Why me?

Chapitre 19

Éthan 

Je regarde la route et médite calmement mes pensées. Ça fait une heure et demi que nous sommes dans cette bagnole. On ne dit rien. Tous les deux anxieux. On a peur de ce qui peut se passer là-bas. Jérôme tapote avec ses doigts sur la portière de manière très agaçante.

- Tu peux arrêter s'il te plait ? je grogne.

Il me stresse avec ça...

- Désolé.

Il repose ses mains sur ses genoux sans protester et regarde par la fenêtre. Encore une demi-heure s'écoule dans un silence le plus total. On arrive enfin dans une petite ruelle où se trouvent trois gars. Un grand blond, le rigolo de service, costaud. Jean. Un sang chaud de taille moyenne, brun. Merlin. Et la tête de la bande. Sam. Ils regardent autour d'eux pour vérifier s'il n'y a personne et montent dans la voiture. Comme à leur habitude, Sam et Jérôme changent de place. Sam va devant et Jérôme derrière. Je ne sais pas pourquoi ils font ça, mais ils le font à chaque fois. Je leur dédie un bref regard et m'engage dans la route. Merlin soupire.

- On est bientôt arrivé ? demande-t-il.

- Non... soupire Jérôme.

- Wow... super ambiance !... ajoute Merlin sarcastique.

Jean s'avance pour allumer la radio. Lorsqu'il s'apprête à appuyer sur le bouton pour l'allumer, je lui tape sur les doigts comme avec les petits enfants.

- Pas touche ! je lui lance.

- Roh... vous êtes ennuyeux !

- Ouais je sais, on me le dit souvent, je réponds sur les nerfs.

- Bon ! Calmez-vous les gars ! On n'a pas le temps de se prendre la tête, donc ne commencez même pas. On doit rester concentré. On ne peut pas échouer, intervient Sam. Le plan a été revu et revu, donc je ne vous laisserai pas le faire rater. Je n'ai pas que ça à faire. Si un de vous ose le faire foirer, vous aurez affaire à moi.

Il a pris une voix très menaçante et nous fixe un par un. Il a l'air très sérieux. Nous soupirons tous, bien conscients que Sam a raison.

- Alors... hésite Jean, on est sûr qu'elle est là-bas ?

- Je n'en sais rien... j'espère... je réponds désespéré.

- Qu'est-ce qu'on fait si on s'est trompé ?

- On continue à chercher...

- On ne peut pas continuer à chercher pendant des années, Ethan. On n'est même pas sûr si elle est en vie ! s'énerve Merlin.

- On n'a pas le choix Merlin ! Tu crois que ça m'amuse de chercher ? je hurle au bord du gouffre, c'est de ma faute si elle a disparu ! Alors je ne me pardonnerais jamais si elle meurt à cause de moi. C'est aussi de ma faute si Enzo est introuvable. Je suis presque sûr qu'Enzo est mort !

Personne ne me répond. Je me contente de soupirer sans rien ajouter. Je trie mes pensées. Je n'en peux plus... je ne dors plus depuis des jours. Dès que je ferme les yeux, je sombre dans un cauchemar... Je dois trouver un plan B. Je dois trouver quelqu'un qui me suivra jusqu'au bout. Il faut que je trouve Enzo.

- Il faut qu'on fasse demi-tour ! j'annonce.

- Quoi !? Mais qu'est-ce que tu racontes !? s'inquiète Sam. On ne peut pas faire demi-tour ! Et le plan, on en fait quoi ?

- Je m'en fous du plan ! je crache.

- Wow ! Éthan ! calme-toi, on ne va pas faire demi-tour, intervient Jérôme. Pourquoi veux-tu revenir en arrière ?

- Je... je dois aller chercher... quelque chose.

- Mais putain, Éthan, on ne retourne pas en arrière. C'est de la folie ! s'énerve encore Merlin.

- Pourquoi on ne peut pas revenir en arrière ?! Qu'est-ce que ça change si on arrive maintenant ou dans quelques heures ?!

- Ça change tout, débile ! crache Merlin.

- Ok Merlin, laisse-moi parler, annonce Sam.

Merlin se cale contre son siège en grommelant et Sam me regarde calmement.

- Pourquoi veux-tu retourner ?

- Parce que c'est comme ça, je réponds sèchement.

- Euh... les gars... ajoute Jérôme inquiet.

- Quoi ? je dis.

Sam se retourne et nous nous taisons tous l'espace d'un instant. On entend un vibrement. Un téléphone.

- Y'a... y'a Eliott qui m'appelle...

- Eliott ? Pourquoi Eliott ? Qu'est-ce qu'il veut ? répond Jean au tac au tac.

- Décroche ! insiste Merlin.

Jérôme apporte l'objet à son oreille.

- Allô ?... prononce-t-il.

Nous nous taisons encore une fois. Nous n'entendons rien, aucun bruit, mis à part le bruit de la voiture qui roule. Jérôme est toujours au téléphone. Il ne répond rien, visiblement occupé à écouter. Il a l'air concentré. Il fait nuit maintenant. On ne voit plus rien. On ne croise personne. Je regarde quelques instants par la portière, perdu dans mes pensées une nouvelle fois. Plus je réfléchis, plus les pièces du puzzle se mettent en place. Je comprends mieux, beaucoup mieux. Tout devient clair !

- Attention ! hurle Sam à mes côtés.

Je regarde à nouveau ce qu'il se passe devant moi. Je suis ébloui par des lumières. Elles viennent directement sur nous. Alors tout va très vite, trop vite... la voiture est percutée devant et derrière par deux 4x4. La voiture fait plusieurs tonneaux. Les vitres éclatent peu à peu et se plantent dans ma peau. Tout se casse. Ma tête se cogne plusieurs fois contre tout ce qu'elle trouve. Tout à coup, la voiture donne une sensation comme si elle flottait. Je me retourne pour voir mes gars et ils sont beaucoup plus amochés que moi. Ils sont pratiquement inconscients... je me touche la tête et une substance chaude vient se propager à une vitesse incroyable sur ma main. Je saigne. J'ai du mal à voir clairement. Je me force à bouger. J'ai atrocement mal... Je m'approche de Sam et le secoue de toute mes forces.

- Sam... regarde... moi... Sam... réveille... toi...

J'ai du mal à parler. Soudain un liquide froid se propage dans la voiture. On dirait de l'eau. À vrai dire je ne vois absolument rien... Je vois juste des petites taches de couleur comme quand on se lève trop vite.

- Sam... Sam... Merlin...

J'ai l'impression que la voiture descend ou coule, en tous cas, ce liquide froid se propage partout dans la voiture. Je n'arrive plus à respirer. Je n'ai plus la force de bouger. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne sais pas comment, mais la voiture est de nouveau percutée, plus violement cette fois. Mon corps percute le métal de la voiture avec force. Je n'arrive toujours pas à respirer. Je n'arrive plus à penser clairement. Mes yeux se ferment d'eux-même. Je ne sens presque plus mon corps. Peu à peu mon corps lâche. Je n'ai plus la force de rester conscient...

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