Tête-à-tête

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" Meris...tu...qu'elle est ta faculté ?
Son visage redevient malicieux et tout en approchant son visage du mien, il me murmure à l'oreille d'une voix rauque :
- L'extase.
Je rougis violemment et le repousse alors qu'il éclate de rire devant la teinte écarlate qu'à pris mon visage.
- Je ne te pensais pas imbu de toi-même à ce point.
- Je ne plaisante pas. C'est vraiment la faculté que j'ai obtenue.
- Étonnamment je ne suis pas surprise...celles des autres ?
- Ça, ce n'est pas à moi de te le dire. Tu devras le découvrir par toi-même.
- C'es injuste.
- C'est sûr que je n'ai pas commencé mon séjour ici en tentant d'assassiner l'un de mes colocataires.
- Hilarant.
- De mon côté, Renard a été le plus difficile à trouver. Cleris la plus simple. Et puis...il y avait Qyria.

Son visage se rembrunit une nouvelle fois à l'énonciation de ce prénom et je pose la question qui me brûle les lèvres même si je redoute la réponse :
- Qyria ?
- Ton prédécesseur.
- Elle...pourquoi elle n'est plus là ?
- Elle a été tuée.
- Par une de ces colocataires enragées ? je tente avec un mince sourire..
- Par Melesis.
- Melesis ?
- Plus de questions..ça suffit pour ce soir.
- Même sur toi ?
- À une condition : je t'en poserai aussi.
- ...Très bien.
- Depuis quand ton père...te frappait comme ça ?
- Je..depuis...depuis mes 3 ans.
- Pourquoi ?
- Ma mère...est morte...
Meris s'assoit en tailleur en face de moi et, timidement, prend ma main au creux des siennes.
- C'était un superbe jour d'été. Nous étions partis, comme tous les ans, au bord du lac dans la forêt près de chez nous. Ma mère, qui aimait énormément l'eau, s'est approchée du bord et à dérapé sur les galets trempés. Elle s'est cognée la tête et les courants l'ont engloutie alors que le choc l'avait rendue inconsciente. J'étais là. Assise sous un arbre, sur une couverture et en me levant pour l'aider, alors que je n'étais qu'un bébé, je me suis blessée l'oreille avec une épine dépassant d'une branche basse.

J'écarte mes longues mèches rosées pour lui montrer la cicatrice blanche formant un arc sur la tranche de mon oreille.
- La douleur et le sang m'ont fait peur et j'ai paniqué, oubliant ma mère que je n'aurait pas pu aider. Je me suis mise à pleurer et mon père est arrivé. Il m'a secouée, me pressant de lui dire où ma mère était passée. Il a retrouvé son corps plus bas dans la forêt. Et pour la première fois, mon père m'a frappée.
Une larme coule le long de ma joue, et la main chaude de Meris vient la faire disparaître tendrement. À son tour il prend la parole, la voix brisée :
- Qyra...Qyra était une des personnes que j'aimais le plus au monde. C'était aussi...la majeure source de conflit entre moi et Cleris. Pour la simple et bonne raison que nous étions tous les deux fous d'elle. Mais c'est Cleris qu'elle a choisi. Je les aimais toutes les deux alors...je n'ai pas fait d'histoires et, je les ai laissées libres de vivre la leur. Quand elle est morte...Cleris a disjoncté et moi j'ai cru mourir avec elle...le temps à passé, et tu es arrivée. Une remplaçante à celle qui avait été si importante pour nous, aussi explosive et vive que Qyra était douce et calme. Quelque chose me dit...qu'à ton tour tu risques de chambouler nos vies respectives et ce...irréversiblement.
Je garde le silence en repensant à ses mots quand je tilte sur un détail :
- Une seconde, tu les aimais toutes les deux ?
- Cleris...est ma soeur. "

Un coup de poing dans l'estomac. C'est soudain ce qui me coupe le souffle après ces mots. Cleris...sa soeur...est-ce que l'univers allait finir par cesser de me faire ce genre de triste blague ? Bien que je ne soit pas assez prétentieuse pour penser mériter un sort administré par lui-même. J'avais manqué de tuer sa propre soeur et il me parlait ? Se confiait à moi ?
" Qui es-tu Meris ?
- Ton prochain rêve. "
Il dépose un baiser un baiser sur mon front et quitte la chambre, un sourire énigmatique aux lèvres. Les joues écarlates, plantée la sur mon lit, je rumine sans parvenir à le comprendre. Je me laisse tomber sur le dos et ferme les yeux. Des images se pressent en rafales derrière mes paupières toutes plus désagréables les unes que les autres. Mon père..les crocs de son chien...Sygor blessé...Cleris dont le visage bleuit...lui...maman...les yeux peinés de Meris...la panique de Smith...et Renard et ses yeux violets troublants..

Je me redresse, en sueur. Je fouille désespérément dans les placards dans l'espoir de trouver des vêtements plus pratiques. Bingo. Un legging en cuir noir et un sweat imprimé militaire. J'enfile les premières baskets que je trouve et siffle Sygor. Il se perche sur mon épaule, j'ouvre les fenêtres, et après une longue inspiration, je bondis dans le vide. Je me rattrape difficilement sur le sol humide et manque de m'écraser sur le dos. La neige craque sous mon poids et crisse sous mes pas alors que je m'élance dans la forêt sous les étoiles, dans le noir et le froid. Mes pieds martèlent le sol et mon corps est tendu au maximum alors que j'accélère toujours un peu plus. Mes cheveux fouettent l'air derrière moi et Sygor, voltigeant au-dessus de moi, piaille par intermittences, enthousiaste.

Je courrais toujours à une vitesse qui s'y j'y prenait garde, me semblerait bien trop rapide pour la moyenne humaine, quand un bruit suspect attire mon attention. Je m'interrompt prestement, alerte. Deux autres craquements. La discrétion est à revoir pour ceux qui me fixent à l'instant. Dis celle dont les cheveux pourraient être repérés à 60 mètres à la ronde. Des sanglots étouffés. Des yeux bleus larmoyants mais terrifiants. Deux iris olives impitoyables. Et la panique qui m'étreint brusquement la poitrine. Encore une fois, j'ai été une profonde idiote.
Sans réfléchir plus longtemps, je fuis de toute la vitesse dont mon corps est capable. Malheureusement, les deux inconnus me suivent à la trace et semblent particulièrement rapides aussi. Je finis par ralentir malgré moi, essoufflée et au bord de l'évanouissement. Ce qui n'est pas la meilleure des options. Je prends une longue inspiration et me retourne pour faire face à mes prédateurs.

C'est les yeux bleus qui apparaissent en premier. Elle fait quelques pas dans ma direction, éclairant ici son visage glaçant grâce aux rayons bleus de la lune. Ces yeux en amande, placés sur un visage aussi beau que fascinant à la peau parfaite d'une pâleur lumineuse. Des cheveux lisses, noirs, brillants, s'échouant sur le sol. Elle profite de ma torpeur pour se jeter sur moi, et j'ai à peine le temps de remarquer les larmes scintillantes sur ses joues de poupée que ses mains glacées étreignent ma gorge, ses ongles se plantant férocement dans mon cou. Je hoquète, ahurie, et m'écroule en arrière, l'entraînant dans ma chute. La chute me coupe le souffle et m'aide à sortir de ma transe.

Je balance mon genou dans son estomac et griffe sa joue de ma main libre. Surprise, elle relâche sa surprise et j'en profite pour la faire basculer en arrière et tout en appuyant mon genou sur sa trachée, je maintiens ses épaules et ses jambes de mes bras et ma jambe disponible. Elle se débat et je commence à croire que je vais pouvoir m'en sortir indemne quand un violent coup sur ma tempe me fait déchanter. Je cligne des yeux pour chasser mon vertige alors que des yeux olives méprisants et froids me contemple de haut. S'enchaînent un coup de pied dans les côtes, plusieurs coups dans l'estomac, et une gifle retentissante alors qu'une nouvelle fois on me soulève de terre en m'étranglant. Cette fois la poigne est bien plus importante et derrière les épaules d'Olive comme je l'ai baptisé, la joue de l'autre peste dégouline de sang. Un petit sourire cynique étire sournoisement mes lèvres. Une nouvelle gifle et la voix d'Olive qui m'insulte sans pitié : " Qu'est-ce qui te fait sourire salope ? ",

Soudain, une boule brûlante d'un rose aveuglant lui explose au visage et il me lâche en hurlant. Une voix que je ne connais que trop bien s'élève à quelques mètres de nous et je laissé échapper un soupir de soulagement :
" Je suis la seule salope ici, Furie n'est pas à la hauteur. "
À genoux au sol, je me tourne pour apercevoir la chevelure brune et la combinaison écarlate de Senty avant qu'elle n'explose en une tornade ondoyante d'une rose brûlant. Olive et l'espèce de geisha finissent par se tirer et la main de Senty apparaît dans mon champs de vision. Je l'a saisis et me hisse pour me remettre sur pied...avant de vaciller, frappée par les yeux gris réprobateurs qui me fusillent du regard.

Incontrôlables Où les histoires vivent. Découvrez maintenant