Il pleuvait à Londres. L'air était lourd, le ciel d'un gris sombre menaçant. C'était une de ces pluies chaudes et moites de début d'été qui annonçaient un orage. Les parapluies avaient été dépliés, les passants se pressaient dans les bus à impériale et dans les allées trempées du métro, toutes les rues étaient imprégnées d'une odeur de béton mouillé.
Draco détestait ce temps. Il ne faisait ni chaud, ni froid, on était ni vraiment en été, ni vraiment en hiver. Il pleuvait, mais les gens restaient habillés avec leurs tenues estivales. Toute la ville était plus bruyante, quand il pleuvait.
Perché sur le rebord de sa fenêtre, il observait la rue en contrebas à travers la vitre. Malgré tout, il aimait la pluie. Il l'aimait surtout dans ces conditions, c'est-à-dire quand il n'était pas dessous. Il aimait entendre le bruit des gouttes qui frappaient contre la vitre, les voitures qui passaient bruyamment en éclaboussant les piétons sur la chaussée, pendant que lui était installé au chaud chez lui.
Il avait pris un livre et s'était installé confortablement, l'épaule calée contre la fenêtre. Il était un peu plus de 14h. Il n'aimait pas le dimanche, et encore moins le dimanche après-midi. C'était une journée creuse, molle, où il ne se passait rien, mais dont il fallait quand même profiter parce qu'on travaillait le lendemain. Il en avait marre des dimanches. Alors il essayait de faire passer le temps comme il pouvait.
Il lut un bon moment. Il était presque 16h quand il releva la tête, le dos et la nuque un peu douloureux. Il fut surpris en voyant qu'il était resté plongé dans son livre aussi longtemps. Il n'était pas un aussi grand lecteur que Granger pouvait l'être, mais il aimait quand même lire – même si peu de gens étaient au courant. C'était toujours un moment qu'il appréciait, quand il s'asseyait avec un livre, de préférence dans le silence, pour s'évader, s'instruire. C'était sa façon de s'échapper du monde, d'un quotidien qui était devenu de plus en plus difficile à vivre à mesure que les années passaient. Quand il lisait, il ne pensait plus à tout ce qui allait mal dans sa vie, il s'enfermait dans sa bulle et n'écoutait plus rien. C'était lâche. Comme d'habitude. Mais c'était confortable.
Alors qu'il se relevait et s'étirait longuement avec un gémissement, un grand « CRAC » retentit de l'autre côté de sa porte d'entrée, dans le couloir. Suivi de grands coups toqués à la porte. Il fronça les sourcils, surpris. Il n'attendait personne aujourd'hui. Il pensait passer sa journée seul.
D'un pas légèrement incertain, il s'approcha de la porte et l'ouvrit. Il eut un mouvement de recul en voyant Hermione qui se tenait devant lui, les yeux un peu rouges, comme si elle avait pleuré. Elle tenait fermement son petit sac à main contre elle.
Ils s'observèrent un moment.
- Je peux entrer ? demanda-t-elle finalement, brisant le silence.
Draco hésita. Il avait été agacé de voir qu'elle avait couru après Ron quand celui-ci les avait surpris au bar, la veille. Et il avait fini par être froid avec elle le reste de la soirée. Il n'avait pas franchement envie de la voir après ça, mais il devait avouer qu'il était intrigué qu'elle débarque comme ça à l'improviste chez lui. N'était-elle pas censée avoir son espèce de repas familial chez les Weasley le dimanche ?
Mais oui... Le repas familial. Avec l'autre crétin. Sachant qu'elle lui avait redit la veille qu'elle le quitterait.
Cette fois franchement curieux – et aussi animé d'une petite lueur d'espoir, il devait bien l'avouer –, il se décala pour lui laisser la place d'entrer.
- Je t'en prie.
Hermione lui jeta un coup d'œil timide, et entra dans le petit appartement. Elle n'avait l'air de ne pas trop savoir où se mettre. Elle restait debout, les yeux baissés et les joues rouges, les mains toujours cramponnées à son sac à main. C'était bizarre. Elle n'était pas comme d'habitude – elle ne se gênait jamais pour parler en général, elle était même limite insolente. Il s'était passé quelque chose.

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Guéris-moi - Suite
Fiksi PenggemarLa fanfiction "Guéris-moi" sur le couple Draco-Hermione, publiée par Absoleme, s'est arrêtée en plein suspense au chapitre 16... J'ai donc eu envie d'écrire la suite moi-même ! :)