L'écho d'une conversation mouvementée me tire du brouillard dans lequel je suis embourbée. Je cligne des yeux, étourdie et assommée par un puissant mal de tête, et tente de trouver un repaire dans la pièce invraisemblable dans laquelle j'ai atterri. Des meubles anciens, de l'or, des draps et des rideaux de satin bleu vert aux allures orientales, forment un cocktail un peu trop étranger dont je ne peux m'empêcher de me méfier. Tout comme ces voix, étrangères, et l'absence angoissante de Sygor.Bien trop habituée à ce genre de situation, je cherche furieusement dans la pièce de quoi me défendre lorsqu'une irrégularité dans les planches de parquet attire mon attention. Petits joueurs. Je soulève la latte et fais une merveilleuse découverte. Enveloppé dans un morceau d'étoffe, un superbe poignard. J'admire les arabesques d'or sur son manche bleu céruléen avant de me ressaisir et de m'approcher de la porte le plus discrètement possible. Je l'ouvre et me glisse hors de la chambre. Un couloir, et puis une cloison derrière laquelle sont situées les origines des voix. Plaquée contre le mur, je la rejoins et m'agenouille en tentant de capter des bribes de leur conversation.
« C'est complètement irréfléchi...Inconscients...Vous n'auriez jamais dû l'amener ici ! Et si c'était eux qui l'envoyait ?! Fulmine une voix de femme
- Elle était inconsciente idiote. Lui répond une deuxième voix féminine
- Elle peut très bien bleuffer Senty. Rétorque la première
- Calmez-vous toutes les deux. Ce qui est fait est fait. Assène une voix d'homme
- Vous prenez des risques inconsidérables en amenant cette...paria ici. Renchérit la première.
- Cléris ! S'agace l'homme
- Quoi ?! C'est la vérité !! Renard ne réfléchis jamais, tu passes ton temps à nous mettre en danger !
- ...
- Tu ne peux pas répondre ?! T'excuser serait pas mal !! Et efface ta saleté de sourire en coin mon ange avant que je ne vienne le faire moi-même.
- De toute façon Cleris tu l'a bien regardée ? Elle ne ferait pas de mal à une mouche. » La rassure une nouvelle voix masculine qui me fait sursauter tant elle est proche.Lassée d'écouter leurs vociférations, je bondis hors de ma cachette et plaque la lame étincelante du poignard sur la gorge du dernier participant de la conversation.
« Tu disais Meris ? » Ricane la deuxième voix féminine, Senty de ce que j'ai compris.
Assise nonchalamment sur l'un des luxueux comptoirs de la cuisine, elle déguste une pêche juteuse, parfaitement à l'aise dans sa combinaison de latex couleur sang. Ses immenses boucles d'un brun sombre cascadent dans son dos jusqu'à s'échouer sur le plan de travail immaculé du comptoir.
Ses yeux gris glissent sur moi avec un amusement mêlé à une pointe de curiosité. Ses traits froids et son corps voluptueux sont loin d'être dénués de beauté, ce qui explique surement son aisance presque irréelle à s'imposer partout où elle semble se trouver. Un mouvement de mon musculeux otage me fait me reconcentrer immédiatement sur lui. D'ici, je ne peux voir que son dos, ses bras couverts de tatouages bizarres, et sa nuque où tombent des mèches blondes comme les blés.D'une voix ferme que je ne me connaissais pas, je leur assène :
« Où est Sygor ? Je ne me répèterai pas. Si vous lui avez fait le moindre mal, je saigne ce joli petit minois. » les prévins-je en désignant celui que je tiens.
« Je vous avais prévenu qu'elle pouvait être dangereuse. » Marmonne une blonde renfrognée qui doit être Cleris.
« Ton perroquet va bien petite furie, me répond Senty, et si tu te détendais on pourrait t'emmener le chercher. »Je fronce les sourcils et, précautionneusement, libère blondinet. Avec un soupir de soulagement, un homme barbu en costume noir que je n'avais pas remarqué jusqu'alors mais à qui appartient la voix grave s'adresse à moi avec un sourire avenant :
« Bonjour Espra, bienvenu parmi nous. Tu peux m'appeler Mr. Smith.
- Si vous le dites. Comment connaissez-vous mon nom ?
- Tu serais surprise de découvrir le nombre de choses que je sais sur toi, mais le moment des interrogations n'est pas encore venu. D'abord, Senty va t'emmener chercher Sygor.
- Je passe mon tour, répond l'intéressée, j'aime pas les piafs.
- Sygor n'est pas un perroquet. C'est un faucon gerfaut.
- Faucon ou pas, je ne viens pas.
- Je vais l'accompagner, ça me donnera l'occasion de comprendre pourquoi c'est sur moi qu'elle a sauté. Déclare blondinet.
- Simplement parce que tu étais le plus...
- Tut, tut, tut. Ne me fais pas regretter ma proposition.
- Alors va avec elle Meris, et ramène-la à l'intérieur ensuite. Nous nous retrouverons tous pour le dîner. Quant à toi Cleris, nous risquons d'avoir une petite discussion. » La prévint Mr Smith.
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Incontrôlables
Fantasy" Un courant d'air particulièrement froid me fouette le visage et je fronce le nez. C'est pas possible comment j'ai pu oublier de fermer la fenêtre en plein hiver. Mais une seconde...Ca fais tellement qu'elle n'a pas été ouverte qu'elle est complète...