Je me ballade dans les rues en rentrant de mon travail. Ce vendredi soir est spécial et je voudrais rentrer le plus tard possible chez moi, retrouver ma meilleure amie : la solitude. C'est pourquoi j'ai décidé, exceptionnellement, de prendre un autre chemin. Je suis donc entrain de déambuler tranquillement entre les passants pressés de rentrer chez eux ou flânant lorsqu'un bruit familier attire mon attention. Je découvre qu'il provient d'une rue perpendiculaire à la rue principale. Bien éclairée, elle paraît plutôt avenante et je m'y engage pour découvrir l'origine de ce tintement. J'arrive enfin devant la boutique en question. Un horloger. Sa vitrine est remplie d'horloges, de montres, de pendules et de coucous. Tous carillonnent au rythme d'une mélopée qui me plonge dans mes souvenirs et me ramène 118 ans en arrière.
19 mars 1900, Londres
Je suis assis confortablement dans un fauteuil en cuir alors que dehors le vent souffle fort, faisant danser les feuilles et claquer les branches. Mon hôte revient avec un plateau garnit de 2 tasses de thé chaud ainsi que des petits gâteaux. Cela fait maintenant plus de 2 heures que je lui raconte mon histoire et celle-ci n'est pas finie.
" Reprenons. Vous me disiez donc que vous aviez monté cette mutinerie au milieu des Caraïbes."
Je hoche la tête. Après mon enfance puis mon adolescence, nous voilà au moment le plus important, étrange et décisif de ma vie. Si l'on peut encore appeler ça de cette manière.
"- Tout à fait. Âgé de 26 ans, je m'étais embarqué dans cet équipage pirate avec des rêves plein la tête. Cependant, le capitaine du vaisseau sur lequel j'ai embarqué m'a vite fait redescendre sur Terre. Le capitaine Hook était un homme froid et austère. Ses cheveux noirs d'encre étaient toujours surmontés d'un grand chapeau à plume et ils encadraient un visage fin. Ses yeux bleu glace vous figez avant que vous n'ayez eu ne serait ce que l'idée de bouger. Il n'hésitait pas à faire savoir que c'était lui le Capitaine, auprès des ennemis que nous rencontrions mais aussi auprès de son propre équipage qu'il mutilait ou tuait au moindre faux pas. Tout cela accompagné de son éternel demi- sourire carnassier.
- Il n'a pas dû apprécier votre petite rébellion, au vu du portrait que vous m'en faites?
- A ça non mon ami! Cela c'est tout simplement fini en combat singulier entre nous deux. Nous étions au large des Bahamas, au milieu de l'océan lorsque notre combat débuta. Je n'en garde que de brefs souvenirs mais je me souviens lui avoir tranché la main droite avant qu'il ne m'enfonce la lame de son poignard dans le cœur. A ce moment là je m'étais dit qu'étant déjà mort je pouvais tenter le tout pour le tout. J'ai donc enfoncé encore plus la lame dans mon cœur afin de pouvoir lui planter la mienne dans le corps. Lorsque je vis ses yeux exprimer de la surprise et que le silence se fit autour de nous je sus que j'avais réussi. La surprise fit vite place à de la colère et dans un dernier élan de rage il me fit basculer par dessus bord. J'eus l'impression de tomber très lentement avant de heurter brutalement la surface de l'eau. L'océan m'engloutit et je sombrais lentement tandis que l'obscurité se faisait autour de moi. "Mon hôte me regarde subjugué, suspendu à mes lèvres, sa main prenant machinalement quelques notes. Je pris une gorgée de thé et poursuivis:
" Je me suis réveillé dans un dispensaire à Nassau. J'appris plus tard que c'était la capitale des Caraïbes. Sitôt réveillé, une infirmière se précipita à mon chevet. Je tentais de reprendre mes esprits. Elle m'aida à me redresser et je découvris alors une grande balafre rosé située juste sous mon cœur. Voyant mon regard se porter sur celle-ci, l'infirmière me sourit :
"- Vous avez eu de la chance pour cette blessure.
- Comment avez-vous fait pour me sauver?
- Un équipage vous a sauvé de la noyade de justesse et vous a amené ici.
- Mais cette blessure? Lui demandais-je en lui désignant mon cœur
- Vous possédiez déjà cette cicatrice Monsieur." Me répondit-elle en me regardant bizarrement.
Cette réponse me plongea dans mes pensées, je n'avais aucuns souvenirs suite à ma chute dans l'océan, comment avais-je pu guérir?
Cette interrogation trouva un semblant de réponse bien des années plus tard. Étant tout à fait rétabli je ne m'attardais donc pas plus à Nassau et pris le premier bateaux pour Londres. J'y retrouvais ma sœur Clothilde. Nos parents étaient décédés peu de temps avant que je ne m'engage dans cet équipage pirate. Elle m'apprit qu'elle c'était mariée et que tout allait pour le mieux. Son mari et elle eurent la gentillesse de m'accueillir quelque temps.""Comment, alors, avez vous découvert votre.... particularité?"
"D'une manière bien funeste mon ami. Comme vous le savez, à l'âge adulte, la physionomie d'un visage change peu, ce n'est donc pas cela qui m'a interpellé.
Il faut d'abord que je vous raconte ma rencontre avec celle qui changea tout, celle qui illumina ma vie, ma première étoile.
Il faut vous imaginez, mon cher, que je ne possédais plus rien, plus d'argent, de biens, d'amis. Tout ce que j'avais appartenait à ma sœur ou à son mari et je ne voulais pas dépendre d'eux trop longtemps. Je cherchais donc assidûment un emploi et en trouvais un de plongeur dans une taverne non loin de notre domicile. Ma sœur voyant tout les efforts que je faisais et voulant m'aider décida que la meilleure façon de me sortir de cet enfer était de me trouver un bon parti. Elle m'emmena donc à plusieurs cérémonies et bals mais rien n'y faisait, aucune fille ne m'attirait. Aucune jusqu'à une réception somptueuse chez un noble de la ville. Une jeune femme, au port élégant, vêtue avec bon goût mais de manière discrète attira mon attention. Ses boucles brunes relevées dévoilaient un visage mâture mais mangé par deux grands yeux enfantins qui détaillaient chaque partie de la pièce, chaque personne présente. Mon cœur se mit à battre la chamade et je décidais de l'inviter à danser. Durant la danse j'appris qu'elle s'appelait Wendy. Cette danse marqua le début d'une histoire amoureuse passionnée. "
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Le garçon qui ne pouvait pas grandir
Fiction générale"Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin" James Matthew Barrie