Chapter 18

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Samedi 10 juin

Draco n'avait pas bougé de son lit. Il restait là, enfoui sous sa couette, dans le noir. Il écoutait la journée s'écouler, derrière sa fenêtre aux volets fermés. Son cerveau tournait à plein régime.

Il ne voulait pas sortir de son lit. Sortir de son lit équivalait à affronter la vérité, et sa lâcheté n'avait jamais été aussi confortable. La réalité était effrayante. Les pensées envahissaient son esprit à toute allure, plus criantes de vérité les unes que les autres, et ils les repoussaient toutes, une à une. Il les enfouissait dans un coin de son cerveau, en espérant que s'il les ignorait avec suffisamment de force, elles finiraient par disparaître.

Il était terrifié. Terré au fond de son lit, il était terrifié. Les sentiments qui l'envahissaient étaient inconnus, effrayants. Il trouvait Granger belle. Véritablement belle. Il la trouvait intelligente, intéressante, pétillante parfois. Son estomac se retournait quand elle lui souriait, son cœur s'accélérait quand elle le regardait. Et même quand elle ne pétillait pas, même quand son visage entier hurlait de tristesse et de fatigue, quand le fond de ses yeux était terne et sans couleur, il voulait être avec elle. Il voulait l'aider.

Il aurait donné n'importe quoi pour que ce sourire qu'il arrivait parfois à faire fleurir sur ses lèvres soit là en permanence. Quand il était avec elle, il allait mieux. Sa simple présence lui faisait du bien. Entendre sa voix, voir son visage, savoir qu'il n'était pas complètement seul au monde, qu'il y avait quelqu'un qui se sentait comme lui... Cela lui faisait tellement de bien.

Mais le problème n'était pas là. Le problème résidait plutôt dans ses absences. Il résidait dans ce creux qui retrouvait sa place dans sa poitrine, quand il n'était pas avec elle. Elle comblait un vide, un gouffre béant au fond de lui, et le laissait plus profond encore quand elle partait. Oui, il se sentait heureux quand il était avec elle. Mais il n'était pas sûr que cet espèce de bonheur soit suffisant pour compenser le vide qui le remplirait si un jour elle le laissait tomber.

Bon sang, il était tellement effrayant pour lui de se laisser vivre. Il avait l'impression de se jeter dans l'inconnu, de prendre des risques beaucoup trop grand. Il n'avait jamais été habitué à écouter ses sentiments. On lui avait toujours dit de cacher tout ce qu'il ressentait, et il avait fini par ne plus ressentir grand chose. Mais la guerre et tout ce qui avait suivi lui avaient rejeté à la figure, de la façon la plus violente qui soit, qu'il était effectivement un être humain.

Il pouvait souffrir. Et il ne voulait pas souffrir. Il ne voulait plus. Il était lâche, tellement lâche. Mais il sentait qu'il ne pourrait pas supporter de se faire abandonner une fois de plus. Il ne le supporterait pas. Et il savait quelles en seraient les conséquences.

Soudain, un grand « Crac ! » de l'autre côté de la porte de sa chambre le fit se lever brusquement. Il ouvrit la porte en grand, la baguette levée, et se retrouva face à l'intrus.

- Blaise ! s'exclama-t-il en baissant sa baguette, soulagé.

- Tu dormais encore ? lança le Serpentard.

- Euh... Plus ou moins.

- Mec, t'es au courant qu'il est 16 heures ?

- Ah, déjà ?

Blaise soupira d'un air théâtral et s'installa confortablement dans le canapé.

- Ok, dis-moi tout Roméo. C'est à cause de Granger ?

Malefoy leva les yeux au ciel en entendant la façon dont l'avait appelé le Serpentard.

- Bien sûr que non, répliqua-t-il d'un ton acerbe. Je me suis juste couché tard hier soir, et j'ai dormi trop longtemps.

Guéris-moi - SuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant