. Une infirmière entre dans la chambre pour changer mes bandages. J'ai l'impression que cette blessure ne guérira jamais.

- On va bientôt t'emmener dans une autre salle. dit-elle avec une voix inexpressive presque morte.

- Où ça ?

Elle ne me répond pas et ne me regarde pas.

- Où ça ? je redemande stressé.

Après d'interminables secondes elle me répond toujours avec un air monotone :

- C'est pour ton bien... Tu es allé trop loin...

- Comment ça ?

L'infirmière répète exactement les mêmes mots et phrases comme si elle ne savait que dire ça. Je ne comprends pas. Qu'est-ce que j'ai fait ?

Margot

Ce petit tunnel est mon refuge. Je ne suis pas sortie de là depuis un bon bout de temps. J'ai entendu des bruits de pas qui s'attardaient devant la petite trappe mais personne n'est encore venu me chercher ici. Par contre, j'ai très faim et soif... Mon ventre gargouille souvent. J'ai peur que mes gargouillements me fassent repérer.

Je devrais sortir d'ici. Peut-être que je réussirai à partir. Je n'ai rien à perdre si je reste. Je vais probablement mourir de faim mais... je pourrais aller voir Enzo s'il est encore là... Si je pars maintenant je serai libre... je pèse le pour et le contre et me décide de sortir. J'ouvre la porte de la trappe et me glisse en dehors. Lorsque je relève la tête je me rends compte que je ne suis pas seule. Une vingtaine de fusils sont braqués sur moi...

Ils m'emmènent dans ma prison. Ça m'énerve, encore le même cinéma. Encore et encore. Quand cela va-t-il s'arrêter ? Je n'en peux plus. On m'attache au lit, mains, pieds, comme d'habitude quoi.

- Double dose, ordonne un soldat masqué.

- Bien chef !

On s'approche de moi avec le flacon logiquement beaucoup plus rempli que les fois précédentes. Je ne riposte pas, je me laisse faire, lassée. C'est douloureux, mais c'est encore supportable. Je croix que je commence à m'y habituer.

- On approche ! annonce un soldat.

- Merveilleux ! prévenez le boss !

- Qu'est-ce qui se passe ? je demande.

- Tais-toi ! grogne le chef.

Enzo

Que se passe-t-il ? Pourquoi tout le monde est aussi agité ? Derrière la porte, j'entends des marmonnements. J'essaye de me lever pour pouvoir aller écouter. Ça fait un mal de chien ! Je m'approche de la porte. Je connais une des voix ! Qui est-ce ?

- Elle approche, dit une voix masculine que je ne connais pas.

- Très bien, très bien. Si c'est le cas, alors on peut passer au dernier test. Si ça ne fonctionne pas, on l'achève, annonce la voix familière.

- Bien chef.

- Miranda ! Prépare le dernier test !

- Tout de suite ! répond la concernée.

Des pas s'approchent de la porte. Je me précipite dans mon lit. J'y arrive juste avant que la porte ne s'ouvre.

- Alors, Enzo, comment te sens-tu ?

- Euh... ça va...

Je ne suis pas trop sûr de ce que je dois répondre. J'ai l'impression que c'est un piège...

- Ok, alors tu dois te reposer. Tiens bois ça !

Elle me tend un verre. J'observe le contenu. C'est suspect...

- Mais bois enfin ! ordonne l'infirmière.

J'apporte le verre à mes lèvres et bois le contenu cul sec. C'est dégueulasse !!!

- Tu te sens fatigué, pas vrai ? repose-toi.

Bientôt, je m'endors...

Margot

Je suis horriblement nerveuse. Je veux bouger. Mes poings se serrent et se desserrent tout seuls. Je gigote. Je touche à tout ce que je peux toucher. Après une interminable attente, deux soldats viennent me chercher pour m'amener je ne sais où. Je n'ai pas envie et j'ai peur d'y aller, mais ça ne sert à rien de résister, j'irai quand même... Ils me conduisent dans une pièce où j'étais déjà allée. Je ne me rappelle pas exactement ce que j'y ai fait. Je sonde la porte encore fermée. Soudain, je me rappelle. La pièce avec le lion ! Oh non, non, non, non ! Pas ça !

La porte s'ouvre. Il fait noir. On me pousse à l'intérieur. Lorsque la porte est fermée, un spot de lumière s'allume au centre de la pièce. Je m'approche et y découvre deux objets : un fusil et un arc à flèches. Je prends l'arc à flèches parce que j'ai appris à m'en servir. Le fusil disparaît peu à peu dans le sol et quelque chose vient m'attacher les pieds pour que je ne puisse plus bouger. Une lumière s'allume au fond de la pièce. Quelqu'un est attaché. La personne relève la tête complètement assommée.

- Enzo ?! Quoi ?! Mais c'est quoi cette blague ?!

- Tue-le ! Dépêche-toi ! hurle une voix dans les haut-parleurs.

J'arme l'arc à flèches et le pointe vers Enzo. Une sensation étrange se déclenche dans ma tête. Cette sensation d'en avoir rien à faire, de ne pas avoir peur. Je me sens bien. Cette sensation de faire du mal est très agréable. Je n'avais jamais vu le mal de ce point de vue. Tout le monde autour de moi peut mourir, je m'en fou ! Cette nouvelle facette de moi me plait beaucoup. J'y pense, je n'ai plus aucune émotion. Avoir des émotions m'a rendue malheureuse. Les émotions sont dangereuses. C'est fini, je ne laisserai plus personne me marcher dessus. J'éliminerai tous ceux qui essayeront de m'en empêcher.

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Why me?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant