Meji a saisi le mollet de mon père dans sa puissante mâchoire et le sang à déjà commencé à tâcher le pantalon de celui-ci. Il tente de se libérer quand un cri aigu se fais entendre depuis les cieux. Sygor, une énorme branche tenue entre ses serres, fonce droit sur mon agresseur et celle-ci vient de heurter conte son crâne. Mon père s'écroule dans un bruit sourd et Sygor se pose à côté de moi en frottant son petit bec sur mon front. Quand à Meji, il évite mon regard et s'est allongé à côté de son maître. Il détourne la tête un instant et, relevée sur les genoux, je lui fais un petit signe de tête avant de me relever et entrer dans la maison en claudiquant.Je me rend directement dans la salle de bain et me met en sous-vêtements. Assise sur le lave-linge, je désinfecte les égratignures que j'ai aux genoux, calme les saignements de mon nez et applique une pommade apaisante sur ma nuque douloureuse. Je prends un cachet contre la migraine et me glisse dans ma chambre. Je ferme à clé, me laisse tomber sur mon lit en étoile de mer, et tente de mettre un peu d'ordre dans mes pensées pendant que Sygor se pelotonne contre moi. Tout en caressant le sommet de sa tête, je fais le tri. Il est certain que je me fiche que mon père agonise dans la neige, mais je ne comprends décemment pas pourquoi Meji s'est retourné contre lui. En 5 ans jamais le canidé n'avait failli à la confiance de mon père. Alors pourquoi ? Pas à cause de ses actes, il en aurait eu le temps durant toutes ces années. On aurait dit qu'il faisait ça..pour moi ?
Ma parole je débloque complètement. Et pourtant cette journée est une succession d'événements improbables. Instinctivement, je porte la main à ma poche où le petit dé repose toujours. Je l'en extrait et l'observe à nouveau. Alors que je le fais tourner une énième fois devant mes yeux comme une énigme compliquée, de minuscules caractères d'or attirent mon œil dans l'un des coin du cube. Je parviens à les déchiffrer : Le Renard. Le renard ? Qu'est-ce que ça peut bien signifier ?
Trop de questions s'accumulent dans ma tête aujourd'hui. En soupirant, je referme ma main sur le dé et laisse tomber mon poing sur le matelas. Je ferme les yeux et respire lentement.C'est plusieurs heures plus tard que je me réveille de ma sieste improvisée. Et de façon très peu agréables. La nuit est tombée et les beuglements de mon père dans l'entrée me réveillent en sursaut. Paniquée, je cours chercher mon sac à dos. J'enfile à la hâte un jean et un sweat trop large et fourre dans le sac un pull, des gants, un bonnet, une écharpe, mes livres, une photo, une bouteille d'eau et des paquets de gâteaux qui traînaient. J'y rajoute quelques vêtements et sous-vêtements, ma bouillotte, un sac de couchage et mon étui à lunettes. Je referme le tout et ouvre les deux battants de la fenêtre. La neige s'engouffre dans la pièce. Génial, il manquait plus que ça. Alors que je m'apprêtais à enjamber le rebord, ma porte tombe à terre dans un grand fracas. Les yeux fous, mon père se précipite vers moi et me saisit par les cheveux. Je me débat comme un beau diable et il me gifle. Heureusement, ou malheureusement, je bascule dans le vide et m'échoue en bas dans un bruit sourd. La joue douloureuse et le corps meurtri, je me relève tant bien que mal et file vers la forêt. J'entends les piaillements de mon faucon au dessus de moi et je suis contente qu'il me suive. Je serpente entre les troncs en ignorant la douleur qui tambourine dans mon crâne comme si elle se pensait dans un foutu clocher. Je ne regarde pas ou je vais, j'avance en tentant de mettre le plus de distance possible entre moi et cet attardé.
Quand je m'arrête enfin, le souffle court et me laisse tomber les fesses dans la neige, je lève les yeux vers l'endroit où je me trouve et l'ironie de la situation me fais sourire malgré ma position. Le lac. Je suis au lac. Mon refuge hein. Je ne tiendrais pas bien longtemps dans la forêt. Je ricane nerveusement quand une vive couleur m'attire a quelques pas. C'est un paquet de cartes. Un paquet de cartes. Si rire ne me faisait pas si mal, je m'étoufferais sûrement. À la place, je glousse comme une de ces dindes qu'on peut trouver dans tous les coins de mon lycée. Je n'en peux plus mes nerfs vont véritablement lâcher. J'ai mal. Chaque inspiration me tire un râle de souffrance et je tousse bientôt sans interruption, tachant la neige d'un rouge sombre. Sygor, piaillant près de moi, s'agite, embêté par sa malheureuse impuissance. Un filet de sang chaud commence à dégouliner le long de mon avant-bras et je soulève mes doigts pressés sur mon sourcil. Je comprends bien vite que la plaie s'est rouverte et ce n'est pas bon du tout.
Alors que je le réalise, ma vue commence à se brouiller et tout tangue autour de moi. Je prends appui sur mon bras mais il me semble aussi mou et flasque que toute chose dénuée d'os et je dérape, mon torse tombant dans la neige. Mon bras heurte une chose. Malgré ma vue fortement diminuée, je reconnais le paquet de cartes. Ainsi je n'avais pas rêvé. Je le serre dans mon poing. Mes yeux commencent à se révulser et je pers toute notion de l'extérieur. Avant que je ne sombre définitivement, je pense apercevoir quelqu'un se pencher sur moi. Des cheveux roux on dirait. Pfff. Peu importe. Je dois encore rêver. Un cri de Sygor, il me semble qu'on me soulève et puis..plus rien.
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Incontrôlables
Fantasía" Un courant d'air particulièrement froid me fouette le visage et je fronce le nez. C'est pas possible comment j'ai pu oublier de fermer la fenêtre en plein hiver. Mais une seconde...Ca fais tellement qu'elle n'a pas été ouverte qu'elle est complète...