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"Monsieur le président, on n'veut plus cacher la détresse. On va en classe, mais c'est les classes qui nous effraient."

-Chilla.

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En traînant des pieds et avec peu d'entrain, je me dirigeais vers la source qui avait du me faire arrêter toute activité. Prise d'un ennui profond, je ne retins pas le roulement de yeux lorsque je me rendis compte que ce foutu téléphone n'était pas sur son socle. Était-ce donc trop dur de replacer les objets à leurs places, tels qu'ils devaient être ? Merde !

L'appel ne dura que quelques secondes de plus avant de venir se fondre dans le silence de ce piètre appartement ; j'avais de toute évidence raté le destinataire.

Tant pis. Comme disait ma mère, si c'était important, il y' aurait un message vocal.

Toutefois, par curiosité –et parce que j'avais des choses à cacher, je me mis à la recherche de ce fixe à la con. Ma décision me fit néanmoins grogner de mécontentement quand j'aperçus la provenance du numéro.

C'était la troisième fois qu'ils appelaient cette semaine en laissant un message, que je finissais par supprimer, comme à chaque fois. Cependant, plus j'avançais dans cette fin de septembre, et plus mon avis divergeait quant à l'appréhension de ce qu'il allait suivre.

Premièrement, parce que bien que j'avais une certaine facilité à cacher à ma mère ces appels, il ne me sera pas éternellement possible de les supprimer. À vrai dire, son boulot –très chronophage, m'aidait énormément dans ce mensonge. Mais c'est là qu'entrait le deuxième point à prendre en compte : elle n'était pas stupide. Tout comme eux d'ailleurs. Ils ne tarderont sans doute pas à trouver un autre moyen d'entrer en contact avec ma mère.

Et à ce moment-là, je n'aimerais pas être à ma place. Non que ma mère soit tyrannique –elle est adorable– tellement d'ailleurs que ma punition sera sans doute ma culpabilité. Dès lors où elle apprendra que sa fille de seize ans ne s'était pas présentée en cours ne serait-ce qu'une seule fois depuis le début de ceux-ci, je m'en voudrais indéniablement de la déception que je lui causerai.

J'avais déjà l'estomac noué à cette image qui se définissait dans ma tête. Malheureusement, je savais pertinemment que malgré cette envie d'être à la hauteur des attentes de ma matriarche, je ne pourrais pas l'être. Tout simplement puisque pour le devenir, il fallait que je retourne dans le temps, ce qui entre nous, était impossible. Alors à quoi bon ?

Je tentais du mieux que je pouvais de soulager ma conscience en essayant de me convaincre que bientôt, je mettrais les pieds dans ce putain de lycée qui me donnait la nausée. Ainsi, je n'aurais pas à avouer la vérité à ma mère.

Mais pour l'instant je ne voulais pas m'encombrer l'esprit de choses fâchante. Je me reclusais donc de nouveau dans ma chambre et posa mes callipyges sur le petit tabouret en bois noir. En position, je fis craquer mes doigts, geste qui avait l'habitude d'écœurer mes proches. Puis je me remis à lire les partitions de piano que j'essayais tant bien que mal d'apprendre et d'effectuer sans faute depuis deux semaines, en vain. J'avais malheureusement toujours un accord ou deux qui arrivait à briser cette chaîne presque parfaite.

La patience me gagna bien vite et je refermais mon carnet avec violence. À la place, je me laissais pencher en arrière pour observer mon plafond dans un profond soupir. Celui-ci était d'un blanc immaculé et cela me rendit nostalgique lorsque je me remémora mon ancienne chambre.

Cela faisait seulement trois mois qu'on avait emménagé ici, dans ce taudis et plus particulièrement cette ville peu fréquentable. J'avais du mal à m'y faire, d'autant plus que le changement avait été brusque. Passer d'une maison située dans un quartier aisé à un appartement à l'immeuble délabré était un peu rude. Surtout que la réputation de la résidence et de la ville n'était pas mieux.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant