Chapitre 4

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Un bruit de musique très forte me réveille. Cette musique vient de la chambre d'à côté. Inès. Je me lève brusquement, ouvre mon volet maladroitement, ouvre ma porte, sort de ma chambre, puis claque ma porte violemment. Je me dirige vers la chambre d'Inès, Ouvre sa porte et la claque de la même façon que la mienne.
- Eh ! Tu te calme avec ma porte là !
- Non mais je rêve ! Inès ! T'as pas l'impression que ta musique est un peu forte là nan ?
- Oh, ça va... C'est bon là ! Il est presque midi !
- Et alors ? Je dors moi ! Et tu sais très bien que je fais tout le temps de grasses matinées ! Depuis qu'on est ici, tu ne m'en as pas laissé faire une seule ! Merde quoi !
Papa ouvre la porte doucement et nous scrute du regard.
- Les filles ! On vous entend gueuler du salon ! Et Inès, baisse ta musique.
Il fait un signe en même temps qui dit de baisser la musique. Bah, voilà, on est d'accord, sa musique est bien trop forte. Inès baisse sa musique.
- Mais papa c'est les vacances ! J'ai le droit de mettre de la musique et puis il est presque midi ! Plus personne ne dort à part, elle !
Elle me montre du doigt avec une tête dégoûté. Je hausse un sourcil du genre « t'as un problème ? ».
- De toute façon on mange !
Alors on croise toute les deux les bras et suivons papa comme des moutons. On rejoint Sasha qui est déjà installé à table, il me fait un sourire, je lui rends. Inès lui en fait un aussi, mais il ne lui rend pas et l'ignore. Bien fait pour elle.
Je débarrasse la table et Sasha vient m'aider. Adorable. Inès se précipite vers sa chambre mais papa lui dit de mettre la vaisselle au lave-vaisselle. Elle souffle mais obéis. Au moment où elle commence à mettre au lave-vaisselle, Sasha et moi avons fini. On part bronzer une heure ou deux pour digérer, puis on décide d'aller surfer. On se change, met nos combinaisons et partons.
On se rend sur la plage Keller, une plage réservé au surf. On s'arrête au surf-shop. Pendant que je loue une planche, Sasha cherche encore une qui lui correspond. Le vendeur a l'air plutôt jeune. Et aussi très beau.
- Ce sera tout ?
- Oui, merci.
- Je ne vous ai jamais vue ici. Peu de personne connaissent cette plage.
- Je suis en vacance, je suis déjà venue l'année dernière.
- L'année dernière... Je ne travaillais pas encore ici.
Il me rend ma monnaie et lorsque je m'apprête à partir de la caisse, il me tend la main.
- Clément.
Je lui serre alors la main.
- Emma.
Il me fait un grand sourire. Je lui rends.
- Enchanté, Emma. A la prochaine.
Je lui fais un signe de tête et attend Sasha devant la boutique. Ça paraît interminable, mais, au bout d'un certain temps, Sasha sort avec une planche bleue munie d'une fleur au milieu en haut. Elle est simple mais très jolie.
- Tout ce temps pour une simple planche bleue ?
- Avec une fleur !
On se met à rire.
- Dis donc le vendeur, un peu dragueur non ?
- Ouais... Il voulait simplement être sympa avec sa cliente, Sasha.
- Mouais.
On accroche notre cheville à notre planche et hop ! Direction la mer. Une grosse vague arrive, celle-là elle est pour moi ! Je la prends ! Donc je pagaie avec mes mains, et, avec précaution, je lève. Je manque de tomber mais me remet droite et là, la vague arrive, droit sur moi. Je surf. Quelle sensation ! J'adore surfer ! Je n'avais pas surfé depuis l'été dernier et, l'été dernier, je n'avais surfé qu'une fois. J'ai un peu de mal mais m'y habitue. Quand la vague est enfin passée, je cherche Sasha, mais je ne le vois pas. Je commence à paniquer, mais, je le voie sortir d'abord sa tête de l'eau, puis tout son corps allongé sur sa planche.
- Ça va ?
Me cri-t-il.
- Oui, j'ai juste eu peur.
Il me regarde et rigole. Puis je voie une autre vague un peu moins grosse que celle d'avant arriver vers moi. Je décide de la prendre aussi, tant qu'à faire. Alors je refais la même chose, je pagaie de mes mains, me relève prudemment, puis je prends la vague. Puis, tout à coup, je sens quelque chose heurter ma planche, mes bras balancent et la planche se retourne, avec moi aussi. Ma tête heurte ce « quelque chose ». J'ai mal. J'entends Sasha crier mon nom, apeuré. Je tente de répondre mais n'y arrive pas. La planche –cassée je crois- plonge vers le fond. Comme ma cheville est accrochée à cette même planche, je plonge aussi vers le fond. J'essaie de me débattre. D'abord, j'essaie de remonter à la surface. Sans succès. La planche est trop lourde. J'essaie de respirer malgré l'eau qui rendre dans ma bouche. Et alors, j'essaie d'enlever la laisse mais elle est trop serrée. Je sens quelque chose, ou plutôt quelqu'un, me prendre par la taille. Il me remonte à la surface puis nage jusqu'au sable. Arrivé sur le sable, il me pose. Sasha. Je mets ma tête sur le côté et tousse tout en recrachant l'eau. Puis je regarde Sasha, me redresse, m'assoie. Il s'est accroupi. Puis je le prends par le coup et l'enlace. Il m'a sauvé la vie. Je ne pourrais jamais oublier ça. Puis je regarde ma cheville, la laisse y est encore mais pas la planche
- Et ma planche ?
- Coulé.
- Merde.
- Je la rembourserais Emma, t'inquiète.
- Non ! Surtout pas !
A ce moment-là, j'ai super mal à ma tête. Je touche la partie où j'ai mal, regarde ma main et, découvre beaucoup de sang.
- Merde Emma, t'es blessée !
Merci j'avais remarqué !
- Ça va ?
Je ne réponds pas. Je le regarde. Et là, je commence à pleurer. Il me prend dans ses bras.
- Oh... Emma... Il ne faut pas pleurer... Ça va aller t'inquiète. Je vais appeler ton père et une ambulance.
-NON ! Surtout pas ! Je ne veux pas que mon père s'inquiète. Rendons ta planche et allons rembourser la mienne, et, après, on verra ce qu'on fera.
Il a l'air perplexe à cette idée-là. Alors je reprends :
- S'il te plaît ! Je vais bien. Et je ne veux vraiment pas que papa s'inquiète pour moi, de plus, il est en pleine réunion là...
Il m'aide à me relever, prend sa planche, et nous nous dirigeons vers le surf-shop. Clément est toujours là. Quand il me voit, il sort de derrière la caisse et s'approche de moi.
- Merde, ça va ? T'es blessée !
Là encore j'avais remarqué ! Mais merci.
- Ma planche à couler... Combien je dois la rembourser ?
- Non ! Emma ! Ce n'est pas de ta faute ! Je dirai à mon patron que c'est moi qui l'est perdu !
- Bon... C'est gentil.
Sasha rend sa planche.
- On fait quoi maintenant ?
Me demande Sasha.
- Je n'en sais rien. Mais je ne peux pas retourner à la maison dans cet état là...
- Vous pouvez venir chez moi ! Je fini de travailler dans dix minutes. Après la boutique fermera.
Quoi ? Déjà ? Mais, il est quelle heure ? Je demande donc à Clément quelle heure il est car j'ai laissé mon téléphone chez moi. Il me répond qu'il va être dix-neuf heures. Merde. Déjà. Du coup, Sasha décide, après quelques menaces à Clément comme quoi il doit faire attention à moi, de rentrer et de dire à papa que je mange chez une amie pour pas qu'il ne s'inquiète. Je reste alors assise sur une chaise pliable à côté de Clément pendant dix minutes. Puis in ferme la boutique et me fait monter dans sa voiture. Mais il a quel âge en fait ?
- T'as quel âge ?
- Oh... dix-huit.
Putain.
- Et toi ?
- Quinze...
Il fait des yeux ronds.
- Quinze !
Je hoche la tête. Il met la radio et un silence s'installe –mise à part la musique-.
Son appartement est tout petit, j'ai l'impression qu'il vit tout seul. Je ne vois aucune photo de famille ni rien.
- Tu ne vis plus avec tes parents ?
Au moment où je prononce le mot « parents », il se rembrunit. J'ai peur d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas.
- Désolée... Je n'aurai peut-être pas dû...
- T'inquiète... A vrai dire... Ils sont morts quand j'avais quatre ans. J'étais en famille d'accueil, mais ils n'étaient pas du tout cool, alors je suis parti quand j'ai eu mes dix-huit ans, et, aujourd'hui, je vis bien mieux comme ça.
Je reste muette. Eh bah dites-donc.
Pour changer de sujet, il m'emmène dans sa salle de bain où il me nettoie ma plaie, quand il jette la compresse à la poubelle, je remarque qu'une grosse tâche de sang marron y est imprégnée. Dégueulasse.
Je m'installe dans son canapé puis il prépare à manger. Pendant qu'il laisse les Fish-and-chips cuire tout seul, il part dans sa chambre pour se changer, je crois. Quand il en ressort, il est torse nue. Je vois tous ses muscles. Je le dévore des yeux, lui, et ses muscles. Magnifique. Il se dirige vers sa mini cuisine et j'en profite pour me permettre de mater ses fesses. Oups.
Il me ramène mon assiette et s'assis à côté de moi. Très près de moi. Son épaule touche la mienne.
Quand on a fini, il débarrasse. Je tente de l'aider mais il refuse.
Il me dépose chez moi. Il fait noir. Il est tard. J'espère que tout le monde dort. Surtout papa, je ne veux pas me faire engueuler. Je descends de sa voiture, referme la porte. Il ouvre son carreau.
- Merci pour cette soirée, Emma.
- Non, merci, à toi Clément.
Puis il m'adresse un grand sourire. Je fonds en le voyant. Je l'imagine encore torse nue, devant moi. Mais il est bien trop grand pour moi. Et ça je le sais. Alors je lui rends son sourire et rentre chez moi. Toute les lumières sont fermés. Tout le monde dort. Je rentre sans faire de bruit et me dirige dans ma chambre tout doucement. Comme une voleuse dans ma propre maison.

L'été selon EmmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant